La « petite Chine d’Europe » voit l’avenir en grand

La « petite Chine d’Europe » voit l’avenir en grand

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Publié aujourd’hui à 01h33

Tomislav Donchev, le vice-premier ministre bulgare, en est convaincu. Dans le sillage de la crise due au Covid-19, l’Europe de l’Est pourrait devenir, un peu plus encore, la « petite Chine d’Europe ». « Les nouveaux Etats membres seront encore plus importants pour l’industrie européenne lorsque celle-ci se remettra du choc externe de la pandémie », a-t-il déclaré mi-avril à Euractiv, le site Internet spécialiste de l’actualité européenne. Insistant sur la rapidité avec laquelle les entreprises bulgares sont capables de réorganiser leurs chaînes de production, il se félicite des « opportunités » que la situation représente aussi pour son pays.

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Alors que la pandémie a souligné l’importance de relocaliser les industries stratégiques, l’Europe centrale et de l’Est sera-t-elle la grande gagnante du retour des usines ?

« Il est prématuré pour en parler, car, pour le moment, les gouvernements locaux travaillent surtout à limiter les sérieux dégâts économiques et sociaux liés à la crise », constate Dominik Owczarek, analyste à l’Institut des affaires publiques, un groupe de réflexion indépendant de Varsovie. La région, dépendante des constructeurs automobiles germaniques, est en effet très affectée par la récession de l’Allemagne, son principal partenaire. « Reste qu’à moyen terme ces pays ont tous les atouts pour profiter d’un tel mouvement », estime Grzegorz Sielewicz, économiste chez Coface, dans la capitale polonaise.

Eldorado des constructeurs automobiles

A commencer par leur solide base industrielle. Celle-ci pèse 23 % du produit intérieur brut (PIB) en République tchèque, 20 % en Slovaquie, en Slovénie et en Roumanie, 19 % en Hongrie ou encore 17 % en Pologne, selon la Banque mondiale, contre 10 % en France.

« Dans la Bohême tchèque, la tradition industrielle est implantée depuis le XIXe siècle, et elle a perduré sous le communisme », rappelle l’historien Roman Krakovsky, auteur de Le Populisme en Europe centrale et orientale (Fayard, 2019). Ailleurs, le secteur s’est surtout développé après la chute du bloc soviétique, dans la foulée des privatisations plus ou moins chaotiques, puis de l’arrivée des investisseurs occidentaux.

Résultat : en moins de deux décennies, la région est devenue l’eldorado des constructeurs automobiles. En 2018, 3,3 millions de véhicules ont été construits au sein du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie), contre 1,2 million en 2000. « Ces pays sont très intégrés dans les chaînes de production européennes, et c’est là que les constructeurs automobiles ont localisé leurs usines les plus compétitives », détaille Stéphane Colliac, spécialiste de la région à BNP Paribas.

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