La part des seniors ni en emploi ni à la retraite s’est accrue

La part des seniors ni en emploi ni à la retraite s’est accrue

A Pont-Audemer (Eure), le 7 mars 2023.

Voilà une batterie de chiffres dont vont s’emparer les contradicteurs du gouvernement. D’après une note diffusée jeudi 11 mai par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la proportion de seniors qui ne sont ni en emploi ni à la retraite a un peu augmenté au cours de la décennie écoulée : en 2021, elle a atteint 16 % chez les personnes ayant entre 55 ans et 69 ans, contre 14 % en 2014. Souvent synonyme de précarité pour les femmes et les hommes concernés, le phénomène remet en lumière l’épineuse question du maintien en activité des travailleurs vieillissants, au moment même où l’exécutif impose à la population de rester en poste plus longtemps, l’âge d’ouverture des droits à une pension étant repoussé à 64 ans par la loi promulguée le 14 avril.

L’auteure de l’étude, Eliette Castelain, se montre très prudente sur les origines du problème. Elle constate que depuis 2014, la part des retraités a diminué de huit points, du fait « notamment des différentes réformes » : celle, en particulier, de novembre 2010, qui a décalé de 60 ans à 62 ans l’âge légal de départ, et celle de janvier 2014, qui a allongé la durée de cotisation requise pour être éligible à une pension à taux plein.

Parallèlement, le pourcentage de seniors qui travaillent s’est accru, en grande partie, sous l’effet de ces mêmes réformes, « mais sans compenser totalement » le reflux de la proportion de retraités. Résultat : la part des individus n’ayant ni une pension ni un revenu d’activité a légèrement progressé (de deux points, donc, en sept ans).

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Phénomène très marqué chez les « peu ou pas diplômés »

Parmi les personnes de 55 ans à 61 ans qui se retrouvent dans une telle situation, 19 % sont chômeuses (c’est-à-dire « en recherche active » d’un emploi) et 45 % sont inactives, « pour raisons de santé ou de handicap » : en d’autres termes, il s’agit, le plus souvent, d’un sort qui est subi, comme le relève l’Insee. Les « sans salaire ni pension » (ayant entre 55 ans et 61 ans) sont, à 59 %, des femmes. Le phénomène est très marqué chez ceux qui sont « peu ou pas diplômés », ajoute Eliette Castelain.

La note ne livre pas d’informations sur les ressources de cette catégorie mais elles sont très souvent issues d’allocations-chômage, de minima sociaux et de pensions d’invalidité, comme l’avait expliqué une enquête publiée en 2018 par la direction des études et des statistiques des ministères sociaux.

Enfin, la part des femmes et des hommes ni en activité ni à la retraite est très variable suivant l’âge : en 2021, elle s’élevait à 20 % chez ceux qui avaient 55 ans et à 28 % pour ceux qui avaient 61 ans. Ensuite, chez les générations plus anciennes, ce ratio chutait (17 % pour ceux qui avaient 62 ans, 3 % pour ceux qui en avaient 69).

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LJD

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