La Moselle partagée entre les vices et vertus de l’emploi frontalier

La Moselle partagée entre les vices et vertus de l’emploi frontalier

De nouveaux lotissements destinés presque exclusivement aux travailleurs frontaliers, à Tressange (Moselle), en février 2020.

Les mines ont fermé depuis longtemps, les hauts-fourneaux aussi. Dans les Ardennes, la crise industrielle a affecté la démographie : le département a perdu 20 000 habitants en vingt ans. La Moselle, un peu plus à l’est, en a gagné autant. Après le charbon et l’acier, on y a trouvé un nouveau minerai miraculeux : l’emploi frontalier.

Chaque jour, 112 000 Français franchissent la frontière pour aller travailler dans le grand-duché de Luxembourg. Ils n’étaient que 77 000 il y a dix ans. Le dynamisme économique luxembourgeois profite aussi aux Belges et aux Allemands. Toutes nationalités confondues, en vingt-cinq ans, le nombre de travailleurs domiciliés à l’étranger est passé de 58 000 à 211 000 au Luxembourg.

Ce qui pousse les Français à franchir la frontière ? Des postes hautement qualifiés dans les banques, les cabinets d’audit ou les institutions européennes. Mais surtout des niveaux de salaire beaucoup plus élevés qu’en France. « Le jour où j’ai signé mon contrat au Luxembourg, j’ai eu le sentiment de décrocher le jackpot, témoigne Céline Meducin, 49 ans, infirmière à la Croix-Rouge luxembourgeoise. J’étais préparatrice en pharmacie en France et je gagnais autour de 2 000 euros par mois. J’ai effectué une reconversion professionnelle pour devenir infirmière. En France, on m’a offert un poste à l’hôpital public pour 1 500 euros par mois, avec un CDD pour commencer. Au Luxembourg, on m’a proposé un CDI à 4 000 euros net, auxquels il faut ajouter des allocations familiales très avantageuses et une voiture de fonction. »

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Jérôme Nimeskern, lui, affirme avoir multiplié son salaire par 2,5 en changeant de pays. En France, ce conducteur d’autocars de 36 ans travaillait pourtant au sein de l’entreprise familiale. « On ne pouvait pas s’aligner sur les salaires luxembourgeois, dit-il. Alors j’ai fait comme les autres, je suis parti. Je ne l’ai jamais regretté. »

Ces gros salaires irriguent l’économie française. Sur les parkings des centres commerciaux de Metz ou de Thionville, on ne compte plus les voitures de fonction des frontaliers, souvent des SUV allemands portant une plaque jaune.

« Sans le Luxembourg, la Moselle serait complètement paupérisée, constate François Grosdidier, président (Les Républicains) de l’Eurométropole de Metz et maire de la ville. Le Luxembourg est le pays le moins fiscalisé d’Europe alors que nous sommes le pays le plus fiscalisé du monde. Cela crée un appel d’air. On peut le déplorer en tant que Français, mais pour notre département, c’est une chance incroyable. »

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LJD

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