La moitié des enseignants sont susceptibles de développer des troubles de la voix

La moitié des enseignants sont susceptibles de développer des troubles de la voix

Douleurs au niveau du larynx, fatigue, modification de la voix ou « voile » sur celle-ci, aphonie temporaire, etc. : nombre de professeurs sont touchés.

Par Publié hier à 16h25, mis à jour à 09h58

Temps de Lecture 6 min.

Article réservé aux abonnés

A chaque rentrée scolaire, Manon, enseignante de lettres modernes à Mérignac (Gironde), sait que les premiers jours de classe « vont être compliqués ». La raison, elle l’a découverte il y a quatre ans lors de son tout premier stage en tant qu’enseignante : « J’avais 23 ans, je voulais montrer aux élèves que j’étais là, que j’avais de l’autorité, j’ai forcé… En trois jours, je n’avais plus de voix », raconte-t-elle.

Si les épisodes de fatigue vocale reviennent parfois, elle a aujourd’hui compris comment préserver son « principal outil de travail » et essaie de sensibiliser au sujet ses jeunes collègues qui débutent. Une démarche salutaire tant les troubles de la voix chez les enseignants sont sous-estimés ou régulièrement mis sur le compte d’un banal « coup de froid ».

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Au commencement était le Verbe » : retour sur l’épopée de la voix humaine

En 2018, une enquête du syndicat SE-UNSA réalisée auprès de 7 500 personnels faisait état de 46 % d’enseignants ayant régulièrement des problèmes de voix. La dernière étude nationale représentative sur le sujet, réalisée par la fondation MGEN en partenariat avec l’éducation nationale, évoquait, elle, 13 % d’enseignants présentant un « handicap vocal modéré », 16 % ayant été dans l’impossibilité de faire cours à cause d’un problème de voix depuis le début de l’année scolaire et 23 % ayant déjà consulté un spécialiste pour cette raison. La moitié des enseignants seraient susceptibles de développer des troubles durant leur carrière.

Charge vocale

Douleurs au niveau du larynx, fatigue, modification de la voix ou « voile » sur celle-ci, jusqu’à l’apparition d’aphonie temporaire (extinction de voix) voire de nodules dans les cas les plus graves, font donc l’objet de consultations fréquentes d’enseignants chez les orthophonistes ou phoniatres. Les professeurs étant souvent comparés par ces spécialistes aux chanteurs ou comédiens, avec lesquels ils partagent une utilisation professionnelle de leur organe.

« Avec ma voix, mes voix, je fais passer la bienveillance, l’autorité, la sincérité, je “joue” la colère, l’humour, la surprise… décrit Manon. Je peux m’adresser doucement, presque à voix basse, à un élève en difficulté, et la seconde d’après reprendre d’une voix ferme et forte un camarade qui s’agite au loin, avant de revenir dans la douceur avec le premier élève. »

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.