La fiche de renseignement peine à convaincre sur Parcoursup
Prénom, nom, adresse et âge des candidats ne figure plus. Mais la mention du lycée des candidats est conservée, renonçant perdurer les craintes de discriminations.
Le ministère de l’enseignement supérieur l’assume : il s’agit d’une mesure destinée avant tout à apaiser l’inquiétude. En 2019, le prénom, le nom, l’adresse et l’âge des candidats à l’enseignement supérieur n’apparaîtront plus sur Parcoursup quand les responsables des formations examineront leurs dossiers. Des lycéens, particulièrement de banlieue parisienne, ont révoqué en 2018 les discriminations dont ils s’estimaient victimes sur la nouvelle plate-forme d’admission dans le supérieur.
Pour les lycéens qui nécessitent boucler jeudi 14 mars la liste de leurs vœux d’orientation, cette mesure est en effet loin de bouleverser le processus de recrutement des formations. « C’est une mesure symbolique, qui n’aura pas beaucoup d’effet, estime ainsi Frédéric Dardel, président de l’université Paris-Descartes. On ne prenait déjà pas en compte ces quatre données personnelles dans l’examen des candidatures. »
Le constat est amplement partagé dans les autres filières d’enseignement supérieur, excepté dans les formations qui ont besoin de certains de ces éléments pour considérer les dossiers. Le ministère prévoit, pour elles, trois « exceptions » : les lycées avec internat, qui doivent regarder la distance entre le domicile et la formation ; les formations en apprentissage, qui accompagnent de futurs étudiants pour trouver leur employeur ; et enfin celles qui mobilisent sur concours ou entretien, et ont besoin d’envoyer des convocations nominatives, soit 15 % des formations.
Seconde limite à cette anonymisation, les appréciations des enseignants sur les bulletins de notes et les pièces justificatives extrascolaires poursuivront à faire apparaître parfois ces données personnelles, techniquement très compliquées à effacer.
« Inégalités entre les lycées »
Il n’empêche, la mesure a été récemment accueillie dans les classes préparatoires aux grandes écoles, dont les délégués se sont fendus d’une tribune dans la presse pour marquer leur opposition.
« Cette anonymisation laisse penser que les noms et prénoms ont pu un jour être pris en compte pour distinguer, analyse Jean Bastianelli, à la tête de l’Association des proviseurs de lycées à classes préparatoires aux grandes écoles. C’est pénible qu’on puisse imaginer cela des recruteurs de l’enseignement supérieur. »
Entre les enseignants du secondaire, la mesure peine aussi à persuader. « Ce geste va dans le bon sens, mais chez certains lycéens, la défiance est telle que ce ne sera sans doute pas suffisant », jauge Florent Ternisien d’Ouville, professeur d’histoire à Bondy (Seine-Saint-Denis) et membre du SGEN-CFDT. Pour lui, on passe une fois encore à côté des vraies questions, notamment celle « des différences entre les lycées ».