la création d’un nouvel équilibre social, économique et démocratique
Les entreprises et leurs responsables ont dorénavant l’obligation de s’emparer de la dimension politique de leur fonction dans la société, déclare Xavier Alberti, directeur d’une société d’hôtellerie.
Bien que nos modèles politiques et sociaux, acquis de l’après-guerre, n’ont pratiquement pas évolué depuis plus de cinquante ans, il y a un acteur de notre société qui, sur la même période, a dominé des crises primordiales, a connu des révolutions, a accepté les contraintes qu’on lui imposait, un acteur qui continue inlassablement de réfléchir, de proposer, d’expérimenter et qui pourrait constituer une clé politique dans la constitution du nouveau modèle de société qu’il nous faut inventer. Cet acteur, c’est l’entreprise.
Nous l’avons peut-être négligé, mais le rôle de l’entreprise a d’ores et déjà été majeur dans l’arrivée de nos sociétés contemporaines, démocratiques et pacifiées par le passage de l’économie du butin à celle du commerce libre et réglementé. L’entreprise a même été un élément-clé de la création des utopies, par l’exploration, par l’innovation et par la création de ce qui nous semblait impossible.
Mais voilà, l’économie moderne, et surtout sa financiarisation, ont reconstitué les conditions d’un marché prédateur, où il semble bien que la surexploitation des forces productrices, qu’elles soient humaines ou naturelles, aient produit un mécanisme autodestructeur. Pourtant, il y a derrière cette réalité une autre économie et une autre conception de l’entreprise qui travaillent, au contraire, à l’émergence d’un nouvel équilibre économique, social, et démocratique.
L’armée de l’ombre des patrons familiaux
En effet, derrière les portraits intrus des très grandes entreprises qui ont embrassé une vision exclusivement financière de leur progression, derrière l’image souvent sensationnelle de leurs patrons à jets, qui retiennent à grands coups de rendements boursiers, derrière les mastodontes internationaux, les fonds de pension géants et les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) magiciens de l’amélioration fiscale, se cache l’armée de l’ombre des entrepreneurs, des patrons familiaux de petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermédiaire (ETI) qui ont compris que quelque chose avait changé au cœur même du fonctionnement de leur entreprise.
Tous savent que nous sommes au terme de cette évolution où le but unique de l’entreprise était de tendre vers son plus haut niveau de rentabilité. Le changement est d’ores et déjà attirée, et le développement de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises en est une première manifestation, qui en appelle une plus globale : la responsabilité politique.