La coopérative sucrière Tereos, affectée par la flambée de l’énergie et des matières premières, se déleste de trois usines en France

La coopérative sucrière Tereos, affectée par la flambée de l’énergie et des matières premières, se déleste de trois usines en France

A la raffinerie de la coopérative sucrière française Tereos, à Lillers (Pas-de-Calais), le 18 novembre 2011.

Nouvelle restructuration dans la filière sucrière française. La coopérative Tereos, connue pour ses marques La Perruche et Béghin Say, a annoncé, mercredi 8 mars, sa décision de se délester de trois usines. Deux seront fermées, en l’occurrence la sucrerie d’Escaudœuvres, dans le Nord, et la distillerie de Morains, à Val-des-Marais, dans la Marne, avec respectivement 123 et 26 postes supprimés. La troisième, le site de transformation de pommes de terre en fécule d’Haussimont, également dans la Marne, cherche un acquéreur.

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Cette décision stratégique intervient alors que Tereos, forte d’un chiffre d’affaires 2021-2022 (clos fin mars) de 5,1 milliards d’euros, tente de redresser ses comptes. Une opération délicate. Sa dette nette a encore augmenté de 22 %, sur les neuf premiers mois de son exercice fiscal 2022-2023, à 2,9 milliards d’euros. Le groupe, dont les revenus sont en forte progression, a prévenu que sur l’ensemble de l’exercice la dette sera supérieure à celle de l’année précédente. En cause : la forte hausse du coût des matières premières et de l’énergie, qui a conduit à une augmentation du besoin en fonds de roulement.

Crise de gouvernance

Or, c’est justement ce lourd endettement qui avait suscité une crise de gouvernance inédite à la tête du géant sucrier, qui fédère 12 000 agriculteurs en France. A l’issue d’une longue épreuve de force, des coopérateurs menés par Gérard Clay avaient contraint au départ, en décembre 2020, les dirigeants historiques, critiqués pour leur politique de développement jugée risquée.

Depuis, M. Clay assume la fonction de président du conseil de surveillance de Tereos, mais deux directeurs généraux se sont succédé. Le troisième, Jorge Boucas, nommé après les deux évictions, qui dirigeait la coopérative laitière Sodiaal, prendra ses fonctions en avril. Sa feuille de route a été tracée. « Il lui reviendra d’achever le redressement du groupe coopératif, de déployer dans les meilleurs délais le plan de décarbonation face aux enjeux énergétiques qui touchent notre industrie et de proposer au conseil d’administration de nouvelles orientations de croissance », a précisé Tereos.

L’objectif fixé par la nouvelle direction était de faire passer la dette sous la barre des 2 milliards d’euros d’ici à 2024. Tereos a déjà vendu son activité amidonnière en Chine, puis s’est séparé de sa filiale au Mozambique et d’une sucrerie en Roumanie. Le couperet tombe, maintenant, sur la France.

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L’enjeu est de saturer au maximum les usines pour accroître la rentabilité d’outils très consommateurs de ressources financières. D’autant que cette industrie lourde doit se décarboner. Or, la sucrerie d’Escaudœuvres nécessitait peut-être plus que d’autres des investissements. En avril 2020, la rupture d’une digue de cette usine, qui retenait les eaux de lavage de betteraves, avait entraîné une pollution de l’Escaut. Tereos a été condamné, en janvier, à verser 9 millions d’euros de dommages et intérêts.

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