La coopérative ferroviaire Railcoop au bord du gouffre

La coopérative ferroviaire Railcoop au bord du gouffre

Le rêve d’une compagnie de trains partagée et participative est en train de tourner au cauchemar. Réunis en assemblée générale le 7 octobre à Figeac (Lot), les sociétaires de la coopérative ferroviaire Railcoop – un cas unique au monde – ont voté à 88,5 % en faveur du maintien de l’activité et à 85,5 % en faveur de la poursuite des négociations avec le fonds d’investissement espagnol Serena Partners, qui pourrait sauver la situation financière de l’entreprise. Car, depuis sa création en 2019, cette société coopérative d’intérêt collectif, qui veut relancer des lignes de trains voyageurs et de fret, cumule les difficultés et les échecs.

Au début de l’été, une campagne de levée de fonds n’avait pas atteint ses objectifs et la direction avait contacté Serena Partners pour tenter d’éponger des dettes qui s’élèveraient à un million d’euros, et augmenter le capital en créant une société annexe. Après l’arrêt, début 2023, d’une ligne de transport de marchandises entre Figeac (Lot) et Saint-Jory (Haute-Garonne), la mise en service de la ligne Lyon-Bordeaux, pour les voyageurs, est pour sa part à nouveau reportée.

« Ce très large soutien exprimé par nos sociétaires, 6 000 votants, avec une participation de 42 %, est un encouragement précieux pour la gouvernance de Railcoop », a réagi la direction. « Si nous arrivons à définir des solutions crédibles, nous proposerons au tribunal de commerce un “plan de continuation”, pour ouvrir une procédure de redressement judiciaire », précise-t-elle cependant. Avec un budget d’environ 8,5 millions d’euros, Railcoop était très loin des objectifs financiers affichés en 2020, de l’ordre de 50 millions d’euros.

Budget insuffisant et choix contestés

Dans un contexte européen d’ouverture à la concurrence du rail, la société voulait rouvrir de vieilles lignes non exploitées et impliquer utilisateurs et voyageurs dans un modèle coopératif original, en y intégrant des collectivités locales et départementales. Avec près de 16 000 sociétaires, Railcoop s’est toutefois heurté rapidement à un budget insuffisant et à la difficulté de travailler avec SNCF Réseau, ainsi qu’à des choix jugés contestables de sa direction.

« Malgré l’obtention de créneaux de circulation, SNCF Réseau nous imposait de lourdes contraintes techniques et réclamait surtout une redevance sur les lignes qui nous condamnait », affirme un sociétaire, qui souhaite garder l’anonymat. Des tensions sont également apparues au sein de l’entreprise, après les démarches menées auprès de Serena Partners, « bien loin de l’esprit coopératif », selon le sociétaire.

Il vous reste 23.35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.