La CGT fragilisée par la bataille pour la succession de Philippe Martinez

La CGT fragilisée par la bataille pour la succession de Philippe Martinez

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, au siège du syndicat à Montreuil (Seine-Saint-Denis), le 21 mars 2023.

Il y aura un absent de taille sur la photo. Alors qu’une dixième journée nationale d’action contre la réforme des retraites est prévue, mardi 28 mars, Philippe Martinez ne défilera pas aux côtés de ses homologues, à Paris. Le secrétaire général de la CGT est retenu à Clermont-Ferrand par le 53congrès de son organisation, dont le coup d’envoi devait être donné lundi. Une page se tourne pour le métallo, qui a décidé de quitter le poste de commandement après l’avoir occupé durant huit ans. Il s’agit également d’une période à haut risque pour le deuxième syndicat de France, en butte à des querelles intestines, qui se cristallisent sur la désignation de la personnalité appelée à devenir numéro un. M. Martinez devrait – sauf rebondissement – être remplacé par une femme, mais l’incertitude prévaut quant au nom de sa successeure.

Jusqu’au vendredi 31 mars, mille délégués sont réunis dans le chef-lieu du Puy-de-Dôme, afin de définir la ligne de la CGT pour les trois prochaines années et d’élire l’équipe de direction qui la défendra. Un moment crucial dans la vie de la confédération, confrontée à une érosion de son influence. Elle revendiquait près de 606 000 adhérents en 2020, soit 33 000 cartes de moins en deux années. Aux élections professionnelles, elle a reculé, perdant sa première place fin 2018, au profit de la CFDT. Une rétrogradation synonyme de choc pour la « maison CGT », habituée depuis des décennies à se situer à la proue du syndicalisme tricolore.

C’est donc un syndicat affaibli qui tient son conclave, à Clermont-Ferrand – même s’il a retrouvé quelques couleurs, au cours des derniers mois, en ferraillant contre la retraite à 64 ans. Non seulement la CGT est sur le reculoir, mais sa fragilité est accentuée par une bataille de succession.

Lire aussi : Lors des manifestations du 23 mars, une mobilisation parmi les plus importantes depuis 1995

A l’origine de ces tourments, il y a la décision prise au printemps 2022 par M. Martinez de placer sur orbite Marie Buisson pour qu’elle accède à la fonction de secrétaire générale quand il passera la main. Entériné par les instances exécutives de la confédération, ce choix s’inscrit dans le prolongement d’orientations suivies depuis plusieurs années. La CGT a voulu s’ouvrir à de nouvelles thématiques, liées, en particulier, à la transition écologique, en créant le collectif Plus jamais ça avec des défenseurs de l’environnement (Greenpeace, Les Amis de la Terre…). Une opération dans laquelle Mme Buisson a joué un rôle-clé.

« Fait du prince »

Mais le fait que cette enseignante de 54 ans ait été adoubée passe mal dans une partie de l’organisation. Pour des raisons de forme, tout d’abord : beaucoup y voient le fait du prince, un geste d’autoritarisme, alors qu’il aurait fallu davantage de collégialité. Le pedigree de la dauphine suscite aussi des réticences. Jouissant, jusqu’à une date très récente, d’une faible notoriété, y compris auprès de ses camarades, Mme Buisson a, qui plus est, le handicap de diriger une petite structure – la Fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture – que d’autres composantes de la confédération, beaucoup plus puissantes et implantées dans les bastions de la CGT, regardent de haut.

Il vous reste 59.31% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.