La bonne dynamique du travail à la demande dans le monde, symbolique de la flexibilisation de l’emploi
La demande de « travail à la demande » en ligne a augmenté de 41 % entre 2016 et le premier trimestre de 2023 : c’est l’un des principaux résultats du rapport « Travailler sans frontières. Promesses et périls du travail à la demande en ligne », publié par la Banque mondiale jeudi 7 septembre.
« Nous pensons que la meilleure manière de sortir les personnes de la pauvreté est qu’ils obtiennent un emploi. Or, le monde de l’emploi a beaucoup changé ces dernières années, des formes de travail n’existaient pas il y a dix ans. Les données traditionnelles ne nous disaient rien sur combien de gens travaillent ainsi », explique Namita Datta, autrice principale du rapport, qui a l’ambition d’actualiser la connaissance sur la flexibilisation du travail.
Pour ce faire, l’institution a réuni dix formes d’enquêtes, mêlant données publiques, questionnaire dans dix-sept pays au revenu faible ou intermédiaire, un sondage auprès de vingt mille entreprises ou encore des entretiens avec des travailleurs et certaines des 545 plates-formes recensées dans le monde.
Bien au-delà de l’ubérisation
La définition du « travail à la demande » va bien au-delà de l’ubérisation : elle concerne tous les « petits boulots » exercés à la tâche et en ligne. Par le biais d’une plate-forme en ligne, un travailleur à la tâche est mis en relation avec un employeur qu’il ne rencontre pas non plus physiquement. Cela concerne aussi bien les emplois ubérisés (livreur, chauffeur) que ceux qui peuvent être occupés entièrement en ligne, à des niveaux de qualification divers.
Faute de données précises sur l’ensemble du globe, et parce que le travail à la demande passe la plupart du temps sous les radars, les chercheurs estiment qu’il concerne une fourchette large : entre 4,4 % et 12,5 % de la main-d’œuvre mondiale, soit entre 154 et 435 millions de personnes : « Quatre cents millions, cela paraît impressionnant, mais c’est parce que ce rapport est le premier à ne pas sous-estimer le travail à la pièce, réagit Antonio Casilli, professeur à l’Institut polytechnique de Paris et codirigeant de l’équipe de recherche DiPLab (Digital Platform Labor). C’est un indicateur inquiétant du fait que les marchés du travail sont dominés par la précarité. »
Si les plates-formes d’emplois en ligne et à la tâche se sont installées dans le paysage français et européen, elles sont devenues dominantes dans les pays en voie de développement, met en avant le travail de recherche, notamment du fait de la généralisation d’Internet, tout particulièrement depuis la pandémie. L’Afrique subsaharienne est la région du monde où cette croissance est la plus forte, avec une hausse de 130 % des offres d’emploi en cinq ans. A elle seule, l’Asie de l’Est compte 179 millions de travailleurs, ce qui en fait la région la plus représentée.
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