« Jusqu’à maintenant on avait des jeunes, mais là, je ne sais pas où ils sont » : les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon manquent de bras

« Jusqu’à maintenant on avait des jeunes, mais là, je ne sais pas où ils sont » : les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon manquent de bras

Sur le marché du port de Larros, à Gujan-Mestras (Gironde), en juillet 2009.

Cette année, Laurent Bidart a innové. Pour tenter de trouver des travailleurs saisonniers à l’approche d’une période dense pour la filière, cet ostréiculteur installé depuis trois générations sur le port de Meyran, à Gujan-Mestras, a produit un petit spot publicitaire vantant les mérites de son entreprise. Une vidéo diffusée sur les différents réseaux sociaux de la société. Las. Malgré « quelques touches » à la suite du partage de sa vidéo, aucune candidature solide ne lui permet pour l’instant de former une équipe. Sur une dizaine de jours – du 17 au 23 décembre, puis du 26 au 28 décembre – l’ostréiculteur aura besoin, comme chaque année, de « vingt, vingt-cinq voire trente » travailleurs pour renforcer son équipe.

Pourtant, les commandes destinées à la grande distribution sont bouclées. Entre 100 à 150 tonnes d’huîtres devront être bientôt prêtes. Alors, pour assurer ses arrières, Laurent Bidart a mis à l’arrêt l’exploitation ostréicole qu’il possède aussi dans la baie de Paimpol, en Bretagne, et a demandé à « cinq ou six employés de là-bas de venir nous donner un coup de main pendant la grosse semaine des fêtes ». Devant son entrepôt du bassin d’Arcachon où s’activent ses employés, il s’interroge sur cette pénurie de main-d’œuvre. « Jusqu’à maintenant, ça ne posait pas de problème, on avait des jeunes, mais là, je ne sais pas où ils sont », déplore-t-il.

« Plus d’offres », plus de choix

Pour mettre toutes les chances de son côté, Laurent Bidart a fait appel au Groupement d’employeurs des métiers de la mer (GE2M) à Gujan-Mestras. Mais sa directrice, Hélène Bieniaszewski, ne cache pas les difficultés qu’elle rencontre. « J’ai l’impression qu’il y a plus d’offres, donc les candidats ont finalement le choix. Je reçois des profils très motivés, mais si lors de l’entretien je n’ai pas le contrat à leur faire signer, deux ou trois jours après, le temps que je trouve la bonne cabane où les placer, ils ne sont plus dispos. »

Aucune qualification particulière n’est pas pourtant nécessaire pour ces emplois saisonniers explique Mme Bieniaszewski, sinon une bonne forme physique pour des tâches de « manutention, tri, emballage, calibrage ».

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Le profil des candidats a également changé, analyse la directrice du GE2M. « Par le passé, il y avait un vivier de travailleurs dans l’ostréiculture, j’ai l’impression qu’il est désormais très réduit. Les personnes que je reçois aujourd’hui n’ont jamais touché une huître ou connaissent très peu ce milieu. » En cause, notamment, les salaires et le coût du logement. « Sur la rémunération, je n’ai pas beaucoup de marge de manœuvre. On était légèrement au-dessus du smic, jusqu’à la revalorisation de celui-ci en octobre dernier. Il est prévu qu’au premier trimestre 2022 les salaires soient revalorisés par accord de branche, j’espère qu’on va revenir à la situation historique », ambitionne Hélène Bieniaszewski. Quant au logement, Thierry Lafon, président du comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine, souligne une « inadéquation entre le besoin et l’offre. C’est un facteur aggravant ». Année après année, raconte-t-il, il est de plus en plus difficile de recruter des travailleurs saisonniers sur le bassin d’Arcachon mais, là, « on a encore gravi une marche ».

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LJD

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