J’irai télétravailler chez vous : ces particuliers qui sous-louent leur appartement à des entreprises
Difficile de se tromper en entrant dans l’immeuble d’Alain Brault. Des flèches sont omniprésentes, pointant vers son loft situé au fond de la cour, et révélant une activité bien rodée. Ce Franco-Canadien de 56 ans confirme : son souplex de 115 mètres carrés, situé dans le 11e arrondissement de Paris, est loué une dizaine de jours par mois. Ses clients de passage : des entreprises, qui y organisent des réunions ou des sessions de travail à la journée.
Nous descendons un escalier et arrivons au niveau inférieur, qui donne sur une cour avec des grandes fenêtres. Le calme et la luminosité : une condition sine qua non pour l’activité d’hôte d’Alain. Au centre de la pièce, un dispositif qui rappelle les codes du bureau : trois tables blanches Ikea en enfilade, avec des chaises autour. Sur le côté, un paperboard et des marqueurs. Un rétroprojecteur est mis à disposition des salariés. Tout autour, on retrouve une ambiance salon avec des canapés, des fauteuils design, une bibliothèque remplie de livres d’art. Au fond, une cuisine américaine où Alain a préparé des Thermos d’eau chaude pour le thé.
Son logement peut accueillir jusqu’à vingt personnes. En supplément, il fournit aussi le petit déjeuner et le repas du midi. « J’essaie à chaque fois de leur faire découvrir des produits originaux des commerçants du quartier, comme les roulés au sésame à la farine de charbon végétal », explique Alain Brault. Chez lui, tout est fait pour se sentir comme à la maison, ou presque. « On nous demande d’enlever les éléments trop personnels, comme les photos de famille, raconte-t-il. Il ne faut pas qu’ils se sentent trop chez quelqu’un d’autre. » Pendant que ses locataires travaillent, Alain se réfugie à l’étage du dessus, où se trouve sa chambre, ou en profite pour aller à la salle de sport. « J’organise aussi, le soir, des événements de team building, comme des ateliers culinaires ou des karaokés, mais pas très souvent. Mon conjoint, qui est médecin à l’hôpital, apprécie de pouvoir passer des soirées tranquilles. Il faut faire attention à ce qu’ils ne débordent pas sur notre vie privée. »
« Le terme de bureau est banni »
« Ils », ce sont les salariés. Ou, comme on les appelle chez OfficeRiders, la plate-forme de référence en la matière, les « riders ». Pour s’inscrire sur le site, pas besoin d’être un professionnel de la location : il suffit d’être propriétaire de son appartement, comme sur Airbnb. Si OfficeRiders permet aussi de louer son logement pour des événements ou des tournages, 45 % de ses réservations concernent l’activité de bureau.
Il vous reste 84.56% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.