« Je me vois mal être à ce poste à 62 ans » : témoignages sur la pénibilité au travail

« Je me vois mal être à ce poste à 62 ans » : témoignages sur la pénibilité au travail

Jessica est cheminote, Domingos Esteves aide-soignant hospitalier : ces travailleurs bénéficient d’un dispositif de départ anticipé à la retraite lié à la pénibilité de leurs métiers. Ils s’inquiètent de la réforme des retraites à venir.

Par et Publié hier à 11h59, mis à jour à 09h13

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Domingos Esteves pourrait parler durant des heures de son activité d’aide-soignant. « Quand vous faites un métier à l’hôpital, vous aimez aider les autres », confie cet homme volubile, employé à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Les gratifications, il les a trouvées dans la « complicité avec les patients », le travail d’équipe. « Mais je me vois mal être à ce poste à 62 ans », enchaîne-t-il, en évoquant implicitement la réforme des retraites, qui va graduellement fermer les dispositifs de départ anticipé pour certains fonctionnaires – parmi lesquels les aides-soignants.

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A 36 ans, Domingos Esteves sent que son corps grince déjà. Quand il était en neurologie, il y a un peu plus d’une décennie, il devait soulever des malades et les aider à se déplacer pour leur toilette : « Je me suis abîmé le dos. On a beau vouloir exécuter les bons gestes pour éviter de se faire mal, un problème peut se produire à tout moment. » Le fait de se retrouver régulièrement dans des unités en sous-effectif n’aide pas, évidemment : il faut aller vite.

« J’ai ressenti une douleur intense au niveau des vertèbres cervicales »

La première grosse alerte, il l’a vécue en aidant à se déplacer une personne qui continuait de tenir d’une main la barre de son lit : « J’ai entendu un gros crac. » Bilan : un peu plus de deux semaines d’arrêt. Rebelote plusieurs années après, au service pharmacie. En levant un carton « assez lourd », Domingos Esteves s’est à nouveau blessé : « J’ai ressenti une douleur intense au niveau des vertèbres cervicales. » Cette fois-ci, il a dû cesser de travailler pendant « 38 jours consécutifs » et a porté une minerve « trois à quatre mois ».

Même si ce militant CFTC consacre désormais la majorité de son emploi du temps à l’exercice de mandats syndicaux, moins éprouvants physiquement, les atteintes à sa santé semblent durables. Il doit éviter de porter des charges supérieures à 5 kg et « [fait] très attention » quand il prend ses enfants dans les bras. Sur le papier, l’idée d’élargir le compte professionnel de prévention aux fonctionnaires qui seront privés, à terme, de retraite précoce lui paraît bonne, « mais tous les aides-soignants n’entreront pas dans les critères » pour pouvoir en bénéficier, regrette-t-il.

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LJD

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