Getir, leader de la livraison ultrarapide en France, prépare un plan social drastique

Getir, leader de la livraison ultrarapide en France, prépare un plan social drastique

Un magasin-entrepôt de Getir, à Lille, le 19 août 2022

« A-t-on affaire à une entreprise étrangère qui est venue en France exploiter des gens et qui les jette grâce aux dispositifs légaux, ou bien à une entreprise qui veut vraiment créer de l’activité ? » Cette question, Johann Tchissambou, le secrétaire du comité social et économique (CSE) de Getir en France, se la pose tous les jours. Et notamment depuis le 17 mai, après que la société de livraison express de courses à domicile (qui a avalé ses concurrents Gorillas et Frichti en décembre 2022) a présenté un plan de restructuration conduisant à la suppression de la moitié des effectifs du groupe en France.

L’annonce a laissé les 1 824 salariés que totalisent Getir, Gorillas et Frichti dans l’Hexagone, « bouleversés », « psychologiquement fragilisés ». Certains avaient contracté récemment « des emprunts immobiliers et de gros crédits pour leur voiture », selon ce délégué syndical CFDT. Jeudi 1er juin, M. Tchissambou aura un début de réponse lors de la première réunion de négociation concernant les modalités du plan de sauvegarde de l’emploi entre les organisations syndicales et la direction de ce groupe turc fondé en 2015 et arrivé en France en juin 2021.

La situation est emblématique de ce secteur d’activité appelé « quick commerce », où les acteurs disparaissent avec la même rapidité avec laquelle ils étaient arrivés il y a deux ans pour faire un hold-up sur le marché de la distribution alimentaire française. Leur promesse de livrer des courses alimentaires à partir d’entrepôts appelés « dark stores » en quelques minutes, sept jours sur sept, avait séduit une population de jeunes actifs habitués à acheter sur leur smartphone et dérouté les enseignes conventionnelles.

Les recettes ne couvrent pas les coûts

Sur la dizaine d’acteurs ambitionnant de conquérir les grands centres urbains, il ne reste aujourd’hui en France que deux groupes sur un créneau des courses express qui représente, fin 2022, selon le cabinet d’études Circana, 2,3 % des ventes du circuit de proximité : l’allemand Flink et le turc Getir (qui contrôle Gorillas et Frichti). En proie à des difficultés économiques et à un financement insuffisant, le premier a annoncé, le 24 mai, aux délégués du personnel qu’il allait procéder à une restructuration en réduisant ses effectifs. Et le second a obtenu du tribunal de commerce de Paris, le 2 mai, l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire à l’égard de ses trois sociétés, assortie d’une période d’observation de trois mois, après avoir déposé une déclaration de cessation de paiements le 18 avril.

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LJD

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