Ferroviaire : l’angoisse monte chez le fabricant de roues de train Valdunes, en quête d’un repreneur

Ferroviaire : l’angoisse monte chez le fabricant de roues de train Valdunes, en quête d’un repreneur

Piquet de grève des salariés de Valdunes, société spécialisée dans les roues et les essieux pour le ferroviaire, à Trith-Saint-Léger (Nord), le 9 mai 2023.

Ils sont passés de la consternation à une colère froide. Pourtant, à mesure que les carnets de commandes se réduisaient comme peau de chagrin, l’inquiétude sourdait depuis des mois sur les deux sites nordistes de l’entreprise Valdunes : la forge de Leffrinckoucke (95 salariés), près de Dunkerque (Nord), comme à Trith-Saint-Léger (245 salariés), dans le Valenciennois.

A l’automne 2022, déjà, Philippe Lihouck, délégué CGT à Leffrinckoucke, confiait ses doutes sur l’avenir. Manque d’investissements depuis la reprise de Valdunes par le chinois MA Steel en 2014, désengagement de la SNCF – « qui est passée de 45 000 roues de train commandées par an à 3 500, alors qu’on doit en produire 60 000 pour être à l’équilibre » –, outil industriel vieillissant et dépenses jugées « inconsidérées » par le syndicaliste et ses troupes : tous les signaux étaient au rouge.

Le couperet est tombé, vendredi 5 mai. MA Steel, coté aux Bourses de Hongkong et de Shanghaï, et fort d’un chiffre d’affaires de 14 milliards de dollars (12,8 milliards d’euros), ne dépensera plus un centime pour Valdunes. Immédiatement, les métallurgistes ont cessé le travail. Pneus et palettes se sont enflammés devant les deux usines nordistes. Toutes étiquettes politiques confondues, les élus sont montés au créneau et ont interpellé Bercy et l’Elysée. Objectif : sauver Valdunes, la seule entreprise tricolore à fournir roues, essieux et axes à l’industrie ferroviaire.

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A vrai dire, Valdunes n’est plus vraiment français, mais il emploie toujours 380 métallurgistes dans l’Hexagone. « Au moment où le gouvernement nous parle de réindustrialisation, et alors que l’on martèle qu’il faut développer le ferroviaire pour des raisons écologiques, il serait invraisemblable que l’on ferme », fulmine Maxime Savaux, secrétaire du comité social et économique de Valdunes.

« Coup de massue »

Jeudi 11 mai, les syndicats ont été reçus par le ministre délégué chargé de l’industrie, Roland Lescure. La veille, la direction et l’actionnaire avaient été convoqués à Bercy. A cette occasion, MA Steel a confirmé sa décision définitive. A Leffrinckoucke et à Dunkerque, on veut croire qu’une nationalisation de Valdunes, même partielle, peut sauver l’entreprise et les emplois. Mais « le ministre nous a dit que ce n’était pas d’actualité et qu’il cherchait un repreneur fiable. On connaît la chanson », lâche M. Savaux.

A Trith-Saint-Léger, le maire communiste, Dominique Savary, prépare la manifestation qui devait avoir lieu samedi 13 mai et parle d’un « coup de massue ». Un employé chargé des achats lui a confié que, « depuis plus de trois mois, presque plus rien ne [rentrait] chez Valdunes ». C’est ici que les roues forgées à Leffrinckoucke sont usinées, traitées thermiquement et assemblées. Les activités des deux sites sont complètement liées.

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LJD

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