Entreprises et coronavirus : « Comment redémarrer son activité ? »
Tribune. Pour continuer à fonctionner après un problème opérationnel grave, une entreprise prévoit généralement un plan de sécurité que l’on appelle, dans le jargon managérial, « plan de continuité des activités » ou business continuity planning (BCP). Inutile de dire que, dans la situation créée par l’épidémie de Covid-19, ces BCP sont aujourd’hui tous actifs. Mais précisément, ce caractère massif et simultané n’a jamais été anticipé.
Chaque entreprise fonctionne en mode précaire, mais c’est aussi le cas de ses fournisseurs et de ses clients ! Un problème opérationnel à l’origine d’un BCP n’est pas censé être universel, ni durer si longtemps, sans compter qu’il peut encore s’aggraver si tout le personnel tombe malade ou doit rester confiné…
Quatre volets
Un BCP a quatre volets : prévention, évitement (ou « mitigation »), plan d’urgence et redémarrage. Lorsqu’un danger menace une organisation, le BCP lui oppose d’abord des mesures de prévention. Si elles n’ont pas fonctionné, le danger s’est matérialisé. La mitigation, ou évitement, en atténue l’impact. Si cet évitement n’a pas pu limiter cet impact, alors on entre en plan d’urgence : on ramène l’installation dans un état stable, qu’on pérennise avant de redémarrer l’activité de manière sûre et pérenne.
Lors de la grippe H1N1 de 2009, les entreprises avaient commandé (pour rien) des millions de vaccins et de masques, alors que l’épidémie ne sévissait qu’en Extrême-Orient (et y est finalement restée). C’était l’étape prévention. Une telle mesure transposée au coronavirus – qui n’a pas de vaccin – aurait signifié que soient prises, avant même le premier cas en Europe, des mesures de distanciation, de fermeture de magasins, d’interdiction de rassemblement, jusqu’au confinement.
Ce qui était donc une prévention est devenu une mitigation, qui va demeurer tant que l’épidémie dure. En revanche rien n’a été prévu comme plan d’urgence, et on avance à tâtons pour le redémarrage : comment lèvera-t-on le confinement ? Comment redémarrer son activité ?
Pas de retour d’expérience
La mise en œuvre plus ou moins aisée d’un plan de continuité des activités dépend du secteur. Plus celui-ci est numérisé, plus il peut fonctionner en autonomie, grâce aux « data centers » et aux « clouds ».
A l’opposé, les transports ou la production nucléaire ne peuvent fonctionner sans humains à la barre. Le BCP y est critique et crucial. Le secteur de l’énergie risque le plus un incident opérationnel : les réseaux de distribution, de transport et de production sont extrêmement interdépendants et présentent chacun le risque d’être un maillon faible. Il suffit qu’un des trois acteurs ne puisse plus intervenir en cas de défaut pour observer une rupture d’approvisionnement.
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