Entre baisses de salaire et postes peu qualifiés, les difficultés du marché du travail pour les jeunes Chinois

Entre baisses de salaire et postes peu qualifiés, les difficultés du marché du travail pour les jeunes Chinois

Lors d’une foire à l’emploi, à Pékin, le 23 février 2024.

Une matinée de mars, dans le nord de Pékin, à la station de métro Lishuiqiao. Il y a ceux qui garent rapidement leur vélo, passent les portiques puis sautent dans un wagon de la ligne 5 ou de la 13 afin d’arriver à temps au travail, dans le centre-ville. Et il y a ceux qui se dirigent vers la foire à l’emploi organisée ce matin-là dans l’allée centrale d’une galerie marchande.

A 9 heures, les portes s’ouvrent et les jeunes découvrent, stand après stand, les offres qui se présentent à eux. Un hôtel de la chaîne Howard Johnson cherche du personnel pour la réception, le ménage, le service. Une société du bâtiment est en quête de profils techniques. « Vous cherchez du travail ? », demande une dame accueillante aux jeunes qui hésitent à poser des questions.

En pardessus beige, Liu Yunzhi, 25 ans, tient son sac à main en cuir marron à l’épaule. Après avoir fait un tour dans les allées, elle confie : « Ce n’est pas facile de trouver le boulot adéquat. » Il y a des offres, mais les salaires proposés ne correspondent pas forcément au coût de la vie dans la capitale ni aux attentes de ceux qui ont fait des études. Elle en sait quelque chose. Après avoir obtenu sa licence pour travailler dans l’encadrement d’écoles maternelles bilingues, elle a trouvé un métier de documentaliste dans une société d’impression.

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Elle s’y plaisait. Cependant, en octobre 2023, chaque employé a été convoqué. Avec la conjoncture, l’entreprise n’allait pas très bien, leur a-t-on expliqué : il fallait se résigner à une baisse de salaire ou bien poser sa démission. Pour elle, cela signifiait passer de 5 500 à 4 500 yuans, soit de 700 à 580 euros. Alors, on lui a dit qu’elle travaillait mal. On l’a poussée à partir sans indemnités. Mais en menaçant d’intenter un procès à son employeur, elle en a malgré tout récupéré une partie.

Plusieurs mois de déflation

Les jeunes travailleurs chinois, surtout les cols blancs, se heurtent à un marché du travail bien plus difficile que par le passé. Le sujet est délicat, car il s’agit de l’avenir de la nouvelle génération. En juin 2023, lorsque le taux de chômage des 16-24 ans a atteint 21,3 % après six mois de hausse d’affilée, le Bureau national des statistiques a cessé de publier les données.

Puis a été présentée, en janvier 2024, une nouvelle formule ne prenant pas en compte les jeunes encore enregistrés comme étudiants mais qui cherchent un emploi. Cela, car les chiffres comptabilisaient en fait aussi ceux qui cherchaient un petit boulot pour financer leurs études ; pas des chômeurs à proprement parler, a justifié le directeur du bureau, Kang Yi. Le taux est ainsi tombé à 14,9 % au tournant de l’année. Beaucoup y ont vu une manière d’embellir subitement les statistiques.

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LJD

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