Endométriose : la parole des femmes se libère en entreprise

« Etre étalée au sol en salle de réunion est une situation pour le moins désagréable. » Ce jour-là, Christelle fait une « crise » au sein de son entreprise. Atteinte d’endométriose, cette assistante sociale ne peut rester debout, prise de vives douleurs. Une « crise » violente, et surtout imprévisible, qui illustre le quotidien de centaines de milliers de femmes touchées par cette pathologie. « On ne connaît jamais le moment où cela va arriver mais on sait qu’on sera clouée sur place », résume Yasmine Candau, présidente de l’association EndoFrance.
Douleurs pelviennes, lombaires, fatigue chronique, troubles digestifs ou urinaires… La liste des symptômes de l’endométriose est longue. Ils s’accompagnent fréquemment d’un mal-être psychique du fait de l’« invisibilité » de la maladie : « on se sent incomprises », explique Mme Candau.
Les conséquences de cette pathologie sont bien évidemment nombreuses dans le quotidien professionnel. Les douleurs handicapent et imposent un absentéisme supérieur à la moyenne. Elles génèrent aussi un dilemme : faut-il évoquer ouvertement sa maladie ? Dans le cabinet dentaire où elle a travaillé durant huit ans comme assistante, Marion avait fait le choix du silence : « Je n’ai jamais osé en parler. » Par peur, notamment, de « passer pour quelqu’un de faible ». Son travail lui impose pourtant des journées entières en station debout, une posture particulièrement difficile à maintenir durant les phases de crise.
Méconnaissance et incompréhension
Beaucoup de femmes, comme Marion, ont fait le choix de ne pas évoquer leur situation. Parler d’une maladie gynécologique revenait, pour elles, à livrer une part de leur intimité à leurs supérieurs, à leurs collègues. Et, parfois, à être confrontées à une méconnaissance du sujet, voire une incompréhension.
Mais c’est aussi par peur de conséquences sur leur parcours professionnel que certaines ont préféré le silence : 45 % des femmes touchées estiment que l’endométriose peut avoir un impact important sur leur carrière et 39 % sur leurs opportunités d’évolution, selon une enquête Ipsos de 2020. Christelle confirme : « L’endométriose peut parfois être un frein dans la carrière. Lorsque j’ai postulé sur certains postes en interne, mon absentéisme a été évoqué de façon détournée. »
Un sujet tabou ? Tous les spécialistes de la question en conviennent : la maladie l’a longtemps été en entreprise et le reste encore en de nombreuses situations. Toutefois, une lueur d’espoir apparaît aujourd’hui, à mesure que la parole des femmes touchées semble se libérer. « On perçoit enfin, depuis quelques années, une évolution positive en ce sens », se félicite Mme Candau. La médiatisation du sujet par des célébrités frappées par la maladie a joué un rôle.
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