En redressement judiciaire, la Maison de la literie aiguise les appétits

En redressement judiciaire, la Maison de la literie aiguise les appétits

Vue du rayon literie du magasin Conforama, à proximité de la Samaritaine, le 27 septembre 2005, sur les quais de la Seine, à Paris. AFP PHOTO JACK GUEZ (Photo by JACK GUEZ/AFP)

Les salariés de l’enseigne Maison de la literie parviendront-ils à retrouver des nuits paisibles ? Jeudi 5 octobre, huit candidats au rachat de sa maison mère, le groupe IFP (lnternationale de franchise et de participation) en redressement judiciaire, présentaient leur offre auprès du tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).

Un « grand oral » portant sur la reprise des 301 magasins, dont 35 détenus en propre, exploités sous diverses enseignes (Maison de la literie, Univers du sommeil, Tousalon, Mobeco, Place de la literie…), ainsi que sur ses deux usines de fabrication en France, situées à Autun, en Saône-et-Loire, et à Confolens, en Charente. En tout, 203 salariés, dont 37 au siège et 84 dans la production.

Si les candidats se pressent, c’est que le marché est porteur. Le secteur de la literie a progressé de 3,6 % en valeur au cours des huit premiers mois de l’année, d’après l’IPEA (l’Institut de prospective et d’études de l’ameublement), lorsque celui du meuble recule de 0,5 %. Et, en 2022, les ventes de sommiers et matelas avaient à peine reculé de 1 % sur un an, à 1,8 milliard d’euros, dont un tiers du marché réalisé par les enseignes spécialisées. De plus, le segment du moyen-haut de gamme fabriqué en France, sur lequel est positionnée l’entreprise, séduit les consommateurs et évite les surcoûts liés à l’importation.

Erreurs de gestion

Comment dès lors expliquer la chute de la Maison de la literie ? Par des erreurs de pilotage et un enchevêtrement d’une myriade de sociétés, qui ont conduit l’entreprise à accumuler des pertes au fil des ans. Charges trop élevées supportées par le siège, mauvaise gestion opérationnelle des succursales qui tombent dans le rouge… Certains magasins en propre perdent entre 200 000 et 300 000 euros par an. Pour les renflouer, le groupe puise dans les redevances de ses 266 franchisés, dont l’activité se tient bien et gonfle leurs frais de gestion. Les usines, enfin, n’ont pas les moyens d’investir dans la modernisation de leur outil de production, une part importante de leurs bénéfices étant aspirés par les entités de distribution et le siège.

Il faut remonter le fil de l’histoire pour comprendre comment l’entreprise en est arrivée là. En 1980, Pierre Elmalek fonde la Maison de la literie, puis devient PDG d’IFP lors de sa création, en 1994. Il s’associe, en 2012, avec le groupe belge Veldeman, qui apporte son outil industriel contre 50 % du capital d’IFP. Sur le papier, le modèle est vertueux, avec des magasins qui se fournissent exclusivement auprès des usines du groupe. Mais les dettes commencent vite à s’accumuler. Hors de question pour M. Elmalek de fermer des magasins intégrés même s’ils sont déficitaires et, en 2015, Veldeman prend la majorité du capital pour assurer la continuité de la branche distribution.

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LJD

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