En France, beaucoup d’investissements étrangers mais peu d’emplois

En France, beaucoup d’investissements étrangers mais peu d’emplois

Le ministre de l’industrie, Roland Lescure, à l’Elysée, le 19 avril 2023.

Sauf énorme surprise, quelques bouchons de champagne devraient sauter vendredi 12 mai pour saluer l’arrivée à Dunkerque (Nord) du taïwanais Prologium Technology et son usine géante, ou « gigafactory », de batteries électriques, avec quelque 3 000 emplois à la clé. Une annonce de bon augure à trois jours du sommet Choose France, qui doit réunir, lundi 15 mai à l’Elysée, deux cents chefs d’entreprise étrangers. Et, surtout, une perspective qui s’ajoute à plusieurs autres projets d’usines centrées sur la production de batteries électriques, dont celui du chinois Envision à Douai ou de ACC à Douvrin (Pas-de-Calais), près de Béthune.

Faut-il en conclure que, après vingt-cinq années de désindustrialisation, la France est devenue une terre d’accueil pour les investisseurs ? Ce serait aller un peu vite en besogne. Le Baromètre de l’attractivité, établi tous les ans depuis 2000 par le cabinet EY et publié jeudi 11 mai, livre un bilan un peu plus nuancé.

Avec 1 259 implantations ou extensions de sites en 2022 sur un total de 5 962 investissements recensés en Europe, la France reste bien le pays le plus attractif du continent, pour la quatrième année de suite. Autre élément positif, 40 % de ces projets sont de nature industrielle, un bon point pour la réindustrialisation du pays.

« Dynamique d’ensemble »

Mais le nombre d’emplois créés, lui, est nettement moindre que chez nos voisins. En moyenne, un investissement étranger se traduit par 33 nouveaux emplois en France, quand on en dénombre 58 en Allemagne, 59 au Royaume-Uni… ou 326 en Espagne. Au total, le nombre de postes créés par les investisseurs étrangers a baissé de 15 % entre 2021 et 2022, alors que celui des projets augmentait de 3 %.

Un bémol que Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, l’agence d’attractivité de la France, relativise. « Il suffit parfois d’un ou deux projets à plusieurs milliers d’emplois pour changer la donne, fait-il valoir. Ce qui compte, c’est la dynamique d’ensemble. » « Lorsque des investisseurs ont des projets en Europe, ils appellent la France en premier, avant nous étions cinquième ou sixième », se félicite le ministre de l’industrie, Roland Lescure.

Mais ces appels n’aboutissent pas toujours, à en croire les données du baromètre EY. « Si la France fidélise les entreprises implantées, elle a plus de difficultés que d’autres à attirer de nouveaux projets : 65 % de ceux annoncés en France en 2022 sont des extensions de sites existants, quand cette proportion n’est que d’un tiers environ en Allemagne et au Royaume-Uni », explique Marc Lhermitte, associé EY chargé du baromètre.

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LJD

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