En Dordogne, la crise des Papeteries de Condat a déjà de lourdes répercussions sur l’économie locale
Lundi 11 septembre, alors que l’intersyndicale CGT-FO et CFE-CGC des Papeteries de Condat était reçue à Paris par Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’industrie, Alain Gaudré, le président du groupe Lecta France, propriétaire de l’usine basée au Lardin-Saint-Lazare (Dordogne), est sorti de sa réserve pour la première fois depuis l’annonce, en juin 2023, de la fermeture de sa ligne de production de papier couché double face, la dernière à subsister en France.
Interrogé par les journalistes locaux, puis par Le Monde, le patron de la filière française du géant britannique a justifié l’arrêt de la ligne par l’effondrement des commandes de papier (– 40 % en six mois), tout en laissant entrevoir la possibilité, à moyen terme, « de la transformer pour répondre à la forte demande de papier glassine (un papier spécialisé, résistant à la graisse, à l’eau et à l’air, utilisé notamment pour les étiquettes autocollantes) », l’autre spécialité des Papeteries de Condat.
Localement, le discours d’Alain Gaudré n’a convaincu personne. Si les salariés qui bloquaient l’entrée de l’usine depuis dix-sept jours ont accepté d’en libérer l’accès, mercredi 13 septembre, c’est uniquement parce que « la direction a accepté de lâcher du lest sur les primes de départ des 187 personnes menacées de perdre leur emploi au terme du plan social de sauvegarde (PSE), qui prendra fin le 11 octobre », explique Emmanuel Garcia, élu Force ouvrière au conseil économique et social (CSE) des Papeteries de Condat, qui comptent 412 postes. « Le reste, on n’y croit plus », confie le délégué CGT Eric Pestourie, alors que se profile une nouvelle réunion de négociation avec la direction, mercredi 20 septembre.
« Retrouver des certitudes »
Même pessimisme affiché chez les sous-traitants des Papeteries de Condat, dans un bassin de vie où le taux de chômage dépasse les 8 %. « On a du mal à croire que cela repartira un jour », confie Damien Froidefond, délégué du personnel chez SVT, une PME dont les Papeteries avaient encouragé la création dans le cadre de sa politique d’externalisation de la transformation du papier couché.
Depuis six mois, leur propre usine ne tourne plus ou presque. « Nous avons commencé par une semaine de chômage partiel en octobre, puis nous sommes passés à deux en début d’année, avant de tomber à zéro, un ou deux jours maximum de travail par mois à la fin du printemps », détaille ce salarié de 38 ans, qui n’entrevoit pas le bout du tunnel. « Nous sommes liés aux Papeteries par un contrat exclusif qui court jusqu’à octobre 2024. Tant que le PSE de l’entreprise est en cours, nous sommes condamnés à subir du chômage partiel », poursuit Damien Froidefond, qui ne se résout pas à cette situation inconfortable. « C’est vrai qu’on est indemnisés à 84 % de notre salaire, mais plus vite nous serons libres de retrouver un ou plusieurs clients et plus vite on retrouvera des certitudes. »
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