En Alsace, l’allemand Dräger met son site de production de masques en sommeil
A peine un an après avoir été récompensé par le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l’attractivité, Franck Riester, d’un prix Choose France pour son investissement « express » en Alsace, c’est avec tout autant de rapidité que l’entreprise allemande Dräger vient de procéder, jeudi 19 mai, au licenciement du personnel de son site de production de masques FFP2 et FFP3 d’Obernai (Bas-Rhin). Sur la trentaine de salariés qu’employait encore l’usine, seuls deux agents administratifs et deux techniciens de maintenance vont rester en place pour assurer le maintien du site.
Dräger exclut pour l’instant une fermeture totale. « La baisse de la demande, que nous espérons la plus transitoire possible, n’ébranle en rien notre détermination à inscrire notre projet industriel à Obernai dans la durée. Nous prenons les mesures nécessaires, afin de redémarrer la production qualitativement, selon l’évolution du plan de charge, la protection respiratoire étant au cœur de notre savoir-faire », a ainsi déclaré l’industriel.
« On a senti le vent tourner dès la fin de l’année 2021 »
Il n’avait fallu que quelques semaines à la firme de Lübeck (Schleswig-Holstein) pour installer, à l’automne 2020, ses 13 lignes de production de masques, dans un ancien hangar de sport mis aux normes pour l’occasion. Dräger comptait y produire jusqu’à 100 millions de masques par an, destinés au secteur sanitaire – avec, à la clé, une commande importante de Santé publique France –, mais aussi à l’industrie. Le site a pu compter, de fait, jusqu’à 140 emplois.
Mais la levée progressive des restrictions sanitaires en Europe a considérablement réduit la demande, dans un marché marqué par l’explosion du nombre de producteurs. Les efforts de resourcing européen des commandes tant publiques que privées se sont aussi révélé plus compliqués que prévu, y compris pour les produits de plus haute technicité que sont les masques FFP2 et FFP3. En conséquence, après avoir vu dans un premier temps ses cadences réduites, le site d’Obernai a fini par être mis en activité partielle au début de l’année. Les salariés ont été soit prêtés à d’autres entreprises, soit priés de rester chez eux. L’industriel affirme désormais vouloir leur offrir « le meilleur accompagnement possible ».
« On a senti le vent tourner dès la fin de l’année 2021 », affirme le maire (Les Républicains) d’Obernai, Bernard Fischer, qui dit comprendre que Dräger « n’ait pas eu d’autre choix ». Lui-même docteur en pharmacie et engagé au sein de commission économie de la région Grand Est reconnaît qu’« en matière de relocalisation, il est difficile de passer de la volonté à la réalisation ». Avant de conclure, rassurant : « Aujourd’hui, on compte 500 emplois industriels non pourvus dans le bassin économique d’Obernai-Molsheim. Un certain nombre de salariés de Dräger ont d’ailleurs déjà retrouvé du travail. »