Edgar Grospiron, Fabien Pelous… Les conférenciers sportifs, témoins des maux de l’entreprise
« Depuis quelque temps, on sent que les collaborateurs ont besoin de se revoir en équipe après le Covid. Avec le télétravail, on se heurte à un gros écueil pour générer de la solidarité entre les personnes. » Fort de plusieurs centaines d’interventions dans des sociétés de tailles et de domaines multiples, Fabien Pelous, joueur le plus sélectionné en équipe de France de rugby (1995-2007), sait de quoi il parle. « On fait appel à moi pour mettre l’accent sur la performance collective. Le rugby, c’est associer toutes les fonctions et tous les gabarits pour aller vers un même objectif. »
Si les champions peuvent devenir entrepreneurs ou salariés après leur retraite sportive, certains capitalisent sur leur notoriété : depuis une dizaine d’années, les agences mettant en relation entreprises et sportifs prospèrent. Les demandeurs sont souvent des grandes entreprises, comme des constructeurs automobiles, des banques ou des cabinets de conseil, « mais aussi de plus en plus de PME et de start-up », selon Matthieu Aboudaram, PDG de WeChamp, agence née il y a cinq ans.
Motivation, courage, travail en équipe, dépassement de soi, rebond après un échec… Les enjeux des entreprises rejoignent en de nombreux points ceux du sport. Champion olympique de ski de bosses à Albertville en 1992, Edgar Grospiron est le plus aguerri des conférenciers : il effectue quatre-vingts interventions par an depuis quinze ans, à 8 500 euros pièce. « Quand j’étais athlète, des sponsors m’ont demandé de raconter ma vie devant leurs équipes. J’ai trouvé ça valorisant, mais je ne voyais pas en quoi cela pouvait être un métier. » Il s’est formé à partir de 2001 au management, et a appris les ressorts théoriques de la motivation au travail en étant formateur.
« Dans un univers qui fait rêver »
En règle générale, l’intérêt purement managérial d’une conférence paraît limité. « Je me suis formé sur le tas, raconte Fabien Pelous. Je ne fais que traduire en terminologie d’entreprise ce que j’ai vécu dans le sport. Attention, je ne peux pas répondre à toutes les problématiques : je ne vais pas inventer un propos sur le télétravail, je n’ai jamais fait de “télérugby”. Mon but, c’est juste d’ouvrir des cases dans le cerveau sur des façons de manager. »
En effet, l’essentiel est ailleurs : les intervenants, en personnalisant le management, peuvent transmettre des messages que les manageurs n’arrivent plus à faire passer. « L’objectif du chef d’entreprise qui fait appel à un sportif est de développer un discours qui est sensiblement le même que le sien, mais dans un univers qui fait rêver les gens : il y a des soucis de résistance au changement et il souhaite susciter un déclic », explique Julien Pierre, maître de conférences en sociologie et management du sport à l’université de Strasbourg.
Il vous reste 54.22% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.