Droit de retrait : « Au turbin ! » donne la parole aux salariés

Droit de retrait : « Au turbin ! » donne la parole aux salariés

« Face à la fronde de plusieurs agents, La Poste a finalement décidé de réorganiser la tournée des facteurs pour limiter la distribution du courrier à trois jours d’affilée par semaine » (Photo: facteur à Lille, le 27 mars).
« Face à la fronde de plusieurs agents, La Poste a finalement décidé de réorganiser la tournée des facteurs pour limiter la distribution du courrier à trois jours d’affilée par semaine » (Photo: facteur à Lille, le 27 mars). Michel Spingler / AP

Caissiers, postiers, agents de la SNCF… Maintenus à leur poste de travail malgré la pandémie, ces travailleurs sont en première ligne face au Covid-19. Dans le podcast mensuel « Au turbin ! », consacré à la vie au travail, de la sociologue Amandine Mathivet, une factrice et une caissière témoignent de leur peur face au virus. Tandis que les mesures de protection mises en place par leurs employeurs sont jugées tardives ou lacunaires, leur droit de retrait est difficile à mobiliser.

Alors que des facteurs ont été parmi les premiers à faire valoir leur droit de retrait face au risque de contagion, le podcast laisse d’abord la parole à Martine, une factrice de 58 ans. « Bien sûr on est inquiets », témoigne la salariée, qui s’interroge sur l’intérêt de maintenir la distribution de courrier non indispensable : « On doit livrer beaucoup de paquets car les gens s’ennuient et commandent beaucoup sur Internet. (…) On nous laisse travailler, prendre des risques pour du courrier qui n’a pas toujours de l’importance. »

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Si des consignes ont été émises par la direction de La Poste afin de préserver la santé de ses agents et limiter les risques de contagion – mise à disposition de gel hydroalcoolique, désinfection des postes de travail… –, leur respect s’avère très variable d’un établissement à un autre, selon Martine : « Il y a beaucoup de collègues en province qui n’ont pas de gel hydroalcoolique à disposition, pas de gants, pas de masques. »

La factrice s’est elle-même vue prise à partie par un supérieur hiérarchique parce qu’elle se servait du gel hydroalcoolique qui lui avait été fourni par son employeur lors de ses trajets pour se rendre au travail. Une utilisation qui relevait, selon son supérieur, d’un usage personnel.

Face à la fronde de plusieurs de ses agents, La Poste a finalement décidé de réorganiser la tournée des facteurs pour limiter la distribution du courrier à trois jours d’affilée par semaine. Une décision critiquée par des éditeurs de presse, mais aussi par des facteurs eux-mêmes, à en croire Martine : « Tout le monde espérait que ce soit un jour sur deux, histoire que le trafic ne soit pas trop lourd d’un coup. » Il est désormais question de réaugmenter la fréquence des tournées via des volontaires, mais aussi en ayant recours… à des intérimaires ou à des CDD, selon Les Echos. Moins susceptibles, sans doute, de protester contre leurs conditions de travail.

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Le podcast donne ensuite la parole à Pauline, une jeune hôtesse de caisse travaillant chez Carrefour. Celle-ci revient sur les jours qui ont précédé l’annonce du confinement et les magasins pris d’assaut par les clients. « Il y avait un monde incroyable. Et on n’avait pas de gants, on n’avait pas de masques, le magasin ne filtrait pas les clients. »

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