Des pistes pour réformer en profondeur la revalorisation du smic

Des pistes pour réformer en profondeur la revalorisation du smic

Contexte différent, mêmes recommandations. Dans son rapport annuel, transmis mercredi 30 novembre au gouvernement et aux partenaires sociaux et auquel Le Monde a eu accès, le groupe d’experts sur le smic préconise sans surprise de ne pas donner de coup de pouce au salaire minimum au 1er janvier 2023 et propose trois pistes de réforme pour revoir en profondeur le système de revalorisation actuel.

La progression du smic est aujourd’hui indexée sur deux valeurs : l’inflation, en suivant l’indice des prix à la consommation pour les 20 % des ménages les plus modestes, et la moitié de l’accroissement annuel du pouvoir d’achat du salaire horaire de base des ouvriers et des employés. En temps « normal », c’est-à-dire sans inflation particulière, cette augmentation automatique a lieu le 1er janvier de chaque année. En plus de celle-ci, le gouvernement peut donner un bonus supplémentaire, le fameux « coup de pouce ». Mis en place en 2008, le groupe d’experts est justement chargé d’éclairer l’exécutif dans l’orientation à donner au salaire minimum.

En revanche, en cette période de forte inflation, qui s’élève, selon les derniers calculs de l’Insee, en septembre, à 6,2 % sur un an, les augmentations s’enchaînent. Après deux hausses en 2021, le smic a connu trois nouvelles révisions en 2022 : au 1er janvier, au 1er mai et au 1er août, soit en tout + 5,6 % sur un an (pour s’établir aujourd’hui à 11,07 euros brut de l’heure, soit 1 678,95 euros brut mensuels). Si l’on inclut la revalorisation d’octobre 2021, la hausse est même de 8 %.

« Renforcer le rôle de la négociation collective »

Par conséquent, sachant que le groupe, présidé par l’économiste et professeur à Neoma Business School, Gilbert Cette, ne recommande jamais de coup de pouce habituellement, il est jugé encore moins nécessaire dans ce climat inflationniste. « La revalorisation probable du 1er janvier 2023, liée aux mécanismes de revalorisation automatique, protégera le pouvoir d’achat des salariés au smic face à la hausse de l’indice des prix », indique ainsi le rapport. Selon les calculs du groupe, la revalorisation automatique du 1er janvier 2023 serait de l’ordre de 1,8 %.

Cette indexation du smic sur l’inflation divise les économistes et les politiques. Certains la jugent indispensable pour protéger le pouvoir d’achat des plus modestes et demandent même à appliquer la mesure à l’ensemble des salaires. D’autres estiment en revanche qu’elle risque d’engendrer une hausse du coût du travail fatale aux entreprises, qui se traduirait par des destructions massives d’emploi.

Il vous reste 53.78% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.