Des nouvelles voies pour intégrer dans les grandes écoles
Le gouvernement débute une action qui doit exprimer des passages pour améliorer la « diversité sociale » dans les établissements les plus prestigieux, aujourd’hui tous soumis à un concours.
Après les annonces d’Emmanuel Macron sur la suppression de l’ENA et l’ouverture de la haute fonction publique, la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, détaille au Monde le chantier ouvert pour améliorer la diversité sociale dans les grandes écoles, présenté mardi 4 juin devant la Conférence des grandes écoles.
Vous lancez une mission sur la diversité sociale dans les grandes écoles. En quoi consiste-t-elle ?
Dans la continuité des éclaircis du président de la République et du grand débat national, il est temps d’avoir, dans nos grandes écoles, une représentation plus ressemblante de notre société, dans son inégalité géographique et sociale. L’enseignement supérieur compte 38 % de boursiers, mais ils sont seulement 19 % à l’Ecole normale supérieure (Paris) et 11 % à Polytechnique, qui n’assemblait que 2 % d’enfants d’ouvriers et d’agents dans sa dernière promotion.
J’envoie actuellement une lettre de mission aux directeurs de l’Ecole polytechnique, des Ecoles normales supérieures (Paris, Saclay, Lyon) mais aussi de l’Essec, de HEC, et de l’ESCP Europe, qui sont partants pour s’engager sur le sujet. J’attends leurs premières propositions à la mi-juillet. Notre ambition est forte, cela ne pourra être seulement cosmétique. Nous fixerons un calendrier et des objectifs chiffrés.
L’avocat et technocrate Frédéric Thiriez, ancien président de la Ligue de football professionnel, a été désigné par Emmanuel Macron pour œuvrer sur la cession de l’ENA et l’ouverture de la haute fonction publique. Cela ne fait-il pas doublon ?
Le point commun entre ces deux missions, c’est l’objectif de diversité sociale et particulièrement de la haute fonction publique, dont certaines grandes écoles, comme Polytechnique, sont le vivier. Mais l’ENA est dans le périmètre du ministère de la fonction publique. Nous nous occupons là de l’ensemble des grandes écoles, y compris les écoles d’ingénieurs et les écoles de commerce les plus prestigieuses.
Trois formes devront être étudiées : la différenciation des voies d’accès, l’objet des formations et la vie étudiante, ainsi que l’égal accès aux activités et aux emplois à la sortie. S’il faut en passer par la voie législative, on le fera.
Vous apercevez la création de voies alternatives au concours, sur le modèle des « conventions éducation prioritaire » de Sciences Po pour les lycéens de quartiers désavantagés. Etes-vous prête à refaire le débat sur la discrimination certaine, au pays du concours et du mérite républicain ?