Des matinales filmées de France Bleu et France 3 perturbées par un conflit social

Des matinales filmées de France Bleu et France 3 perturbées par un conflit social

Si les antennes de France Bleu fonctionnent normalement, voilà trois jours qu’il est impossible de regarder les matinales communes avec France 3 pour la moitié d’entre elles. A Lille, Bordeaux, Aix-en-Provence ou encore Paris, les visages de l’information locale ont été remplacés par des dessins animés, comme lors des jours fériés ou pendant les vacances scolaires. Seize locales étaient encore concernées jeudi 1er juin, alors que France Bleu Hérault et France Bleu Drôme-Ardèche pourraient se joindre au mouvement dans les prochains jours.

En cause, des salariés des radios locales publiques ont retiré leur droit à l’image pour dénoncer le statut précaire des confrères mettant en images les journaux radios. Ces derniers sont employés par un sous-traitant privé, la société de production Eden Press, dans le cadre d’un contrat à durée déterminée d’usage (CDDU) durant une saison. La direction d’Eden a annoncé début avril qu’elle ne comptait pas renouveler pour une saison supplémentaire le contrat d’éditeurs visuels ayant travaillé plus de trois ans d’affilée pour Radio France.

Quatre personnes termineront donc leurs contrats le 30 juin (seules trois sont concernées par la règle), dix autres à la fin de la saison 2023-2024. « C’est une forme de licenciement qui ne dit pas son nom », s’est insurgé le SNJ-CGT de Radio France dans un communiqué publié le 24 mai. « Eden Press craint surtout que ces journalistes ayant acquis de l’ancienneté ne revendiquent leurs droits », écrivait alors le syndicat.

Négociation pour prolonger (ou non) l’accord

Matthieu Darriet, cosecrétaire du SNJ à Radio France et journaliste à France Bleu Nord, est lui aussi révolté par cette situation. Il estime que l’entreprise publique doit utiliser « son statut de donneur d’ordre » pour inciter l’entreprise sous-traitante Eden Press à améliorer les conditions de travail de ses salariés et de laisser la possibilité à travailler plus longtemps s’ils le souhaitent. « Ce serait curieux que Radio France ferme les yeux sur les pratiques d’Eden alors que notre entreprise est dans une démarche de RSE [responsabilité sociale des entreprises] qui se veut exemplaire », estime M. Darriet.

Contacté, le président d’Eden Press, Grégoire Olivereau, n’a pas répondu à nos sollicitations. « Dans notre secteur, la règle limitant à trois ans les missions assurées par les collaborateurs en CDD d’usage s’applique partout, dans le privé comme dans le public », avait-il répondu mardi à l’Agence France-Presse. Cela « convient en général assez bien à la nature de nos activités, à leur saisonnalité et aux journalistes eux-mêmes », avait-il ajouté, rappelant que « plusieurs possibilités peuvent s’offrir » aux personnes concernées. « L’évolution vers un autre poste dans l’entreprise, encadrement des équipes détachées auprès de nos clients ou sur un autre programme dont Eden est en charge », avait-il encore insisté.

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LJD

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