Derrière l’engouement pour le yoga, le maquis des formations et le quotidien précaire des professeurs

Derrière l’engouement pour le yoga, le maquis des formations et le quotidien précaire des professeurs

Des drapeaux de prière tibétains ont fait leur apparition le long du canal Saint-Martin. Ce territoire d’à peine cinq kilomètres de long, en plein centre de Paris, concentre les toutes dernières tendances : boutiques à la mode, bars à cocktails et, depuis 2020, un centre de 420 mètres carrés consacré au yoga jivamukti.

Développée dans les années 1980 à New York par deux défenseurs des droits des animaux, cette discipline allie exercices physiques et enseignement philosophique, et attire une jeunesse désireuse de renouer avec une forme de spiritualité.

Fin février, une trentaine d’élèves assistait au cours donné par Ian Szydlowksi-Alvarez, professeur d’origine chilienne, passé par Berlin, Munich ou Barcelone, avant de rallier Paris : « J’ai commencé le yoga en 1988. A l’époque, il n’y avait pas vraiment d’écoles, c’était une discipline marginale, à laquelle m’a initié ma mère, qui était hippie. Aujourd’hui, ça explose : j’ai travaillé dans un studio à New York où on accueillait 500 personnes tous les jours. » Au début du cours, l’enseignant fait vibrer son harmonium et invite la classe à chanter, après lui, des mots en sanskrit antique. « Il s’agit de versets tirés des Yoga-sutras de Patanjali, un recueil d’aphorismes. Le jivamukti est une pratique physique, éthique et spirituelle », précise-t-il, avant de passer à un enchaînement de postures plutôt sportives.

« Chaque cours comporte des chants, de la méditation, de la respiration et de la récitation de textes anciens », explique Sonia Gabriel. La trentenaire s’est plongée dans le yoga il y a plus de dix ans, après le décès de son père. En 2019, elle démissionne de son poste de professeure d’économie à l’université de Beyrouth pour ouvrir le studio Jivamukti à Paris, qui reçoit près de 5 000 personnes chaque mois – des femmes majoritairement, jeunes, souvent très diplômées, et désireuses d’approfondir leur passion.

« Renouer avec son humanité »

Alors que la pratique du yoga a plus que triplé ces dix dernières années, passant de trois millions à plus de dix millions de pratiquants en France, selon une enquête menée par le Syndicat national des professionnels du yoga (SNPY), de plus en plus de yogis s’inscrivent à des formations professionnalisantes.

« Je pratique le yoga depuis mon adolescence. J’ai découvert le jivamukti il y a quelques années, à Amsterdam, grâce à une amie rencontrée à Bali. C’est bien plus qu’un simple sport », témoigne Francesca Dunne, 36 ans. Cette ancienne chargée de communication a quitté son poste chez L’Oréal en 2022 pour devenir professeure de yoga.

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LJD

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