« Dérapages » avec Eric Cantona : un jeu de rôle en entreprise tourne à la manipulation sociale

ARTE – JEUDI 23 AVRIL À 20 H 55 – MINISÉRIE
Alain Delambre (Eric Cantona) a « plus de 50 ans, moins de 60 », âge critique pour retrouver du boulot, surtout quand on répond par un coup de boule aux humiliations d’un contremaître… Mais la boule, Delambre va la perdre vraiment alors qu’il est invité à intervenir dans le cadre d’un jeu de rôle organisé par une grande entreprise.
Une prise d’otages est simulée afin de tester la fiabilité de certains hauts cadres et la capacité de Delambre à faire office d’éventuel « bad cop » dans un vaste plan de licenciements à venir. Delambre s’est endetté et décrédibilisé auprès de sa famille pour se former à cette prise de rôle armé. Aussi, quand il prend conscience que la machination le concerne également, Delambre retourne la situation de telle sorte qu’elle va susciter de palpitants – mais rocambolesques – rebondissements.
L’ennui est que Dérapages n’est pas une série mais un téléfilm gonflé en six parties : combien longuettes et répétitives sont, par exemple, les scènes tournées dans la prison où Delambre attend son procès entouré de sales gueules parmi les plus improbables (à vouloir faire trop vrai, on finit par faire faux)…
Platitudes parfois confondantes
La scène gigogne de la vraie-fausse prise d’otages mérite son temps à l’écran mais le procès qui occupe le dernier épisode est soporifique. Au moins a-t-on évité la plaidoirie d’un avocat vedette, Me Durand Perretti (il fallait oser…), finalement refusé par Delambre.
Par ailleurs, le principe de la confession rétrospective du taulard face caméra pratique trop souvent la tautologie (répétant ce qu’une scène vient de dire clairement) et fait entendre des platitudes parfois confondantes (« Le monde de l’entreprise c’est comme le Far West : il faut être armé. ») De sorte qu’on a souvent l’impression d’être dans un épisode de ces séries de fausse téléréalité criminelle…
Adaptés par Pierre Lemaître (Prix Goncourt 2013) de son roman Cadres noirs (Calmann-Lévy, 2010), les dialogues sonnent souvent faux et plat en dépit de leur incarnation par Eric Cantona, à la force intranquille assez impressionnante, et par la fine actrice canadienne Suzanne Clément dans le rôle de son épouse.
Dérapages, série écrite par Pierre Lemaître et réalisée par Ziad Doueiri. Avec Eric Cantona, Suzanne Clément, Alex Lutz, Gustave Kervern (FR, 2019, 6 x 48-58 min.) Trois épisodes le jeudi à partir de 20 h 55 et en intégralité sur Arte Tv jusqu’au 13 mai.
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