Dans les entreprises, la « prime Macron » s’essouffle

Dans les entreprises, la « prime Macron » s’essouffle

« Au vu des réticences affichées, les pouvoirs publics ont proposé des simplifications parmi lesquelles la possibilité de signer un premier accord d’intéressement pour une seule année au lieu de trois »
« Au vu des réticences affichées, les pouvoirs publics ont proposé des simplifications parmi lesquelles la possibilité de signer un premier accord d’intéressement pour une seule année au lieu de trois » Ingram / Photononstop

Près de 2,2 milliards d’euros versés à 4,8 millions de salariés dans 408 000 établissements : au printemps 2019, à l’heure du bilan de la prime Macron, le patronat français n’avait pas manqué de souligner combien les entreprises avaient joué le jeu. Elles avaient, de fait, largement répondu à l’appel lancé par le président de la République au plus fort de la crise des « gilets jaunes », les incitant à mettre en place une prime exceptionnelle défiscalisée jusqu’à 1 000 euros.

Quelques mois plus tard, alors que le dispositif a été reconduit pour la seconde année, le ton a changé. C’est désormais avec circonspection que les grandes entreprises s’expriment sur le sujet.

Beaucoup d’entre elles, comme Carrefour ou Saint-Gobain, indiquent qu’« aucune décision n’a été prise » (elles ont jusqu’au 30 juin 2020 pour verser la prime). D’autres ont décidé de ne pas renouveler le dispositif. C’est le cas de Decathlon, où la prime s’élevait à 300 euros en 2019. « Les collaborateurs ont perçu des primes propres à l’enseigne », explique l’entreprise. Même évolution chez Leroy Merlin : pas de prime Macron en 2020, alors que les salariés avaient touché 300 euros l’année précédente. La société mettant en avant ses dispositifs internes avec, assure-t-elle, « une prime 2019 à un niveau historique ».

Ampleur réduite

Quant aux sociétés qui ont décidé de reconduire la prime, si certaines ont conservé les mêmes modalités (Air Liquide donne une prime de 700 euros, par exemple), d’autres en ont réduit l’ampleur comme BNP Paribas, qui annonce une prime de 400 à 500 euros. « Elle atteignait 1 000 euros l’an dernier », rappelle un délégué syndical.

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Le cabinet Mercer confirme, dans son enquête mensuelle de décembre 2019, un engagement plus faible des grandes entreprises. Seuls 27 % des répondants envisagent de verser la prime en 2020 (contre 73 % en mars 2019, lors de la première édition de la prime) ; 54 % des sondés indiquent qu’ils n’en verseront pas, 19 % ne se prononcent pas.

« On se dirige a priori vers une moindre participation, explique Bruno Rocquemont, directeur gestion des talents chez Mercer. Mais, tempère-t-il, on note toutefois que la proportion d’entreprises ne souhaitant pas verser la prime a diminué entre novembre et décembre, tandis qu’un plus grand nombre d’entre elles se déclaraient indécises. Cela en raison d’un climat social plus tendu, mais aussi parce que les entreprises sont pleinement entrées dans les négociations annuelles obligatoires, au cours desquelles le sujet a été remis sur la table. »

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LJD

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