Dans les crèches du Puy-en-Velay, la bataille pour réduire les décibels
La matinée touche à sa fin dans la salle de vie de la crèche Rêves et ritournelles, à Polignac (Haute-Loire). Dans un recoin de la pièce, une auxiliaire de puériculture lit une histoire aux petits. Les grands, eux, profitent des derniers instants de jeu avant le déjeuner. Lila, 2 ans et demi, s’amuse, elle aussi, mais décide brusquement d’arrêter ses activités. « Chuuuut ! », souffle-t-elle, en pointant du doigt un feu tricolore dont la lumière rouge, assortie d’un smiley triste, vient de s’allumer.
Elle connaît sa signification : le volume sonore a dépassé les 80 décibels. Lila rappelle donc à l’ordre les fautifs, deux adultes pris dans une discussion sonore. La scène n’a pas échappé à la directrice de l’établissement, Paula Couriol, qui se réjouit : « C’est précisément ce que l’on souhaite : que chacun, professionnel comme enfant, joue un rôle actif pour limiter les décibels. »
L’installation d’un sonomètre en forme de feu tricolore fait partie d’une multitude d’initiatives prises au sein de la crèche pour limiter le bruit. Une politique impulsée depuis deux ans par la communauté d’agglomération du Puy-en-Velay dans les onze établissements qu’elle a en gestion directe et qui doit permettre de réduire les risques auxquels peuvent être exposés enfants comme agents.
La nocivité du bruit dans les espaces professionnels est identifiée depuis plusieurs décennies – il a été reconnu comme cause de maladies professionnelles en 1963. De nombreux secteurs d’activité sont particulièrement exposés, en particulier dans l’industrie et le BTP. Les salariés travaillant en open space sont également concernés. Au total, 62 % des actifs se déclarent gênés par le bruit ou les nuisances sonores sur leur lieu de travail, selon une enquête IFOP réalisée en septembre 2024 pour l’Association nationale de l’audition.
Une problématique qui touche également le secteur de la petite enfance. « Le bruit est le premier facteur de risque santé au travail pour ses personnels », indique Justine Monnereau, chargée de mission au Centre d’information sur le bruit (CIDB). Les cris ou les pleurs des enfants, les jeux bruyants, les voix des adultes qui s’élèvent pour se faire entendre… Autant de facteurs qui contribuent à dépasser fréquemment « les 90, voire les 100 décibels », note Mme Couriol.
Des impacts « extra-auditifs »
Même si cette exposition est, dans une crèche, essentiellement discontinue, par pics, « elle peut avoir des effets délétères, confirme Isabelle Delabre, formatrice prévention des risques professionnels au service petite enfance de la communauté d’agglomération. Un niveau sonore trop élevé peut briser plusieurs de nos 15 000 cellules ciliées, essentielles pour notre audition. Des cellules qui n’ont pas la capacité de repousser ». Le bruit a également des impacts « extra-auditifs », comme le note Mme Monnereau : « Il peut être un facteur de stress, de risques psychosociaux, voire de dépression. »
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