Dans les banques, les négociations salariales commencent mal

Dans les banques, les négociations salariales commencent mal

Devant une agence BNP Paribas, à Paris, en 2011.

Du jamais-vu dans l’histoire de la plus grande banque française : la première séance des négociations annuelles obligatoires (NAO) chez BNP Paribas, mardi 26 septembre, a duré un quart d’heure en tout et pour tout.

Le temps pour la directrice des ressources humaines (DRH) du groupe, Sofia Merlo, d’exposer ses propositions en matière de rémunérations pour 2024… et pour les deux syndicats présents, le SNB/CFE-CGC et la CFDT, de les rejeter sèchement avant de quitter la salle.

Les représentants du personnel ont jugé choquante et indécente l’absence d’augmentation générale des salaires pour 2024 dans le projet de la direction, alors que l’inflation reste historiquement élevée (4,9 %, sur un an, à fin septembre, selon l’Insee). Un vide que les autres propositions sont très loin de combler à leurs yeux, qu’il s’agisse de l’enveloppe d’augmentations individuelles représentant 1,5 % de la masse salariale, des 5 millions d’euros consacrés à l’égalité salariale femme-homme ou de la prime de partage de la valeur (PPV, dite « prime Macron ») de 800 euros par salarié.

« L’entreprise noircit le tableau »

Pour justifier ses propositions, « la DRH nous a expliqué qu’il fallait “maîtriser” les rémunérations, que le groupe ne pouvait pas répercuter l’augmentation des coûts sur les clients », rapporte Richard Pons, délégué syndicat national CFDT. « L’entreprise noircit le tableau », ajoute-t-il, en dénonçant une direction « sourde ».

En 2022, les syndicats avaient obtenu 3 % d’augmentation générale, avec un minimum de 1 200 euros pour l’année, soit une hausse de rémunération de près de 5 % pour les plus bas salaires.

Le contraste avec les premières propositions du groupe pour 2024 a donc d’autant plus surpris les syndicats. « Ce qui nous a choqués, c’est que la direction considère que le travail en matière de rémunérations a été fait sur les années passées, et nous explique que l’avenir n’est pas si rose que cela et que l’inflation va ralentir », explique Rémi Gandon, délégué syndical national SNB/CFE-CGC.

Dans un communiqué commun, six organisations syndicales ont annoncé suspendre leur participation au dialogue social dans l’attente de nouvelles propositions salariales « sérieuses et fortes ».

« Juste répartition de la valeur »

Sollicitée, la direction de BNP Paribas n’a pas souhaité s’exprimer, rappelant simplement que deux nouvelles réunions sont déjà prévues dans le cadre des NAO, la prochaine le 10 octobre.

Le groupe, explique M. Pons, promet que les sommes versées en 2024 au titre de l’intéressement et de la participation intégreront une partie des 16,3 milliards de dollars (15,5 milliards d’euros) engrangés par le groupe lors de la vente de la filiale américaine Bank of the West. Une cession qui a notamment permis au groupe de lancer, en avril, un programme de rachats d’actions de 5 milliards d’euros, qui s’ajoute aux 4,8 milliards de dividendes distribués au titre de 2022.

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LJD

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