Crise aux urgences : des fermetures, des grèves et le regret du « temps perdu »

Crise aux urgences : des fermetures, des grèves et le regret du « temps perdu »

A l'accueil du centre hépato-digestif du CHU de Rennes, le 15 juin 2022.

La situation semble partie pour se répéter. Après l’hôpital Pellegrin au CHU de Bordeaux, en mai, un autre mastodonte hospitalier doit se résoudre à emprunter un mode de fonctionnement dégradé : le CHU Grenoble-Alpes, à compter du lundi 27 juin.

Cette fois-ci, c’est le principal service d’urgences du territoire qui est touché. Il se trouve ainsi contraint de fermer à son tour la nuit, de 20 heures à 8 heures. Des horaires durant lesquels les urgences seront réservées aux interventions vitales régulées par le SAMU. La population est appelée à passer systématiquement par le 15, tandis que des secouristes à l’entrée doivent trier et accompagner ceux qui se présenteraient malgré tout.

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Voilà donc un symptôme supplémentaire de la crise que traversent l’hôpital et de nombreux services d’urgences – à ce jour, 120 au moins sont en grande difficulté, obligés de fermer la nuit, le week-end ou de réduire leur activité, selon une enquête du syndicat SAMU-Urgences de France menée à la fin mai. En face, l’absence de réponse gouvernementale se fait toujours davantage ressentir.

Quand la « mission flash » sur les urgences et les soins non programmés, confiée au docteur François Braun, qui devait donner lieu à des décisions pour tenir l’été, va-t-elle aboutir ? Son lancement par le président de la République, Emmanuel Macron, en mai, paraissait déjà bien tardif aux acteurs qui appelaient à des mesures immédiates.

Rendra-t-elle ses conclusions le 28 juin, comme le prévoit sa lettre de mission ? C’est le silence radio du côté du ministère de la santé, dont la locataire, Brigitte Bourguignon, défaite aux élections législatives, va devoir quitter les lieux lors du futur remaniement. « Le gouvernement a fait de ce sujet l’une de ses priorités et s’exprimera prochainement sur les réponses immédiates à y apporter, ainsi que sur les mesures de long terme à mettre en œuvre », indique-t-on à Matignon, sans s’avancer sur un calendrier.

Flottement politique

Il fait désormais peu de doute que l’échéance devrait être repoussée, au moins de quelques jours, alors que le nouveau gouvernement ne sera pas nommé avant début juillet, selon la dernière prise de parole d’Emmanuel Macron. Cette période de flottement politique inquiète dans les rangs médicaux, alors que l’été est désormais entamé.

« Que de temps perdu », s’énerve-t-on au sein de plusieurs syndicats hospitaliers, dont Action praticiens hôpital, dans un communiqué du 22 juin. « L’hôpital public attend un ministre de toute urgence », défendent-ils. Depuis le début du nouveau quinquennat, les « premières mesures » annoncées par Brigitte Bourguignon, le 8 juin, sont restées limitées, avec principalement la réactivation du doublement de la rémunération des heures supplémentaires des soignants.

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