Covid-19 : près d’un actif en emploi sur deux a subi une dégradation de ses conditions de travail depuis le début de l’épidémie

Covid-19 : près d’un actif en emploi sur deux a subi une dégradation de ses conditions de travail depuis le début de l’épidémie

Une Française en télétravail, à Vertou, près de Nantes, en mai 2020.

La crise sanitaire a provoqué une dégradation, générale ou partielle, des conditions de travail pour un peu plus de 40 % de personnes en emploi. C’est l’un des principaux enseignements de l’étude publiée, vendredi 28 mai, par la direction chargée de la recherche (Dares) au ministère du travail. Le phénomène a été particulièrement net dans des professions très féminisées – du monde de la santé à l’action sociale, en passant par l’enseignement.

Conduite au premier trimestre, l’enquête repose sur un échantillon d’un peu plus de 17 000 individus exerçant une activité. Les situations s’avérant extrêmement diverses, la Dares a procédé à un classement des sondés en quatre sous-ensembles, selon les incidences de l’épidémie de Covid-19.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le risque est réel que la distanciation sociale soit synonyme de dégradation des conditions de travail »

Un premier groupe, majoritaire, n’a quasiment pas connu de changement : il y a là essentiellement des hommes, ouvriers et employés de plus de 45 ans, qui travaillent dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et de la construction. Une deuxième catégorie, représentant 4 % des « actifs occupés », bénéficie, elle, d’une « relative amélioration » de ses conditions de travail : ce sont plutôt de jeunes hommes, ouvriers et employés, toutefois plus exposés aux risques psychosociaux. On retrouve des travailleurs qui n’ont pas été placés au chômage partiel à 100 %, dans des secteurs fortement ébranlés par la crise comme l’hôtellerie-restauration, le voyage, la culture, etc.

En tête du classement, les infirmiers et sages-femmes

Le troisième groupe identifié par l’étude, qui rassemble 32 % des répondants, subit un sort moins enviable : les intéressés disent être confrontés à une « intensification » des tâches, mais précisent que le « sens du travail » en sort renforcé. C’est particulièrement le cas dans le secteur de la santé et de l’action sociale, l’enseignement et le commerce de détail. Soit une bonne partie des travailleurs de première et seconde lignes. Au sein de cette catégorie, il y a davantage de femmes, cadres et professions intermédiaires exerçant dans des établissements dont l’activité a fortement augmenté.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Austérité » à l’hôpital, temps de travail « délirant » : les internes entrent en grève

Pour les actifs soumis à une détérioration globale de leur situation, beaucoup de clignotants sont au rouge : surcharge et intensification du travail, horaires décalés plus fréquents, isolement

Quatrième et dernier sous-ensemble : celui des actifs soumis à une détérioration globale de leur situation (11 % de l’échantillon). Pour eux, beaucoup de clignotants sont au rouge : surcharge et intensification du travail, horaires décalés plus fréquents, isolement. Autant de nouvelles contraintes, qui amènent deux tiers d’entre eux à se déclarer davantage « bouleversés, secoués, émus » qu’avant l’épidémie. Leur sentiment d’utilité au travail s’en ressent fortement. Il s’agit, là encore, principalement de femmes, cadres et professions intermédiaires de l’enseignement, des banques ou des assurances. A noter que les télétravailleurs sont surreprésentés dans cette catégorie.

Il vous reste 47.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.