Covid-19 : les TPE les plus fragiles guettées par la liquidation directe
Un an après le début de la crise liée au Covid-19, le couperet commence à tomber. Les entreprises en difficulté qui se présentent devant les tribunaux de commerce font l’objet d’une liquidation directe dans huit cas sur dix, sans passer par une procédure de sauvegarde ou de redressement, selon les chiffres publiés, mercredi 14 avril, par le cabinet Altares.
Sur les 7 406 procédures collectives ouvertes au cours des trois premiers mois de 2021, 170 se sont traduites par l’ouverture d’une procédure de sauvegarde, 1 493 par un redressement judiciaire et 5 743 jugements ont mené à la liquidation de l’entreprise. Cette proportion de liquidations directes, « jamais atteinte en vingt ans », dénote « la très grande fragilité de nombreuses structures », selon Thierry Millon, directeur des études Altares. « Quand elles arrivent devant les tribunaux, les entreprises sont à sec sur le plan financier et sur le plan psychologique, et ne cherchent même pas à obtenir un redressement judiciaire », souligne-t-il. « Elles sont au bout du bout. »
Ces entreprises exsangues sont pour les trois quarts des TPE de moins de trois salariés : sur les 5 609 qui se sont tournées vers un tribunal au cours du premier trimestre 2021, 80 % n’existent plus aujourd’hui. Les TPE employant entre trois et cinq salariés sont à peine mieux loties. Dans les entreprises de plus grande taille (PME d’au moins 100 salariés), les liquidations directes sont plus rares, mais le nombre de défaillances a légèrement augmenté sur un an, passant de 17 au premier trimestre 2020 à 23 en 2021 – dont quatre seulement ont été liquidées.
Un changement de rythme s’amorce
Si le nombre global de défaillances reste très faible en valeur absolue, le changement de rythme semble s’amorcer. En 2020, en raison des aides, les faillites sont tombées à un plus bas niveau historique, en baisse de 38 % par rapport à l’année précédente. En janvier et février 2021, les ouvertures de dossier étaient encore en recul de 35 % et 45 %. Mais mars marque une rupture : le nombre de faillites n’est en recul « que » de 13 % par rapport à mars 2020, avec même une « explosion » (155 %) du nombre de dossiers sur les deux dernières semaines du mois.
Mais ce chiffre s’explique largement par le fait qu’au moment de premier confinement, en mars 2020, les audiences ont été suspendues et les dates butoirs repoussées pour les entreprises en difficulté. Selon Altares, environ 63 000 entreprises commerciales ne survivent aujourd’hui que grâce au soutien de l’Etat et à la faiblesse des taux d’intérêt, et seront donc particulièrement vulnérables lorsque les dispositifs d’aides toucheront à leur fin.
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