Coronavirus : Teleperformance accusée de mauvaises conditions de travail

Coronavirus : Teleperformance accusée de mauvaises conditions de travail

Des bureaux de Teleperformance, à Manille, aux Philippines, en 2013.
Des bureaux de Teleperformance, à Manille, aux Philippines, en 2013. Erik de Castro / REUTERS

Teleperformance (TP), le numéro un mondial des centres d’appels, est de nouveau accusé de mauvaises conditions de travail pour ses salariés face au Covid-19, mais cette fois l’alerte se situe au niveau international. La fédération syndicale mondiale UNI Global Union a déposé, jeudi 17 avril, avec les syndicats CGT, CFDT et FO, une plainte contre TP auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), notamment pour violation des droits des salariés à travailler en sécurité pendant la pandémie, à se syndiquer, etc. Et cela, dans 10 pays, dont la France. Le groupe TP, qui emploie 330 000 salariés dans 80 pays, nie l’ensemble des accusations. « Nous respectons les réglementations et directives locales et gouvernementales de chacun des pays » où TP est présent, indique le groupe.

Déjà sollicitée en mars pour dialoguer sur ce sujet par l’UNI, TP avait refusé le dialogue. « Nous travaillons avec les syndicats locaux ou des ONG, au plus près du terrain », justifie Olivier Rigaudy, directeur général délégué du groupe. Problème : selon l’UNI, dans beaucoup de pays où TP exerce, il n’y a pas de syndicats, ou alors TP ne les reconnaît pas. « Même s’il n’y a pas d’organisations, TP doit respecter les droits et protéger la santé des travailleurs », reproche Christy Hoffman, secrétaire générale d’UNI.

Aux Philippines, par exemple, confinés depuis le 16 mars, où TP emploie 48 000 personnes, les salariés qui ne peuvent pas aller de leur logement à leur centre d’appel dorment par terre dans les bureaux. « Et pas seulement chez TP », précise Mylene Cabalona, présidente de l’association BIEN (BPO Industry Employees Network) des travailleurs philippins des services externalisés.

30 % de l’effectif dort au bureau

Car, s’ils restent chez eux, ils ne sont pas payés. « Pour les collaborateurs qui le souhaitent, nous proposons un hébergement sur place en lien avec les autorités locales », admet-on chez TP. Cet « hébergement offre toutes les conditions de confort, de sécurité et d’hygiène : lits futons, repas, nettoyage des lieux », etc. Dans l’équipe de Jay (prénom modifié), jeune téléconseiller chez TP à Manille, environ 30 % de l’effectif dort sur place. « L’entreprise nous a dit de respecter la distanciation sociale, sinon on est renvoyé. Mais entre les collègues qui dorment par terre, ce n’est que depuis peu que 1 mètre les sépare. Avant, il y avait l’espace de la paume de la main. » Jay a « peur » de travailler dans le centre, car il a des problèmes pulmonaires. « On ne sait pas le nombre de cas de Covid19. Il n’y a pas de programme de tests, et la direction ne communique pas sur le sujet. »

Il vous reste 58.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.