Coronavirus : les salariés de Pôle emploi dénoncent leurs conditions de travail
Vent de fronde à Pôle emploi. Plusieurs syndicats implantés au sein de l’opérateur public tirent le signal d’alarme, estimant que des membres du personnel continuent d’être soumis à un risque d’infection due au coronavirus, malgré la fermeture au public des agences. Force ouvrière (FO) a même déposé un préavis de grève à compter du lundi 30 mars, pour exiger que les agents, encore appelés à se rendre sur leur lieu de travail, cessent de le faire. Le chef du gouvernement, Edouard Philippe, et la ministre du travail, Muriel Pénicaud, ont été interpellés sur la situation.
A mesure que l’épidémie de Covid-19 prenait de l’ampleur, Pôle emploi a dû totalement revoir sa relation avec les chômeurs. Les changements sont intervenus en plusieurs étapes, l’objectif étant de garantir la « continuité » du service tout en se conformant à des consignes sanitaires de plus en plus strictes. Ainsi, le 15 mars, le ministère du travail annonçait de nouvelles « modalités de fonctionnement » : les « usagers » étaient invités à privilégier les coups de téléphone « ou les contacts par mail », « l’accueil physique en agence » restant possible sur la base de rendez-vous pour traiter les cas « d’urgence ».
La moitié des effectifs travaillent à distance
Un choix critiqué par les syndicats car il concourait, selon eux, à exposer encore les agents à un risque de contamination, à l’occasion de rencontres avec des chômeurs ou lors de déplacements en transports en commun pour aller travailler. Dans plusieurs régions, dont l’Ile-de-France, les représentants du personnel, qui siègent au sein du comité social et économique (CSE), ont voté des droits d’alerte pour « danger grave et imminent ». Cette procédure, qui vise à signaler à la hiérarchie une situation susceptible de compromettre la santé ou la sécurité des salariés, a également été enclenchée à l’échelon national par FO.
Dans ce contexte, Pôle emploi a décidé de stopper (sauf exception) la réception des usagers dans ses sites. Parallèlement, de plus en plus de salariés de l’opérateur poursuivent leur mission en travaillant à distance, à l’aide d’un ordinateur : lundi, ils étaient un peu plus de 25 000 à assurer leurs tâches ainsi, soit presque la moitié des effectifs. « Cette solution nous permet de mener à bien nos activités essentielles », affirme Michaël Ohier, directeur général adjoint chargé du réseau.
Dans le même temps, une petite partie du personnel va dans les agences, notamment pour relever les courriers postés par les chômeurs. Le but est de limiter au maximum la présence humaine sur place : trois à quatre personnes, avec au moins un « manageur de proximité », explique M. Ohier. Lundi, il y avait 2 910 salariés sur les 1 200 sites de Pôle emploi, d’après la direction générale. Soit moins de 6 % des équipes.