Clauses de conscience au magazine « Rustica »

Clauses de conscience au magazine « Rustica »

Quand tailler ses arbustes, et comment ? A cette question, le magazine Rustica apporte généralement les réponses qu’en attendent les 146 398 acheteurs de l’hebdomadaire (diffusion France payée 2020, en baisse de 4,08 % par rapport à 2019, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias). En cette fin d’hiver, la crainte de ses journalistes est de devoir bientôt vanter, en plus, les mérites du sécateur avec lequel opérer la coupe.

Au moins sept personnes sur les 25 que compte le magazine de jardinage sont sur le départ, auxquelles il faut ajouter les quatre salariés sur sept de Système D, le titre consacré au bricolage édité par la filiale de Rustica SA, PGV Maison. La plupart font valoir leur clause de conscience, ainsi que la direction le leur a suggéré après avoir mesuré l’émoi provoqué par la présentation, fin novembre 2020, des « orientations stratégiques » pour la période 2021-2023. Outre l’urgence de la transformation digitale et la nécessité de préserver la solidité du magazine, le document affirme un désir d’impliquer les équipes dans la monétisation des contenus et un rapprochement avec les annonceurs.

« Des journaux sans journalistes »

« On n’est peut-être pas un journal d’investigation, mais on informe nos lecteurs avec honnêteté », proteste David Fouillé, chef de service chez Rustica. « Des contenus publicitaires, on en produit depuis des années, reconnaît un salarié de Système D. Mais ils ont toujours été absolument distincts de l’activité rédactionnelle. On craint qu’il n’en soit plus de même demain. »

« Dès le départ, il y a eu une incompréhension, plaide Caroline Thomas, la directrice générale, regrettant le « bruit négatif » généré en dehors du groupe par cette crise. « Il n’est absolument pas question d’impacter la qualité éditoriale de nos titres. Quant aux départs, ils seront remplacés. Il y aura des recrutements, avec des missions ou des postes qui seront reformatés ». 

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Une promesse que les équipes traduisent par une volonté de faire « des journaux sans journalistes ». La comparaison avec le groupe Reworld Media (Marie-France, Auto-Moto, etc.) est dans toutes les têtes. D’autant plus que Caroline Thomas y a exercé les fonctions de directrice générale adjointe de pôle. « Si au moins notre mouvement pouvait sensibiliser le ministère de la culture sur ce qui se passe dans la presse, y compris spécialisée », souffle un journaliste. Les conclusions d’une mission de réflexion sur le conditionnement des aides à la presse à la présence de journalistes dans les rédactions, voulue par Roselyne Bachelot, sont justement attendues pour mars.

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LJD

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