Chute mortelle d’un cordiste à Nîmes : « Apparemment, tout le monde était pressé sur ce chantier »

Chute mortelle d’un cordiste à Nîmes : « Apparemment, tout le monde était pressé sur ce chantier »

Pour expliquer les causes de la mort de Mickaël Beccavin, survenue après une chute de plus de 10  mètres le 6 mars 2018 à Nîmes (Gard), on peut zoomer sur l’extrémité d’une corde effilochée. Ou opter au contraire pour le plan large, à même d’englober ce qu’était en 2018 l’immense chantier du Trigone, devenu aujourd’hui cet ensemble d’immeubles colorés qui accueille le visiteur dans la ville dès la sortie de la gare.

C’est entre ces deux points de vue sur un même drame que l’audience a navigué tout au long de la journée du vendredi 7 mai, au sein du tribunal correctionnel de Nîmes. Deux entreprises comparaissaient pour homicide involontaire : la société de travaux sur cordes Sud Acrobatic, et l’entreprise Eiffage Construction Gard. Poursuivie pour le même chef d’accusation, mais liquidée en 2019, la société Ciciarelli, chargée de la confection des balcons, n’était pas représentée. Au grand dam des parties civiles, qui déploraient que seules les personnes morales aient été poursuivies, mais ni le chef de chantier ni le coordonnateur de la sécurité.

Il y a donc cette corde fatale à laquelle Mickaël Beccavin s’est accroché le 6 mars 2018. Suspendu au-dessus du vide, il œuvrait cet après-midi-là à la pose de balcons métalliques : soulevés par une grue, ceux-là devaient être fixés manuellement à la façade d’une future résidence pour étudiants. Après la pose de quatre balcons sur la travée de gauche, le grutier présente un balcon de la mauvaise taille, destiné à la travée de droite. L’équipe de trois cordistes décide alors de changer l’ordre d’installation et Mickaël Beccavin amorce une translation sur la travée de droite.

Pourquoi ce choix plutôt que d’attendre les deux derniers balcons de gauche, comme le prévoyait le programme du jour ? Ni le dossier – dont même le ministère public déplorera qu’il n’ait pas été confié à un juge d’instruction – ni l’audience – lors de laquelle aucun témoin de l’accident n’a été entendu – ne le diront. Mais Sébastien Gimard, gérant de la société Sud Acrobatic, aura cette phrase, quelques minutes après son arrivée à la barre, qui marquera l’audience : « Apparemment, tout le monde était pressé sur ce chantier. »

Suspendu à une seule corde

Pour travailler sur la droite, Mickaël Beccavin doit s’accrocher sur un autre jeu de longes qui descend du toit, en prenant garde de toujours être tenu par deux cordes, une de travail, l’autre de sécurité. Mais, pour une raison inconnue, il ne s’est trouvé suspendu qu’à une seule. Celle-là a-t-elle alors rompu, ou était-elle déjà coupée lorsqu’il s’y est accroché ? Lorsque le cordiste a commencé sa descente en rappel, il est tombé dans le vide. Il avait 39 ans. Une fille de 9 ans. Un père, une mère, un frère, une sœur, une ex-compagne – tous les cinq présents à l’audience, traumatisés.

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LJD

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