Chez General Electric, à Belfort, « le management à l’américaine est celui du rouleau compresseur »

Chez General Electric, à Belfort, « le management à l’américaine est celui du rouleau compresseur »

Des employés de General Electric (GE) manifestent devant l’entrée principale du site de l’entreprise à Belfort, le 19 octobre 2019.
Des employés de General Electric (GE) manifestent devant l’entrée principale du site de l’entreprise à Belfort, le 19 octobre 2019. SEBASTIEN BOZON / AFP

Il faut avoir les nerfs solides, chez General Electric (GE), à Belfort. L’entité gaz du conglomérat américain de l’énergie vacille depuis l’annonce, en mai, d’un projet de délocalisation d’activités, notamment vers l’Arabie saoudite et les Etats-Unis. Une nouvelle gifle, après le Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de l’automne 2019 et la suppression de 485 postes sur 1 760.

Pour Patrick Mafféïs, la faute en revient au Covid-19. « Ce transfert de 40 000 heures de production est ponctuel », a promis le vice-président des opérations industrielles de GE Power pour l’Europe. « Depuis mi-mars, la pandémie nous a empêchés de réaliser plus de 65 000 heures planifiées à Belfort. » Or, « nous ne pouvons pas les décaler en 2021 ».

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Philippe Petitcolin, délégué CFE-CGC, résume : « Le management à l’américaine est celui du rouleau compresseur. La direction pousse le bouchon pour voir comment ça réagit en face. Si elle ne rencontre aucun obstacle, elle fonce. La seule réponse possible, c’est le rapport de force. » Chez GE, la vérité d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier… ni celle de demain. « Un jour on intègre, le lendemain on sous-traite, le surlendemain on vend… », lâche, désabusé, le syndicaliste.

Le groupe a finalement changé d’avis ces derniers jours, prévoyant désormais de maintenir à Belfort 33 000 heures, soit plus de 80 % de la charge. Les 7 000 heures restantes seraient confiées à la sous-traitance, en Haute-Saône et aux Etats-Unis, et le site belfortain en garderait l’entière maîtrise.

« Hors de question de brader nos acquis ! »

Cette ultime proposition de la direction est assortie de contreparties avec des journées de travail certains samedis et le report, en 2021, d’une dizaine de jours de congés payés. Et d’une exigence : son approbation à l’unanimité par les organisations syndicales représentatives du collège des ouvriers. « On ne parle plus de délocalisation. Cela nous paraît acceptable, même s’il faut encore entrer dans le détail des mesures », commentent Alexis Sesmat (SUD) et Philippe Petitcolin.

Pas pour la CGT, leader dans ce collège, qui voit rouge en entendant le mot flexibilité. « Hors de question de brader nos acquis et de céder au chantage ! », s’irrite Cyril Caritey, son secrétaire général. « Cela conduirait à la dégradation des conditions de travail et de vie des salariés. » Pour lui, accepter ne serait-ce qu’un petit volant de sous-traitance, c’est mettre le doigt dans un engrenage mortel. « Moins d’heures réalisées à Belfort, ce sont des coûts fixes plus difficiles à amortir et une dégradation de la compétitivité du site, déjà très affaibli et déstructuré par le PSE. » Il s’alarme aussi de la désorganisation du travail : « Certaines turbines sont expédiées incomplètes. On court après les pièces. L’outillage manque… »

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