« C’est pas beaucoup mieux que chez Deliveroo » : dans les « dark stores », les petites mains de la livraison à domicile
Après avoir terminé son travail à minuit et quart, Hichem (à la demande du salarié, le prénom a été modifié) s’est couché à 2 heures du matin. Ce qui n’a pas empêché ce coursier à vélo chez Flink, une entreprise de livraison à domicile, d’accepter notre demande d’interview à 10 heures le même jour. Il faut dire que les horaires décalés, Hichem connaît : c’est un ancien coursier à vélo de chez Deliveroo et Uber Eats, dont le modèle a inspiré celui des acteurs du « quick commerce ».
Comme Cajoo, Getir ou Gorillas, Flink est une de ces jeunes pousses à la croissance fulgurante qui promettent aux particuliers de faire livrer leurs courses en une poignée de minutes par des livreurs à deux-roues, partant de magasins n’accueillant pas de public, les « dark stores ». Avec une différence de taille par rapport à Deliveroo et consorts : chez l’allemand Flink, comme chez ses concurrents, tous les livreurs sont employés en tant que salariés.
Ce n’est pas tellement le statut protecteur du CDI qui a incité Hichem à intégrer la start-up, mais plutôt la rémunération : « Quand je travaillais pour Deliveroo et Uber Eats, une fois les charges payées en tant qu’autoentrepreneur, il ne me restait presque plus rien. » Pourtant, les salaires ne sont pas bien lourds chez Flink et les autres entreprises de livraison à domicile : autour du smic, avec des majorations pour le travail en soirée et le dimanche.
Livraison en dix minutes
Chez Cajoo, la rémunération tourne autour de 10 euros brut de l’heure, auxquels s’ajoutent une prime conventionnelle et une majoration de 20 % pour le travail en horaires décalés. Pour 35 heures, Hichem gagne 1 200 et quelques euros. Autre différence majeure avec Deliveroo et cie : les livreurs attendent au chaud dans les entrepôts, pas sur un bout de trottoir. Et ils sont payés à l’heure, quel que soit le nombre de clients qui passent commande.
Mais les conditions de travail restent difficiles, est d’avis Ludovic Rioux, secrétaire général du syndicat CGT de la livraison de Lyon : « Même si les employés signent en CDI, c’est pas beaucoup mieux que chez Deliveroo. Il y a beaucoup de travail en soirée et sur le week-end, car c’est là où il y a le plus de commandes. »
Surtout, la promesse de livraison en dix minutes, premier argument de vente de la plupart de ces plates-formes, soumet les livreurs et préparateurs de commandes à un haut niveau de stress. « Comme il n’y a pas encore assez d’entrepôts, on peut se retrouver à faire des trajets de 5 ou 6 kilomètres », soupire Hichem. Le tout avec des sacs dont le poids varie entre sept et douze kilos.
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