C’est le moment des grands chantiers chez France Télévision
Une partie des travailleurs et des syndicats s’effrayent des changements effectués tambour battant dans un contexte performant changeant.
A France Télévisions, le changement est à tous les zones. Sa PDG, Delphine Ernotte, a initié six chantiers, portant sur la régionalisation de France 3, la présence de l’outre-mer sur les antennes, l’information, l’éditorial, l’innovation technologique et les fonctions support. L’ampleur de ces bouleversements soulève les inquiétudes d’une partie des salariés et des syndicats, qui redoutent des réformes menées tambour battant, alors même que l’Etat a imposé des économies drastiques – un effort financier autour de 350 millions d’euros d’ici à 2022.
En 2018, le gouvernement a ordonné des choix pas uniquement budgétaires, qui passent par le renforcement de l’offre régionale de France 3 avec un rapprochement de France Bleu, le réseau local de Radio France, la cession, d’ici à 2020, de la télévision hertzienne de France 4, la chaîne des enfants, et de France Ô, celle de l’outre-mer, l’aggravation des investissements dans le digital et une « sanctuarisation » du paiement des séries et documentaires. Les plates-formes américaines, comme Netflix, ont changé le paysage, de nouveaux concurrents et non des moindres (Disney) s’apprêtent à débarquer dans la vidéo à la demande sur abonnement (SVOD). Bref, l’audiovisuel public est appelé à s’ajuster de gré ou de force.
Du côté de la direction, l’heure est à la résolution d’un « projet d’entreprise » avant l’été, afin d’aménager la mutation. Mercredi 17 et jeudi 18 avril, il en a été question au comité social et économique central (CSEC) – l’instance représentative du personnel. A terme, France Télévisions ambitionne d’être une chaîne présente non uniquement en linéaire, mais aussi sur le digital, avec une attribution en gratuit sur son site France.tv et une fenêtre payante en SVOD grâce à la plate-forme Salto. Fruit d’une assistance avec TF1 et M6, ce projet est maintenant observé par l’Autorité de la concurrence.
« La guerre structurelle, c’est les contenus »
Pour s’assurer qu’à l’avenir des séries à succès qu’elle finance comme Dix pour cent ne s’achèvent pas sur Netflix, la télévision publique a, de plus, signé, en janvier, un accord qualifié d’« historique » avec l’ensemble des syndicats de producteurs pour obtenir une exclusivité sur ses sites en gratuit et des droits plus longs sur la SVOD. En réplique, elle s’est engagée à une garantie d’investissement de 420 millions d’euros d’ici à 2022. « La bataille structurelle, c’est les contenus », déclare-t-on à France Télévisions.