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Ouverture d’une enquête à l’université de Lorraine après des échanges racistes entre étudiants

Echanges de propos racistes entre des étudiants : l’université de Lorraine ouvre une enquête
Un signalement auprès du procureur de la République a été effectué, après la découverte de propos racistes sur un groupe de messagerie privée d’étudiants.
L’université de Lorraine a ouvert, lundi 29 avril, une enquête administrative, à la suite de divers signalements concernant des échanges de propos et de vidéos racistes entre des étudiants sur le campus de Metz. Une commission d’enquête interne va « convoquer les auteurs des faits, entendre les différentes victimes et témoins des agissements racistes qui ont été révélés ces derniers jours », a indiqué dimanche l’établissement.

« Nous avons été alertés par les réseaux sociaux sur le fait qu’un groupe privé Messenger [la messagerie de Facebook] d’étudiants en sociologie à Metz était apparemment un déversoir de propos et de vidéos racistes se moquant des étudiants et d’enseignants noirs », avait expliqué samedi le directeur de la communication de l’université, David Diné, à l’Agence France-Presse (AFP).

Un signalement au procureur de la République de Metz a été effectué durant le week-end par l’université, qui a condamné « la gravité des actes racistes dont elle a pris connaissance ». Elle a également annoncé la mise en place d’un dispositif d’accompagnement et d’écoute en direction des personnes victimes et de la communauté universitaire.

Une marche contre le racisme
L’affaire a été révélée lors d’une sortie pédagogique, jeudi, quand une jeune fille a pris des captures d’écran des conversations de ce groupe de messagerie électronique, et les a postées sur les réseaux sociaux. « Ces étudiants prenaient des photos et des vidéos des étudiants noirs, qu’ils publiaient dans le groupe en les traitant de “singes”, “bonobos”, qui se “bouffent le cul”, c’est absolument exécrable », décrit Ousmane Gueye, étudiant en communication et ami des victimes.

Le syndicat étudiant UNEF Lorraine a appelé, dans un communiqué, la communauté universitaire « à prendre toutes les mesures nécessaires pour que de telles agressions ne puissent plus se reproduire », notamment en renforçant les « moyens alloués au chargé de l’égalité de l’université ».

Dans une lettre adressée à la ministre de l’enseignement supérieur, dimanche, l’association SOS-Racisme s’inquiète elle aussi de ces événements d’une « particulière gravité », qui révèlent « des visions racistes sur fond de dynamiques identitaires qui ont produit, ces derniers mois, des actes racistes à Metz ou des actes antisémites sur plusieurs campus ». Elle demande la mise en place, dans chaque établissement, de dispositifs d’écoute et d’accompagnement pérennes, que pourraient saisir des étudiants et enseignants s’ils sont victimes de racisme, d’antisémitisme ou de discrimination.

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Brexit : « Des coalitions sauraient étonnamment voir le jour dans l’enseignement universitaire entre la Grande-Bretagne et l’UE »

Quel paradoxe si, définitivement, le Brexit repoussait les grandes institutions britanniques à se tourner davantage vers l’Europe, s’exclame Delphine Manceau, spécialiste en management.

On nous interroge souvent pour savoir si le Brexit constitue une opportunité pour les institutions d’enseignement supérieur françaises. D’abord, nous ne saurions nous réjouir d’un événement qui ferme les frontières alors que nous préparons les jeunes à un entourage généralisé. Mais plus encore, nous pensons qu’il aura un effet paradoxal d’ouverture européenne consolidée des institutions britanniques.

Les cent cinquante établissements d’enseignement supérieur britanniques, signataires d’une lettre ouverte destinée en janvier aux membres du Parlement européen pour avertir sur les suites académiques, culturelles et scientifiques du Brexit, sont anxieux. En effet, il semble actuellement clair que le Brexit saurait avoir des suites majeures sur l’attractivité du système éducatif britannique.

Les suites se font déjà percevoir, comme en témoigne un nouvel article du mensuel Times Higher Education accentuant le déclin de réputation des grandes institutions britanniques. Si 450 000 étudiants internationaux regagnent chaque année le Royaume-Uni, avec à la clé plus de 14 millions de livres sterling qui participent au produit intérieur brut (PIB) national, ce chiffre pourrait fermement amoindrir.

D’abord, à cause d’une potentielle promesse pour les ressortissants étrangers d’avoir un visa de travail aux termes de leurs études au Royaume-Uni.

Programmes de recherche arrangement

Mais aussi à cause d’un accroissement plaisante des frais de scolarité compensant une attractivité en déclin à l’international. Toutefois, ces transformations ne sont pas nouvelles. Les conditions d’accès aux visas étudiants se sont durcies depuis quelques années déjà, sous l’élan d’ailleurs de Teresa May quand elle était secrétaire d’Etat à l’intérieur.

Autre crainte : l’attractivité auprès des enseignants-chercheurs. La sortie de l’Union européenne dominerait restituer en cause les programmes de recherche financés par des fonds européens au sein des universités britanniques, et obscurcir l’obtention de visas pour les professeurs étrangers. Deux effets collatéraux qui inquiètent les meilleures institutions, comme la London Business School et l’University of Exeter Business School.

Le journal britannique The Independent montre d’ailleurs qu’en 2017, plus de 2 300 universitaires européens ont abandonné des universités britanniques (+19 % par rapport). Avec 230 départs (contre 171 en 2014-2015), l’université d’Oxford correspond la plus grosse perte.

L’augmentation des frais universitaires en France passe mal au Maghreb

« Un rêve devenu impossible », une « exclusion » : au Maghreb, l’augmentation des frais d’inscription dans les universités françaises pour les étudiants non ressortissants de l’Union européenne (UE) suscite frustration et déception. Près d’un quart des plus de 300 000 étudiants étrangers en France est originaire d’Afrique du Nord.

Dans le centre-ville de Rabat, entre bâtiments administratifs et immeubles Art déco, une petite dizaine de jeunes se rassemblement devant une annexe de Campus France, l’organisme public chargé de la promotion à l’étranger de l’enseignement supérieur de l’Hexagone. Ils sont ici pour un « entretien de candidature », étape préalable à une demande de visa étudiant.

En plus des démarches souvent difficiles et coûteuses, ils devront composer avec la hausse des frais universitaires pour les étudiants étrangers extracommunautaires. Dès la rentrée 2019, ceux-ci devront s’acquitter de 2 770 euros par année en licence et de 3 770 euros en master et doctorat, contre 170 euros en licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat pour les Européens.

« On peut accepter une augmentation des frais, mais pas dans ces proportions. On est passé de rien à 2 800 euros par an, c’est trop ! », Mentionne Omar, 21 ans, l’un des jeunes présents. « La France est devenue une destination pour les étudiants riches. Si tu es pauvre ou issu de la classe moyenne, tu restes chez toi », accuse Salah, 22 ans, inscrit en gestion des entreprises dans une école privée à Rabat. Lui dit avoir abandonné à son projet de master en France : « Vu la hausse, je préfère aller là où les études sont gratuites. »

« Au Maroc aussi, il faut souvent payer »

Selon les dernières estimations de Campus France, en 2017, le Maroc était le premier pays d’origine des étudiants étrangers non européens dans l’Hexagone, avec 38 000 ressortissants. Depuis l’annonce de la réforme, une baisse de 15,5 % des demandes a été enregistrée pour le royaume. Reste que, dans ce pays où l’école publique est soulignée de tous les maux, une scolarité payante est devenue la norme dans les classes moyennes et aisées. « Au Maroc aussi, il faut souvent payer pour étudier », relève ainsi Khalil, 17 ans, qui fréquente un lycée privé à Kénitra, au nord de Rabat. Il trouve « normale » la hausse des frais universitaires en France « car les étudiants français paient les [impôts] chez eux, alors que nous, on ne paie rien, juste les frais de scolarité ».

Une quinzaine d’universités françaises ont fait savoir qu’elles utiliseraient toutes les possibilités réglementaires existantes pour permettre à ces étudiants de profiter du régime tarifaire actuel. Mais le nombre de candidats à une licence à la fac est en baisse de 10 % pour la rentrée prochaine sur l’ensemble des pays hors UE. En Algérie et en Tunisie, la chute est respectivement de 22,95 % et 16,18 %, selon des chiffres divulgués début février à Paris par Campus France. Dans ces deux pays aussi, la mesure éclaircie par le gouvernement français passe mal.

Hichem, matriculé en deuxième année de biologie à l’université de Bejaïa, à l’est d’Alger, affirme avoir dû abandonner son projet d’études dans l’Hexagone. « J’étais à un stade très avancé […] quand j’ai appris la nouvelle de l’augmentation des frais. J’ai tout annulé. C’est trop cher, c’est impossible pour moi. C’est une forme d’exclusion envers les étudiants étrangers », regrette-t-il. Etudiant au sein de la même université, Amer avait « préparé tout le dossier » et « pris des rendez-vous pour les entretiens », mais lui aussi a irrémédiablement « tout abandonné ».

La Tunisie, elle, s’estime triplement touché. Avant même l’explosion des frais universitaires en France, la dépréciation du dinar entraînait déjà un renchérissement important des études à l’étranger. Et les agitations sociales qui ont touché les lycées fragilisent les dossiers de certains candidats, qui n’ont aucun bulletin à présenter pour le premier trimestre. Représentant de Campus France à Tunis, Hosni Dakhlaoui confirme une baisse sensible des demandes par rapport à la même période l’an passé.

Rania, 20 ans, prépare son bac de lettres dans un lycée public. « J’ai toujours voulu étudier en France, c’est un rêve d’enfance, déclare-t-elle à l’AFP. Mais un rêve devenu impossible. Entre la hausse des frais et le dinar qui perd sa valeur, cela devient bien trop cher pour des gens comme moi. »