Un marché adéquat et des jeunes diplômés confiants… c’est la conclusion de l’Étude de rémunération jeunes Diplômés 2018-2019 menée par le cabinet Walters People !
Le cabinet Walters People, spécialisé dans l’embauche intérimaire et permanent pour les fonctions supports et financières des entreprises, rélève son étude annuelle des salires 2018-2019 centrée sur les jeunes diplômés. Avec un marché de l’emploi retrouvant sa vitalité aussi bien dans les grands groupes que dans les PME, l’environnement s’avère bénéfique aux personnes qui entrent sur le marché du travail…
La fidélisation des jeunes diplômés devient dès lors une contribution importante pour les entreprises qui doivent désormais travailler leur attractivité pour répondre aux nouvelles attentes de cette génération. De leur côté, les jeunes diplômés se montrent confiants dans les opportunités offertes par le marché pour l’année à venir…
La recherche aux talents profite aux jeunes candidats
L’employabilité des jeunes diplômés est confortée aussi bien pour les candidats Bac+4/5 que pour les jeunes titulaires d’un Bac +2/3, dont les perspectives sont positives dans tous les secteurs d’activité.
Ces derniers augmenteront leurs chances en suivant des formations en alternance ou en apprentissage, très prisées des recruteurs car « professionnalisantes ».
Confirmation du prélèvement à la source en janvier : impact sur les métiers de la paie
La récente confirmation de la mise en place du prélèvement à la source prévue pour janvier va fortement impacter les métiers de la paie en 2019, qui sont déjà soumis à de fortes tensions et une pénurie de candidats. Les profils juniors vont donc pouvoir profiter de cette situation.
Après quelques mois de stage, les jeunes diplômés spécialisés en paie pourront ainsi rapidement trouver un emploi. Les profils de gestionnaire de paie pourront prétendre à des salaires compris entre 28 et 32K, bénéficiant d’une augmentation de 6% pour 2019…
Les compétences en conformité, clés pour le secteur bancaire
En banque et sans surprise, les métiers liés aux risques et à la conformité continuent d’être très recherchés par les recruteurs, en raison d’un contexte toujours très présent de sécurisation et de responsabilisation des entreprises. Le profil clé de Compliance Officer (augmentation sur 2019 prévue de 11%) est notamment très demandé au sein des banques de financement et d’investissement, pour répondre aux récentes réglementations anti-blanchiment et anti-terrorisme.
L’assistanat
L’assistanat est un secteur qui illustre parfaitement l’évolution des métiers accélérée par la digitalisation. Dans le contexte de reprise de l’activité, les entreprises recherchent des profils assurant la coordination entre les différents départements, mais aussi auprès des prestataires externes. Une hausse moyenne des salaires de 5% sur l’ensemble de ces métiers est ainsi attendue pour 2019.
Les postes d’Office Manager et d’assistant de direction tirent leur épingle du jeu et devraient connaitre une augmentation de salaires de l’ordre de 7% en 2019. Le marché se montre particulièrement ouvert aux jeunes diplômés ayant suivi des formations en alternance, déjà rompus à l’univers professionnel et démontrant des capacités d’adaptation plus rapides…
La digitalisation :
La digitalisation également est sous tension depuis plusieurs années dans le secteur de l’assurance accélère le besoin de renouvellement des effectifs au sein de tous les acteurs du marché, enclenchant une augmentation mécanique des salaires. Les profils bac +2/3 ou bac +5 sont donc activement recherchés, qu’ils soient issus de formations en assurance, banque ou droit des assurances. Dans ce secteur toujours plus orienté client, les entreprises s’ouvrent à des profils non-expérimentés qu’elles formeront post-recrutement ; un moyen de rendre les talents opérationnels plus rapidement et de les retenir.
Le métier de souscripteur apparaît ainsi comme un métier d’avenir pour les jeunes diplômés, offrant de belles opportunités d’évolution avec des salaires compris entre 33 et 44K pour 2019.
L’immobilier et de la construction :
Le secteur de la construction bénéficie d’un contexte exceptionnel avec des recrutements nombreux et efficace ainsi que des rémunérations en croissance sur la plupart des jobs. Les recruteurs voient parallèlement arriver les chercheurs d’emploi à fort potentiel, hautement qualifiés et hyper-spécialisés grâce à des formations de qualité et adaptées au marché. Les opportunités étant plus nombreuses que les candidats sur la plupart des fonctions, ces derniers peuvent pour certains choisir leur poste dès la sortie d’école.
Le métier star dans ce secteur reste celui d’ingénieur travaux (35-42K), ainsi que tous les postes d’encadrement de chantiers, avec par exemple une augmentation prévue de 7% pour le métier de chef de chantier. Les recruteurs doivent donc s’adapter et proposer des conditions de rémunération suffisamment attractives pour pouvoir capter ces jeunes fraîchement diplômés et fortement sollicités.
Dans l’immobilier, la situation est pareille avec un contexte particulièrement favorable aux profils juniors, qui devraient connaitre un boom en termes de salaires en 2019 (+4% en moyenne). L’immobilier d’entreprise et la promotion immobilière sont les deux domaines les plus accessibles pour les jeunes diplômés.
Ce contexte exceptionnel avec un volume d’offres d’emploi supérieur au nombre de candidats, permet de mettre en lumière certains métiers comme celui d’assistant (28-33K)ou de responsables de programmes (34-38K), très recherchés dans le cadre de l’expansion de grands projets tels que le Grand Paris. Cette situation de quasi plein emploi devrait perdurer encore plusieurs années.
L’IT, un secteur idéale pour les jeunes
La pénurie de candidats dans le secteur de l’IT et du digital continue de participer à la hausse des salaires amorcée depuis un an sur les profils juniors (+5% d’augmentation en moyenne).
Les métiers phares restent les profils ingénieurs étude et développement (avec des salaires compris entre 38 et 42K), chef de projet SI (38-40K) et technicien support (22-28K).
Enjeu d’attractivité pour les entreprises :
L’enquête menée par Walters People en France, auprès des demandeurs d’emploi montre que 55% des jeunes diplômés ont trouvé leur premier emploi avant l’obtention de leur diplôme ou dans les trois mois suivants. Signe de ce contexte porteur, une majorité des candidats (71%) se montrent confiants dans les opportunités de leur secteur.
Les entreprises font donc face aujourd’hui à des situations de volatilité des talents et celles-ci peinent souvent à retenir les candidats (88% des jeunes diplômés sont restés moins de trois ans dans leur premier poste). Pour répondre à ces enjeux, les entreprises doivent travailler sur leur agilité et repenser leur stratégie RH. Critères privilégiés par les jeunes générations : leur environnement de travail (64%) mais aussi les opportunités d’évolution (54%).
Alain Mlanao, directeur général de Walters People France, précise : « Les nouveaux modes de travail collaboratifs, le recours aux outils digitaux et la bienveillance des recruteurs vont se révéler de plus en plus déterminants pour l’attractivité des entreprises. Elles doivent s’adapter aux aspirations des meilleurs talents pour leur permettre de se projeter et de rester dans leur poste alors même qu’ils sont très courtisés sur le marché ».
« Soft skills »
Pour les candidats, les « soft skills » deviennent important… Une bonne capacité d’adaptation à l’environnement de travail fait de plus en plus la différence face à des compétences purement techniques.
L’importance de la formation professionnelle devient d’ailleurs un appui stratégique tant pour les entreprises (atout pour fidéliser et retenir les jeunes salariés) que pour les jeunes diplômés qui peuvent s’en servir comme tremplin pour évoluer au sein de leur entreprise…
Il y a trente ans, le combat se faisait entre ceux qui arrivaient à valider leur bac + 5 et les autres. Dans le contexte actuel, où de plus en plus de jeunes sont archidiplomés, même un master n’offre plus la certitude d’une entrée facile sur le marché de l’emploi.
Qu’est-ce qui rend l’insertion des jeunes diplômés si difficile ?
Seuls quelques établissements, les facultés de médecine notamment, organisent fortement le placement de leurs jeunes sur le marché du travail. Face au nombre de prétendants – que la plupart des secteurs n’ont pas le débit suffisant pour accueillir –, l’accès à un stage professionnel ne découle plus naturellement d’une bonne réussite de ses études. Ce qui rend plus grande encore la difficulté à entrer par la suite dans le monde du travail. Avec des études de plus en plus longues, au fur et à mesure desquelles les attentes des étudiants s’accroissent, la connaissance du milieu professionnel s’est, elle, dramatiquement rétrécie. Dans ce contexte, les risques de déconvenue au moment où le marché produit son verdict sont souvent brutaux.
En France, 43% des jeunes diplômés de 25-29 ans considèrent qu’ils ont des difficultés « à joindre les deux bouts », selon des chiffres Eurostat, contre seulement 10% en Allemagne. La brutalité vient donc aussi, une fois dans la vie active, de cette confrontation à un niveau de vie en deça des attentes…
Oui, dès que les parents cessent d’aider leurs jeunes à soutenir leur niveau de vie, les difficultés adviennent. Le contexte actuel se caractérise par une forte croissance du nombre de diplômés par rapport aux postes qualifiés disponibles, un coût élevé de la vie dans les zones urbaines où les jeunes diplômés tentent de trouver des emplois à leur niveau, et bien évidemment de prix souvent prohibitifs du logement. Dans ce cadre, les jeunes diplômés français peinent à payer les dépenses nécessaires habituelles.
Le « reste à vivre » ne leur permet plus de garantir les dépenses plus élaborées, considérées comme normales dans les classes moyennes (sortie, spectacle, vacances, etc.). Si le diplôme permet généralement d’échapper à la pauvreté, la faible valorisation relative de la jeunesse diplômée pourrait avoir des conséquences dramatiques sur le pessimisme français. Les efforts consentis par les parents pour offrir à leurs enfants de meilleurs diplômes ne permettent pas d’échapper au déclassement socio-économique.
Comment mieux préparer les étudiants à ce passage vers le monde professionnel ?
La valeur théorique des diplômes est bonne, leur valeur pratique dans le monde du travail est extrêmement réduite : c’est sur cela que l’enseignement supérieur français doit travailler. C’est un chemin que les grandes écoles de premier plan ont emprunté depuis longtemps, notamment en entretenant un lien très fort avec leurs réseaux d’anciens. Dans les secteurs plus précaires et universitaires, ces réseaux, très coûteux, sont bien moins étoffés et ne remplissent pas la mission essentielle de placement des étudiants.
Ils préfèrent alors parfois de partir au Québec, au Royaume-Uni ou en Allemagne faire un deuxième master, dans des institutions qui conservent une très forte connexion avec le marché du travail mais qui demeurent particulièrement onéreuses. Ce sont donc les étudiants les mieux armés par leur succès scolaire et par le soutien familial qui échappent le mieux à l’absence de transition en France.
Une citation de Sigmund Freud récapitule très bien, à mon sens, la situation française : « L’éducation pèche en ne préparant pas l’être jeune à l’agressivité dont il est destiné à être l’objet. (…) [Elle] ne se comporte pas autrement que si l’on équipait de vêtements d’été et de cartes des lacs italiens des gens partant pour une expédition polaire. » Il est urgent de fournir un nouvel équipement aux étudiants français pour qu’ils puissent aborder plus sereinement cette expédition qu’est l’entrée dans l’emploi.