Jusqu’où iront les technologies d’intelligence artificielle (IA) dans leurs capacités à battre les humains ? Elles traduisent à la volée dans toutes les langues ou presque, écrasent des champions du monde au go, génèrent des textes, images et vidéos plus vrais que nature sur simple demande… Maintenant, elles se piquent de mathématiques, considérées comme l’un des sommets de l’intelligence.
Cet été, plusieurs de ces systèmes ont obtenu l’équivalent d’une médaille d’or au prestigieux concours des Olympiades internationales de mathématiques, qui réunissent les meilleurs jeunes de moins de 20 ans dans cet exercice.
Cinq problèmes sur six ont été résolus par les IA, Gemini de Google, un logiciel d’OpenAI, mais aussi Seed-Prover de ByteDance (propriétaire du chinois TikTok), ou Aristotle, de la start-up américaine Harmonic. Ces programmes ont seulement « séché » sur un exercice combinatoire de pavage d’un plan, résolu par quatre participants humains.
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Dans une agence France Travail, à Paris, le 4 février 2025. LUDOVIC MARIN/AFP
La situation économique morose du pays n’empêche pas le marché du travail de continuer de se porter relativement bien. Les chiffres publiés, mardi 28 octobre, par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), qui dépend du ministère du travail, et par France Travail, confirment cette tendance. Des données devenues assez complexes à analyser depuis la loi « pour le plein-emploi » qui porte notamment la réforme du revenu de solidarité active (RSA) depuis le 1er janvier.
De prime abord, il apparaît qu’au troisième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail sans aucune activité (catégorie A) a augmenté de 1,6 % par rapport au trimestre précédent. Plus de 3,2 millions de personnes sont désormais enregistrées auprès de l’opérateur public sur l’ensemble du territoire (hors Mayotte) soit 51 000 de plus qu’au second trimestre.
Sur un an l’augmentation est encore bien plus nette, à 7,6 %. Si l’on ajoute les personnes en catégorie B, en activité réduite courte (moins de soixante-dix-huit heures par mois), et C (plus de soixante-dix-huit heures), la croissance du nombre de demandeurs d’emploi est de 1,5 % sur ce trimestre et de 5,3 % sur an, pour s’établir à plus de 5,6 millions de personnes.
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Le logo de l’Union nationale interprofessionnelle pour l’emploi dans l’industrie et le commerce (Unédic), à Paris, le 12 juin 2025. EMMA DA SILVA/AFP
Sauf coup de théâtre, leur demande restera lettre morte mais ils tiennent malgré tout à se faire entendre. Les responsables syndicaux et patronaux, qui copilotent l’assurance-chômage par le biais de l’association paritaire Unédic, viennent de demander au premier ministre, Sébastien Lecornu, de revoir à la baisse la ponction que l’Etat doit effectuer en 2026 sur les finances du régime. Cette démarche des acteurs sociaux survient alors que le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi est sous pression, du fait du ralentissement de l’activité économique.
Les instances de l’Unédic se sont manifestées auprès de Matignon à travers une lettre datée de lundi 27 octobre, qui est cosignée par le président, Jean-Eudes Tesson (Medef), et par la vice-présidente, Patricia Ferrand (CFDT) – ces deux personnalités exprimant une position unanime du « bureau » dans lequel sont représentées les organisations d’employeurs et de salariés dans leur ensemble.
Au cœur de leurs préoccupations, il y a la quatrième et dernière « tranche » du prélèvement de 12,05 milliards d’euros que les pouvoirs publics ont imposé au régime sur une période allant de 2023 à 2026. Dans ce cadre, 4,1 milliards doivent être soustraits à l’assurance-chômage en 2026, ce qui lui causerait un déficit estimé à 1,3 milliard d’euros. M. Tesson et Mme Ferrand souhaitent que la contribution exigée par l’Etat soit ramenée à 2,8 milliards (soit l’excédent qui serait dégagé s’il n’y avait pas de ponction), de manière que le système reste à l’équilibre en 2026.
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Docteur en droit, Damien Charlotin enseigne à l’Ecole des hautes études commerciales (HEC) de Paris et à Sciences Po Paris, où il conduit des recherches sur l’adaptation du droit et des juristes à la technologie et à l’intelligence artificielle (IA). Depuis le début de l’année, il tient à jour sur son site une base de données des cas problématiques d’utilisation d’IA par des juristes.
Vous avez fait une liste des cas d’« hallucination » de l’IAdans des affaires juridiques. De quoi s’agit-il exactement ?
Au tribunal, les avocats s’appuient toujours sur des affaires déjà jugées pour soutenir leur défense. La base de données que j’ai créée recense les cas où, lors de plaidoiries, certains d’entre eux ont présenté au juge une jurisprudence inventée ou erronée en raison des « hallucinations » d’un outil d’intelligence artificielle qu’ils avaient mal utilisé : soit la décision de justice présentée n’existe pas, soit le verbatim de celle-ci est faux, soit elle a été sortie de son contexte et utilisée à tort.
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Des employés entrent dans les bureaux d’Amazon, à Londres, en Grande-Bretagne, le 28 octobre 2025. ISABEL INFANTES / REUTERS
Le géant américain du commerce en ligne Amazon a annoncé mardi 28 octobre la suppression de 14 000 postes, sans préciser dans quelle partie du monde, mais en parlant d’une « réduction globale » liée en grande partie à l’intelligence artificielle. Cette annonce vient concrétiser la volonté affichée de son patron Andy Jassy de réduire les coûts, en pleine course aux investissements dans l’intelligence artificielle.
« Les réductions que nous annonçons aujourd’hui s’inscrivent dans la continuité [des] efforts pour devenir plus fort encore, en réduisant davantage la bureaucratie, en supprimant des niveaux [hiérarchiques] et en réaffectant des ressources », a écrit Beth Galetti, vice-présidente chargée des ressources humaines et de la technologie, dans une déclaration publiée sur le site d’Amazon.
« Cela impliquera des réductions dans certains domaines et des recrutements dans d’autres, mais cela se traduira par une réduction globale d’environ 14 000 postes dans l’effectif des bureaux » d’Amazon, a-t-elle poursuivi, à deux jours de la publication des résultats trimestriels de l’entreprise.
Impact de l’IA générative
Lundi, plusieurs médias américains avaient rapporté qu’Amazon allait entamer mardi ce mouvement d’ampleur, évoquant un total de 30 000 postes touchés sur plusieurs mois à travers le monde. Ces suppressions visent, selon ces médias, des fonctions supports ou stratégiques (ressources humaines, publicité, cadres, etc.), dans un groupe qui compte 350 000 postes de bureaux, sur un total de plus de 1,5 million de salariés.
La main-d’œuvre des entrepôts, qui est majoritaire dans les effectifs, ne sera a priori pas touchée, selon Beth Galetti qui évoque des coupes dans les emplois de bureaux d’Amazon. Elle a laissé entendre que ces 14 000 postes n’étaient qu’une étape avant, en 2026, « de continuer à recruter dans des domaines stratégiques-clés tout en identifiant d’autres occasions de supprimer des [postes], accroître la responsabilité et améliorer l’efficacité », a-t-elle poursuivi.
« Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que le monde évolue rapidement. Cette génération d’IA est la technologie la plus transformative que nous ayons vue depuis Internet, et elle permet aux entreprises d’innover beaucoup plus vite qu’auparavant », a-t-elle expliqué. En juin, le directeur général d’Amazon, Andy Jassy, avait annoncé que le développement de l’IA générative allait, « dans les prochaines années (…) réduire nos effectifs de bureaux ».
Ayline Bekar, 22 ans, a toujours voulu travailler dans le droit. Aujourd’hui étudiante en master 2 « justice, procès, procédures » à l’université Grenoble-Alpes, elle se souvient de son stage de 3e dans un cabinet d’avocats. « Il y avait des piles de dossiers et d’ouvrages juridiques un peu partout sur les bureaux, décrit-elle. Les avocats passaient un temps fou à chercher et à analyser des documents juridiques. »
Rien à voir avec ce qu’elle a trouvé lors de ses stages de troisième année de licence et de master, à peine dix ans plus tard. « La dématérialisation des actes juridiques s’est généralisée, raconte-t-elle. De nombreuses activités des avocats peuvent désormais être automatisées. » Une tendance qui s’est accélérée sans commune mesure ces dernières années avec l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) dans les métiers du droit. Ces derniers « sont en train d’évoluer profondément, et les futurs juristes doivent y être formés »,résume Ayline Bekar, qui, lorsqu’on l’a contactée mi-septembre, sortait de l’IA Week, événement organisé par sa fac de droit.
Ce rendez-vous réunissait justement des professionnels du secteur, des éditeurs juridiques, des « legaltech » (entreprises proposant des solutions numériques aux juristes) et des enseignants et étudiants en droit, afin de réfléchir à l’impact des IA sur les formations et les métiers de la justice. L’année 2025 a vu se multiplier ce type de tables rondes et les rapports sur le sujet. Un intérêt à la mesure de la petite révolution que constitue l’arrivée des « IA juridiques » dans un monde souvent décrit comme assez conservateur.
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Le site d’ArcelorMittal à Dunkerque (Nord), le 19 février 2019. LAURENT GRANDGUILLOT/REA
La réunion aurait dû être l’occasion d’une belle photo de famille, mais elle a plutôt tourné au règlement de comptes. Le 10 octobre, le vice-président de la Commission européenne chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné, a fait le déplacement à Dunkerque (Nord). Invité par le maire de la ville, Patrice Vergriete (divers gauche), il est venu vanter le plan européen pour l’acier annoncé trois jours auparavant, lors d’une rencontre avec les élus locaux et les dirigeants du sidérurgiste ArcelorMittal, acteur industriel central de la cité nordiste.
Réclamé par les aciéristes européens depuis des mois, ce plan vise à protéger la production européenne de la concurrence étrangère, notamment chinoise, en doublant à 50 % les droits de douane pour les importations sur le Vieux Continent, et en passant de 20 % à 10 % la part des importations qui y échapperont. Un dispositif salué par Eurofer, la fédération européenne de l’acier, dont ArcelorMittal est adhérent, comme « un bond en avant majeur pour le secteur ». Ces mesures, qui doivent être encore entérinées par les Etats membres de l’Union européenne (UE), offrent « une visibilité nécessaire aux entreprises pour poursuivre leurs investissements », selon le lobby.
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Stand de l’Urssaf Limousin, qui gère le statut d’artiste-auteur, lors du MaMA Music & Convention, à Paris, le 15 octobre 2025. LEO RAIMONDJEAN/REA
Depuis des décennies, les artistes-auteurs se battent pour leur droit à une véritable protection sociale. Vingt-huit organisations d’auteurs, traducteurs, scénaristes, artistes, illustrateurs, designers, écrivains, compositeur, photographes… ont signé une tribune dans Libération, le 23 octobre, pour demander une chose qui semble pourtant assez simple : une gouvernance digne de ce nom pour leur Sécurité sociale. Ils souhaitent en effet « la création d’un Conseil de protection sociale des artistes-auteurs, inscrit dans le code de la Sécurité sociale » et « des représentants élus par les artistes-auteurs et non désignés par le gouvernement ». Avec des missions « claires » et une « gouvernance décisionnaire transparente exclusivement composée des partenaires sociaux : syndicats et organisations professionnelles des artistes-auteurs et des diffuseurs [les exploitants des œuvres comme les galeries d’art ou les éditeurs] ».
Contrairement aux autres professions, les artistes-auteurs ne participent pas réellement au pilotage de leur protection sociale. Or l’article 5 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 qui devrait être discuté en séance publique à l’Assemblée nationale, mardi 4 novembre, prévoit le statu quo concernant cette gouvernance, ce qui explique le caractère inédit de la mobilisation des artistes-auteurs.
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Le centre hospitalier universitaire de Caen, le 5 octobre 2025. CHARLES BURY/« OUEST FRANCE »/MAXPPP
La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Au service des urgences du centre hospitalier universitaire (CHU) de Caen, à compter du lundi 3 novembre, il n’y aura plus d’internes de médecine en stage (après la sixième année d’études), ni de « docteurs juniors » (en dernière année), ou d’externes (quatrième et cinquième années). Soit tous ces jeunes médecins en formation, qui apparaissent, à l’heure où l’hôpital souffre de la pénurie médicale, des plus indispensables pour maintenir l’offre de soins.
La décision apparaît exceptionnelle dans un service d’urgence d’un centre hospitalier universitaire : l’agrément de stage a été suspendu, pour six mois, par la faculté de médecine, en raison de difficultés d’encadrement. La direction du CHU l’a annoncé aux syndicats de personnel, lundi 27 octobre. Cela touchera bien les 14 postes remplis jusqu’ici par des internes de médecine générale, comme cela avait été communiqué dès septembre, mais aussi les 16 postes d’internes dits « de spécialité », c’est-à-dire en médecine d’urgence ou en gériatrie, dont le sort n’était pas encore décidé. Ces derniers ont été relocalisés, à la dernière minute, vers d’autres établissements du territoire,confirme-t-on à la faculté. Au total, en comptant les externes, le service disposera donc d’une cinquantaine de jeunes professionnels en moins.
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Lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail, les étrangers sont nettement moins bien payés que les travailleurs (de même âge et de même sexe) nés dans le pays d’accueil. Mais leur situation s’améliore au fil du temps, grâce notamment à leur mobilité vers d’autres entreprises. C’est l’un des enseignements d’une étude publiée lundi 3 novembre par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette dernière a pu mesurer les écarts de salaire mensuel dans une quinzaine de pays, dont la France, l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne et les Etats-Unis. L’organisation s’est plongée, pour cela, dans des données portant sur plus de sept millions de nouveaux immigrants en emploi au début des années 2000, qu’ils soient majoritairement originaires d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie ou d’Europe.
A leur arrivée dans l’emploi, les étrangers touchent ainsi en moyenne 34 % de salaire en moins que les natifs de même âge et de même sexe. Cet écart est de 28 % en France, comme au Danemark et au Portugal. Il grimpe à 45 % en Italie. Un différentiel de revenus que l’OCDE a essayé de comprendre et décomposer.
D’abord, les étrangers se concentrent dans des secteurs qui payent moins, à l’instar des services (qui comprennent la sécurité ou le nettoyage), l’hôtellerie-restauration ou encore l’agriculture. « Et à l’intérieur de ces secteurs, ils se trouvent dans des entreprises moins productives, plus petites, qui concentrent plus d’étrangers et qui rémunèrent moins », explique l’économiste Ana Damas de Matos, l’une des trois auteurs de l’étude. Elle rappelle que « de nombreux travailleurs trouvent un emploi grâce à des recommandations et à leurs réseaux informels » et que, par conséquent, les étrangers ont logiquement tendance à travailler ensemble ainsi que dans des lieux de travail « qui ne font pas de discrimination à leur égard lors de l’embauche ».
A l’arrivée, le secteur d’emploi et l’entreprise expliqueraient les deux tiers de l’écart de rémunération entre natifs et étrangers. Le désavantage subi est aussi lié au fait que les étrangers sont plus fréquemment à temps partiel, une situation qu’ils subissent souvent, notamment en France, et qu’à l’intérieur d’une même entreprise, ils occupent des emplois moins rémunérés. Mais, y compris à profession égale dans une même société, ils restent désavantagés. « Il demeure un écart qu’on ne parvient pas à expliquer, même si on peut faire l’hypothèse qu’il est lié à des questions d’ancienneté, d’expérience, de maîtrise de la langue, de niveau de formation ou encore de discriminations », poursuit Mme Damas de Matos.
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