La Cour de cassation confirme la condamnation de « La Dépêche du Midi » pour ses embauches au rabais

Après de longues années de batailles juridiques, la journaliste toulousaine Claire Raynaud a obtenu gain de cause. Le 29 janvier, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de la direction de La Dépêche du Midi, et a confirmé qu’il existe bien un lien de subordination entre la journaliste sous contrat avec Dépêche News et La Dépêche du Midi, ainsi qu’une situation de coemploi.

Le groupe de presse quotidienne régionale La Dépêche du Midi (SA) devra verser près de 100 000 euros à Claire Raynaud au titre de rappel de salaires et congés payés afférents, au titre des RTT, d’une indemnité pour travail dissimulé, sans oublier 1 000 euros de dommages et intérêts pour le SNJ (Syndicat national des journalistes), qui était intervenant volontaire à ses côtés. Après avoir eu gain de cause en appel, Mme Raynaud et le SNJ obtiennent donc la condamnation définitive de l’employeur.

En appel, le tribunal avait démontré « l’artifice d’une embauche par le biais de La Dépêche News, “agence de presse”, alors même que c’est bien le rôle du groupe, qui exerce les prérogatives de l’employeur, qui est ici déjoué ». Pendant quatre ans, de 2015 à 2019, la journaliste touchait un salaire inférieur de 30 % et ne bénéficiait pas des RTT. C’est ce contournement de la convention collective que la Cour de cassation vient donc de confirmer. Pour Olivier Cimpello, ancien délégué syndical à Toulouse, « il ne s’agit ni plus ni moins de dumping social, le journal employant depuis plusieurs années des journalistes avec un statut totalement illégal ».

« Délit de marchandage »

En créant l’agence Dépêche News, avec le statut d’agence de presse, le groupe, longtemps dirigé par Jean-Michel Baylet, aujourd’hui président de son conseil d’administration, évite les salaires et avantages fixés par la convention collective. Après des vérifications menées par l’inspection du travail, c’est le parquet de Toulouse qui s’était saisi du dossier en 2021.

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De nombreuses associations en grande difficulté, des milliers d’emplois menacés

Des membres du Secours catholique, à Toulouse, le 3 avril 2020.

Déjà prises en tenailles entre la hausse de leurs charges et les demandes croissantes de leurs bénéficiaires, les associations ne cessent, ces derniers mois, de « tirer la sonnette d’alarme », comme le résume Claire Thoury. La présidente du Mouvement associatif, qui représente plus de la moitié des associations de France, a, en leur nom, détaillé les raisons de cette inquiétude dans une lettre ouverte au premier ministre, François Bayrou, le 29 janvier : le retard de l’adoption du budget de l’Etat, les coupes annoncées dans certains secteurs et la diminution des budgets des collectivités territoriales déstabilisent un monde associatif déjà fragilisé.

Sans même attendre le vote du budget, des collectivités ont déjà acté des coupes claires dans l’économie sociale et solidaire (ESS). En Auvergne-Rhône-Alpes, la chambre régionale de l’ESS a ainsi appris, le 20 janvier, que le conseil régional supprimait l’intégralité de sa subvention, 230 000 euros. Elle a dû suspendre sa plateforme d’offres d’emploi et devra probablement se séparer de cinq de ses 13 équivalents temps plein.

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Grève chez Lidl France : l’intersyndicale annonce la suspension de la grève

Un supermarché Lidl, à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), le 31 mai 2023.

La « grève illimitée » lancée vendredi à l’appel de cinq syndicats pour dénoncer les conditions de travail au sein de Lidl France, et qui a été assez suivie, a été suspendue dans l’attente d’une réunion en fin de semaine, a annoncé l’intersyndicale, lundi 10 février en fin de journée.

« Grâce à votre engagement sans faille et votre présence massive sur les piquets de grève, la direction a enfin entendu le malaise des salariés de Lidl », ont écrit aux salariés du distributeur la CFDT, la CFTC, la CGT, FO-FGTA et le SNCDD CFE-CGC, selon ce communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP). Les cinq syndicats rassemblés ont déclaré que « suite à ce mouvement d’ampleur inédite, une réunion avec les organisations syndicales est programmée le vendredi 14 février à 10 h 30. Dans cette attente, l’intersyndicale suspend la grève, mais notre détermination reste intacte ».

Ces organisations syndicales avaient appelé à « une grève illimitée » pour une revalorisation des salaires et contre un projet d’ouverture généralisée le dimanche. L’UNSA, premier syndicat, avait, lui, déclaré privilégier « pour le moment le dialogue » à la grève. Lidl, qui compte quelque 46 000 salariés dans 1 600 magasins en France, avait assuré vendredi à l’AFP que cette réunion « s’inscrivait dans le maintien du dialogue social » et était « déjà planifiée en amont ».

« Nous avons toujours été convaincus que la négociation est indispensable pour trouver une solution concrète et pragmatique sans perte de revenus pour nos adhérents », a de son côté estimé l’UNSA dans un autre communiqué, envoyé lundi à l’AFP et dans lequel l’organisation salue « le retour des autres organisations syndicales à la table des négociations ».

Le comité social et économique central de Lidl avait franchement critiqué sa direction en fin d’année 2024, regrettant que les salariés soient « la seule variable d’ajustement de l’entreprise » face aux défis commerciaux. « Selon nous, vous ne devez pas compenser la baisse de la marge issue de la guerre des prix par la réduction de la masse salariale », disait l’instance.

La grève a été annoncée la semaine dernière, à l’issue d’une réunion sur les salaires qui n’a pas satisfait les cinq organisations syndicales. Le discounter d’origine allemande a par ailleurs annoncé fin janvier le départ surprise début mars de sa principale figure médiatique en France, son vice-président, Michel Biero.

Le Monde avec AFP

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Dans l’audiovisuel, des chartes et des formations pour dompter l’IA

Le 26 janvier, TF1 a diffusé, dans le cadre de l’émission « Sept à huit », une interview de Charles Biétry, que la maladie de Charcot prive de parole. Pourtant, les téléspectateurs ont pu entendre l’ancien journaliste sportif : un outil d’intelligence artificielle (IA) a reconstitué sa voix, lui permettant de porter son propos oralement. Un moment encore rare et spectaculaire, quand bien même les fonctionnalités permises par l’IA ne le sont pas forcément. Transformer une interview en texte pour ensuite isoler des extraits d’un simple surlignage, analyser une multitude de documents en quelques instants, indexer des images instantanément, etc. : dans les rédactions, le recours à ces nouvelles facilités impose de les encadrer.

D’ici à la fin du mois de février, lorsque les conseils économiques et sociaux en auront été avisés, les rédactions de TF1 et de LCI seront ainsi dotées d’une charte, qui s’ajoutera à celle qui existe déjà au niveau du groupe. « L’IA développe des outils qui peuvent potentiellement nous aider à mieux faire notre travail, explique Laure Bezault, la secrétaire générale de l’information de TF1. Il s’agit donc de les tester, de voir si on les valide, puis de faire en sorte que les métiers de l’info les adoptent, en toute transparence vis-à-vis du public. »

A RMC et BFM-TV, où des discussions sur la charte déontologique, qui intégrera les préconisations sur l’IA, sont toujours en cours, le conseil d’éthique a suggéré que les journalistes « informent leur rédacteur en chef avant toute publication » d’une information fabriquée à l’aide d’IA, avance Jean-Philippe Baille, le directeur général de l’information du groupe. A M6, le directeur de l’information, Stéphane Gendarme, fait remarquer que la charte déjà en vigueur ainsi que les outils utilisés sont susceptibles d’évolutions rapides : d’ici à quelques jours, le groupe y stipulera l’interdiction de l’usage, en interne, de la chinoise DeepSeek.

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Le chômage en léger repli en France au dernier trimestre 2024

La courbe semble déjouer les pronostics. Au dernier trimestre 2024, le nombre de chômeurs, au sens du Bureau international du travail (BIT), a reflué de 63 000 par rapport aux trois mois antérieurs, pour se situer à 2,3 millions de personnes, selon une note diffusée, mardi 11 février, par l’Insee. Le taux de chômage, lui, a atteint 7,3 % de la population active – contre 7,4 % au troisième trimestre 2024 et 7,5 % un an plus tôt.

Ces informations paraissent, à première vue, en décalage avec d’autres indicateurs, mettant en évidence une dégradation de la situation des salariés. Ainsi, en 2024, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité qui sont inscrits à France Travail a progressé de 3,5 % sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte) : il y en a désormais 3,14 millions.

Toutefois, de telles divergences ne constituent pas une première dans l’histoire de la statistique publique. Elles tiennent notamment au fait que les chiffres ne sont pas construits de la même manière et ne recouvrent pas exactement les mêmes populations. La recension de l’Insee se fonde sur une enquête auprès d’un panel de personnes, alors que les données de France Travail résultent d’une démarche administrative de la part d’individus en quête d’un poste. En outre, un demandeur d’emploi, même sans activité, peut ne pas être considéré comme chômeur, au sens du BIT, car la définition posée par l’organisation internationale est très stricte.

Bilan contrasté

Surtout, il convient de relever que les données rendues publiques mardi révèlent des tendances négatives. La proportion de personnes en emploi s’est érodée de 0,2 point en trois mois, redescendant à 68,9 % à la fin 2024. La part des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en activité, ni en formation, ni scolarisés s’est hissée à 12,8 %, soit un niveau supérieur à celui qui prévalait fin 2019, avant la crise sanitaire. Enfin, souligne Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques, le « halo autour du chômage » s’est étendu : parmi les personnes inactives au sens du BIT, 2 millions souhaiteraient travailler sans être pour autant répertoriées comme chômeuses parce qu’elles n’effectuent aucune recherche ou ne sont pas disponibles. Un chiffre en hausse de 138 000 en trois mois.

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La ministre du travail, Catherine Vautrin, annonce une simplification des démarches pour les bénéficiaires du RSA et de la prime d’activité

La ministre du travail, Catherine Vautrin, à l’Elysée, à Paris, le 13 février 2025.

La ministre du travail, Catherine Vautrin, a confirmé, jeudi 13 février, que la déclaration de ressources simplifiée, ou « solidarité à la source », serait généralisée à partir de mars pour les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) et de la prime d’activité.

Promise lors de la campagne de 2022 par le candidat Emmanuel Macron, elle s’appliquera « partout en France, y compris dans les départements et régions d’outre-mer à partir du 1er mars 2025 », a précisé la ministre dans une interview à Ouest France. Le nouveau dispositif, un gros chantier technique et administratif, était expérimenté depuis octobre dans cinq départements : les Alpes-Maritimes, l’Aube, l’Hérault, les Pyrénées Atlantiques et la Vendée. Pour Mme Vautrin, ce dispositif a « fait ses preuves dans les départements tests ».

Jusqu’à présent, les allocataires du RSA et de la prime d’activité devaient déclarer tous les trimestres l’ensemble des revenus de leur foyer. « Pour ceux ayant droit au RSA et à la prime d’activité, cela pouvait représenter huit déclarations par an », explique Mme Vautrin dans cet entretien. A partir du 1er mars, les bénéficiaires trouveront sur le site de la Caisse d’allocations familiales (CAF) une déclaration de ressources préremplie, comme c’est déjà le cas pour les déclarations d’impôt. Ils n’auront alors « plus qu’à la valider » si les informations sont exactes, ajoute Mme Vautrin.

L’automatisation du remplissage des déclarations de ressources va simplifier la vie des allocataires, surtout ceux qui cumulent plusieurs emplois ou sont découragés par les démarches administratives. « Cette réforme est le pendant de la déclaration automatique de nos revenus, poursuit la ministre. Chaque personne aura accès à sa déclaration préremplie sur son compte Caf.fr. Et n’aura qu’à confirmer, ou demander les modifications souhaitées. C’est aussi simple que ça. »

« Limiter les erreurs »

Ensuite, la réforme entend « limiter les erreurs et incohérences » qui engendrent des versements indus, des contrôles et des demandes de remboursements, qui mettent parfois en difficulté les plus précaires.

La Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) fait état de 25 % de versements indus sur les 11,4 milliards versés à 1,9 million d’allocataires du RSA et de 17 % d’indus sur les 9,6 milliards versés à 4,5 millions de bénéficiaires de la prime d’activité. Cette réforme « va permettre de générer moins de versements indus, qui ne sont pas tous détectés ni récupérés », fait savoir Nicolas Grivel, directeur général de la CNAF, qui précise que l’organisme public parvient à récupérer 75 % des indus qu’elle détecte.

Les modifications proposées par les bénéficiaires par rapport aux données préremplies seront envoyées à une « cellule de vérification », a détaillé Mme Vautrin. « Les résultats de l’expérimentation ont montré que les données pré-affichées étaient très fiables et que les allocataires pouvaient les valider en toute confiance. » Pour la ministre, « grâce aux données directement fournies par les entreprises, cette réforme va faciliter l’accès au RSA ainsi qu’à la prime d’activité, pour les personnes qui le justifient mais ne les demandaient pas parce qu’elles ignoraient y avoir droit ou craignaient les erreurs », s’est-elle réjouie.

« Une avancée » pour les associations

Le Collectif Alerte, qui rassemble 37 associations de lutte contre la pauvreté et a été consulté sur cette réforme, « salue une avancée ». « Simplifier les tâches administratives, réduire le non-recours aux aides, réduire le risque d’indus et d’erreur, automatiser le versement est bénéfique aux allocataires », souligne son président, Noam Leandri. « Le risque qu’on voit, c’est l’idée de fusionner à terme toutes les allocations en une allocation sociale unique que certains voudraient plafonner à un pourcentage du smic », précise-t-il.

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« Nous le réclamions depuis longtemps, nous sommes en faveur de toute automatisation, tout ce qui évite à l’allocataire des difficultés, comme oublier de remplir une déclaration et [de voir ses] allocations (…) coupées », a fait savoir de son côté Delphine Bonjour, responsable de l’accompagnement vers les droits du Secours catholique.

Le Monde avec AFP

A Paris, une « journée historique » pour les grévistes du jeu vidéo

Des membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo, place de la Bastille, à Paris, le 13 février 2025.

Juché sur un banc public de la place de la Bastille, dans le 11e arrondissement de Paris, Vincent Cambedouzou exulte. « C’est un moment historique ! », lance le salarié d’Ubisoft à l’attention des quelque 300 personnes rassemblées devant lui en cet après-midi, jeudi 13 février, à l’occasion de la première grève nationale du secteur du jeu vidéo. Des mobilisations similaires ont également eu lieu dans d’autres villes françaises, dont Montpellier, Bordeaux et Lyon, réunissant au total, selon leurs organisateurs, un millier de personnes.

Au menu de cette « grande première », de multiples revendications au profit des salariés, dont certains alertent depuis plusieurs années sur de mauvaises conditions de travail et les menaces qui pèsent sur la pérennité de leurs emplois. Pour y mettre fin, les grévistes exigent « la participation des travailleurs aux prises de décision des entreprises », comme l’explique au Monde Naomi (elle ne donne pas son nom de famille, comme de nombreux grévistes rencontrés).

Sur sa veste, elle arbore une petite étiquette indiquant aux journalistes le nom de son entreprise (le studio français Kylotonn) et imprimée aux couleurs du Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo (STJV), pour qui elle est déléguée syndicale. C’est d’ailleurs à l’appel de cette organisation, créée en 2017 et qui revendique près d’un millier de membres, qu’est né ce premier mouvement de grève nationale. A Paris, ses drapeaux se mêlaient à ceux d’autres syndicats, tels que la CGT et Solidaires-Informatique.

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Presse : à Clermont-Ferrand, les syndicats du groupe Centre France s’alarment des réductions d’effectifs et de la dégradation des conditions de travail

Ils sont une petite centaine à s’être réunis, jeudi 12 février après-midi, à Clermont-Ferrand, devant le siège social de Centre France, à l’appel de la CGT, du SNJ, du SNJ-CGT, de l’UNSA et de la CFDT. Des délégations de la plupart des journaux du groupe de presse régionale, qui publie huit quotidiens et neuf hebdomadaires sur quatorze départements et quatre régions, sont venues demander une entrevue à la direction, accompagnés par des salariés de Clermont-Ferrand, quelques élus locaux et sympathisants.

Ce rassemblement fait suite à différents mouvements de grève organisés au sein de Centre France depuis une quinzaine de jours, qui ont empêché neuf parutions de l’édition du Puy-de-Dôme du journal phare La Montagne et la publication de l’ensemble des journaux du groupe les 29 janvier et 8 février.

Les tensions avec la direction ne sont pas nouvelles, en raison de « l’absence de dialogue », de « l’impossibilité de comprendre la logique des décisions » et de « la dégradation des conditions de travail suite à plusieurs réductions d’effectifs », selon Laurence Coupérier, journaliste à La Montagne et déléguée syndicale SNJ. Mais la colère s’est cristallisée depuis l’annonce, en juin 2024, d’un plan de départs volontaires qui prévoyait la suppression de 70 postes au sein des titres La Montagne et L’Eveil de la Haute-Loire.

Le tout suivi par le projet de suppression, dans le cadre d’une gestion des emplois et parcours professionnels et de la mixité des métiers, de 20 emplois, sur les 66 actuels, au sein de l’imprimerie de Clermont-Ferrand, à l’occasion de son prochain déménagement. « Nous allons passer de deux à une seule rotative beaucoup plus performante, ce qui peut justifier la suppression de certains postes, mais pas autant. Seuls dix départs sont acceptables, sinon ça ne fonctionnera pas », insiste Christine Rowdo, secrétaire du CSE La Montagne et du comité de groupe Centre France, et élue CGT.

Refus de hausses salariales

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Chez Michelin, un PDG alarmiste, un flux de cash record et des syndicats ulcérés

Florent Menegaux, PDG de Michelin, lors de l’assemblée générale des actionnaires du groupe, à Clermont-Ferrand, le 17 mai 2024.

Peut-on fermer des usines en France lorsqu’on dégage de bons résultats ? C’est le dilemme du PDG de Michelin, Florent Menegaux, qui a annoncé en novembre 2024 l’arrêt des sites de Cholet (Maine-et-Loire) et de Vannes d’ici à 2026, tout en présentant des comptes qu’il qualifie de « solides ». Malgré une baisse de 5 % des ventes et du résultat, le cru 2024, dévoilé mercredi 12 février, reste l’un des trois meilleurs du groupe, historiquement. A 12,4 %, « la marge opérationnelle est stable », indique le communiqué. Le « cash-flow libre », l’argent disponible une fois payés les investissements nécessaires à la croissance de l’activité, se maintient à 2,2 milliards d’euros (contre 2,3 milliards en 2023). Le bénéfice net est à 1,9 milliard d’euros.

Conscient du décalage entre ces chiffres et les plus de 1 200 emplois sacrifiés à Cholet et Vannes, le dirigeant du groupe de Clermont-Ferrand a pris, dès septembre 2024, son bâton de pèlerin pour faire une leçon d’économie industrielle aux ministres, députés, sénateurs, journalistes… « Le contexte français et européen est très délicat, explique-t-il sans relâche. Nous avons une arrivée massive des pneus à bas coûts d’Asie ces dernières années qui nous a fait perdre des parts de marché considérables. »

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Dans l’édition, des déménagements qui alimentent l’inquiétude des salariés

Devant le siège social d’Editis, en décembre 2022.

Décidément, le projet de déménager les 700 salariés de Czech Media Invest (CMI), la société holding détenue par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, dans les locaux de sa filiale, le groupe Editis – numéro deux français de l’édition –, ne passe pas. Toute la question est de trouver de la place là où plus de 1 400 salariés occupent déjà un immeuble entier avenue de France, dans le 13e arrondissement de Paris.

L’Union syndicale indépendante (USI), syndicat majoritaire au sein de Sejer (le pôle éducation d’Editis), a appelé à la grève mardi 11 février. Il a été rejoint, dans deux autres filiales d’Editis, par la CFE-CGC chez Sogedif, et par la CFDT et la CFE-CGC chez Edi8. Plus de 250 personnes se sont réunies mardi matin dans l’atrium. Les salariés d’Editis avaient fait parvenir la veille une lettre à Catherine Lucet, la directrice générale. « Pour faire des économies de loyer », ils fustigent le « choix inacceptable de mettre tout le monde en télétravail pendant cinq mois, le temps des travaux, puis de [les] contraindre, [eux], éditeurs, au “flex office[bureaux partagés], ce qui semble une aberration à quiconque connaît un peu [leur] travail ».

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