Les zones périphériques, un terrain d’établissement d’emplois industriels

 Après 40 ans de désindustrialisation poursuit, les premiers signes de relance de l’activité se font sentir. Une récente carte de la production industrielle se dessine.

Durant les quatre dernières décennies, l’espace industriel a enregistré, en France, une érosion continue. Alors que l’industrie embauchait 6 millions de personnes en 1975 et était le premier servant d’emplois du pays, elle en occupait 3,3 millions en 2014, soit 12,5 % du total. Le secteur industriel est désormais dans le quatrième rang, derrière le public, le tertiaire résidentiel (à destination des ménages) et le tertiaire productif (à destination des entreprises). Néanmoins, depuis 2015, les premiers signes d’une réindustrialisation se font sentir. En 2017, le solde entre le nombre d’ouvertures et de fermetures d’usines a été positif pour la première fois depuis 2008 (+ 28 en 2017, + 18 en 2018), l’industrie a recréé de l’emploi et le résultat industriel a augmenté.

 

 

La situation industrielle française a connu, dans le même temps, une vraie recomposition. Même si le nord et l’est de la France, incluant Ile-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes, accumulent toujours une part essentiel de l’emploi industriel (61 %), celle-ci s’est clairement amoindrie (73 % en 1975). L’industrie est actuellement répartie de manière plus homogène qu’elle ne l’était dans les années 1970.

Une évolution importante

Synthèse géographique mais aussi recomposition spatiale. Les petits pôles urbains sont les territoires où l’industrie pèse le plus strictement, même s’ils ne représentent que 7,1 % de l’ensemble des emplois industriels sur le plan national : 20,5 % de l’emploi total, contre 16,4 % dans les pôles moyens et 10,5 % dans les grands pôles. La part des emplois industriels touche 18,4 % dans les espaces à dominante rurale, contre 11,5 % sur le reste du territoire. Les espaces périurbains, eux, accueillent aujourd’hui près du quart des emplois industriels, alors qu’ils ne focalisent que moins d’un cinquième de l’emploi total.

 

De ce fait s’est produite, au cours des dernières décennies, une modification majeure, note l’Observatoire des territoires du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) dans un exposé de novembre 2018, « L’industrie dans les territoires français : après l’érosion, quel rebond ? » : l’industrie s’est déconcentrée des grandes aires urbaines vers le reste du territoire. En quarante ans, leur part dans l’emploi industriel est passée de 84,2 % à 78,6 %, ce qui reste élevé, mais indique que le périurbain constitue un potentiel vivier d’emplois industriels, pour peu que l’Etat se donne les moyens de conduire et de forcer son développement.

La ministre du travail agrandit une autre fois l’accès aux emplois francs

« Tout en annonçant l’extension du dispositif, la ministre du travail a invoqué en creux sa méconnaissance par les parties prenantes pour expliquer ce résultat en demi-teinte. »
« Tout en annonçant l’extension du dispositif, la ministre du travail a invoqué en creux sa méconnaissance par les parties prenantes pour expliquer ce résultat en demi-teinte. » ERIC GAILLARD / REUTERS

Muriel Pénicaud a éclairci l’extension des emplois francs. Entraîné sous le quinquennat Hollande, le mécanisme conçu pour supporter l’embauche des habitants des quartiers sensibles a été réformé sous la présidence Macron. Mais le bilan reste modeste avec 4 500 contrats terminés depuis un an.

Tout en diminuant la voilure au niveau des conventions aidées, le gouvernement mise gros sur les emplois francs. La ministre du travail, a raconté le 21 mars l’extension de ce dispositif destiné à lutter contre le chômage dans les zones sensibles.

Essayée depuis un an en région parisienne et dans certains quartiers prioritaires de Lille, Marseille et Angers, ce soutient financier versée aux patrons qui embauchent des habitants de quartiers prioritaires concernera dès avril l’ensemble des demandeurs d’emploi issus des quartiers dits « politique de la ville » (QPV) d Île-de-France, ainsi que d’autres régions (Hauts-de-France, Ardennes, Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Maine-et-Loire, Vaucluse et départements d’outre-mer).

Tout en enseignant sa montée en charge, la ministre du travail a fait valoir la réussite du dispositif. Au 10 mars 2019, un peu plus de 4 500 personnes ont été recrutées en « emplois francs » (4 sur 5 en contrat à durée indéterminée), selon les chiffres du ministère. « C’est dix fois plus que sous le précédent quinquennat », s’est complimentée Muriel Pénicaud, citée par Le Parisien.

Sous la présidence Hollande, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait aussi joué sur les emplois francs pour lutter contre le chômage dans les quartiers sensibles, où le taux est presque 3 fois plus élevé qu’en moyenne nationale. Les résultats n’avaient pas suivi : moins de 300 contrats de ce type ont été finis entre 2013 et 2015.

De Hollande à Macron

Ce qui n’a pas désorienté Macron de reprendre l’idée dans son programme, mais dans une version agrandie (étendue à tous les demandeurs d’emploi des quartiers sensibles, aux associations, aux CDD de longue durée…) et en augmentant le montant de l’aide annuelle pour la rendre plus incitative : elle s’élève sitôt à 2 500 euros pendant deux ans pour un employeur qui recrute un demandeur d’emploi issu d’un quartier QPV en CDD d’au moins six mois, et 5 000 euros pendant trois ans pour un CDI (montant proratisé en fonction du temps de travail hebdomadaire du salarié).

Arjowiggins Papiers Couchés classé en liquidation judiciaire, des centaines salariées inquiétés dans la Sarthe

Devant l’usine Arjowiggins de Bessé-sur-Braye, le 27 mars.
Devant l’usine Arjowiggins de Bessé-sur-Braye, le 27 mars. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
L’avocat des travailleurs prévoit que voir plusieurs emplois menacés dans une même zone géographique est « inédit ».

Le tribunal de commerce de Nanterre a exprimé vendredi 29 mars la liquidation judiciaire d’Arjowiggins Papiers Couchés et l’abandon partielle d’une autre usine, ce qui menace 800 travailleurs pour ces deux sites de la Sarthe, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) l’avocat des salariés, Thomas Hollande.

Les sites affectés sont ceux de Bessé-sur-Braye (Sarthe), qui emploie 580 personnes, et du Bourray, près du Mans (270 emplois). « C’est une catastrophe pour le département de la Sarthe », a-t-il assuré, faisant part de sa « colère » vis-à-vis de l’État.

« Il y a 800 travailleurs touchés directement, sans établir les emplois indirects. Il y a eu des ventes qui ont affecté autant de salariés, mais autant dans un même département et une même zone géographique, c’est vraiment inédit. »

Pour Bessé-sur-Braye, « c’est la liquidation judiciaire sans poursuite d’activité », a étalé l’avocat. Pour le site du Bourray, à Saint-Mars-la-Brière, près du Mans, « c’est une cession partielle (…) avec le licenciement de plus de 150 salariés », a additionné Me Hollande. Quant à la troisième société de Greenfield, à Château-Thierry (Aisne, 75 salariés), elle est totalement reprise.

 « C’est plié »

« La première réaction, c’est la colère face à l’Etat, à la BPI (Banque publique d’investissement, ndlr) et aux gouvernants du groupe, qui sont imputés de cette situation alors qu’il y avait un projet de reprise viable présenté et qu’ils ont refusé de le financer intégralement », a estimé Me Hollande.

Abraham Philippe, messager CGT à Bessé-sur-Braye, a raconté à l’AFP : « Notre directeur (de site) a pris la parole ce matin. Il n’y a pas d’issue, pas d’investisseur privé, c’est fini. On s’y attendait, mais là, c’est cuit. C’est plié, plus personne n’y croit. »

« On se rejoint, on est tous ensemble. Je pense qu’on va bloquer l’usine pour préserver les machines, l’outil de travail et le stock. Y a plus qu’à chercher du boulot… »

« C’est un issue rude pour le territoire (…). Malheureusement, les financements privés nécessaires pour équilibrer l’offre n’ont pu être réunis », a répercuté le ministère de l’économie dans un communiqué.

Les trois usines, qui appartenaient au groupe Sequana, ont été placées en redressement judiciaire le 8 janvier. Bpifrance est actionnaire de Sequana à hauteur de 15,4 % du capital et dispose 17,2 % des droits de vote.

 

La mode des « boutiques dans le magasin » pour séduir de nouveau les clients

La Fnac et Nature & Découvertes négocient un partenariat avec une prise de participation.

C’est la récente marotte de la grande attribution, qui tente par tous les moyens à faire regagner les clients dans ses magasins. Après avoir fait pénétrer la restauration dans les commerces, place au « shop in shop », des espaces parfois importants de marques situés à l’intérieur d’un autre magasin. « C’est le commerce de demain », garantit, convaincu, Antoine Lemarchand, le patron de Nature & Découvertes. Face à la rivalité des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et à des clients habitués à repérer en magasin les produits qui les charment avant de les acheter moins cher sur une plate-forme du Web, la seule solution est de « produire des articles exclusifs, et d’adopter une enseigne pour faire du “shop in shop” ».

La Fnac, les Galeries Lafayette, Cdiscount ou Amazon, tous l’ont approché. Son privilège est allé à la Fnac, dont il pourrait aussi assimiler le site de vente en ligne. « Nous sommes en train de négocier un partenariat commercial adossé à une entrée au capital. Mais rien de plus. Et rien n’est visé à ce jour », confie-il. Une façon de répondre à un article du Figaro qui prêtait à la Fnac la volonté de s’offrir cette enseigne créée, en 1990, par son père, François Lemarchand, le créateur de Pier Import, et qui appartient encore à plus de 80 % du capital à la famille.

Ce modèle du « shop in shop » se joint, dans le monde physique, aux places de marché sur Internet avec des vendeurs externes rassemblés sous un même site. Les hypermarchés espèrent captiver de nouveaux clients et ainsi compenser les pertes accusées sur les rayons non alimentaires. « Ils enregistrent souvent des pertes représentant 5 à 10 % de leur chiffre d’affaires sur les rayons techniques du fait des conditions d’achat, d’une logistique embarrassée et d’un service après-vente qui coûte très cher, rappelle Bernard Demeure, directeur associé et consultant au sein du cabinet de conseil Oliver Wyman. Historiquement, ce n’était pas grave car les acheteurs remplissaient leur chariot. Actuellement, ce n’est plus vrai. »

Une manœuvre semblable a été mise en place par la Fnac et Darty

Casino a déjà traversé le pas depuis juin 2017. Son site d’e-commerce Cdiscount dispose actuellement d’un secteur de choix dans 57 hypermarchés du groupe. L’idée : l’acheteur accède à toute l’offre disponible sur Internet au prix du Web, se fait guider sur place et se fait livrer à domicile ou en magasin. Les premiers résultats seraient à ce point concluants, au niveau du chiffre d’affaires des hypermarchés qui ont mis en place cette stratégie, que cette méthode sera étendu à 70 % des magasins du groupe.

« Le drame actuelle, c’est que l’industrie n’égare plus d’emplois, mais une carence de candidats »

Au sein de l’usine de Bessé-sur-Braye (Sarthe) du papetiers Arjowiggins, le 27 mars.
Au sein de l’usine de Bessé-sur-Braye (Sarthe) du papetiers Arjowiggins, le 27 mars. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Alors que certains bouleversements industriels défraient maintenant la chronique, dont ceux d’Arc International et d’Arjowiggins, 50 000 postes n’ont pas pu être pourvus dans le secteur en 2018, examine Philippe Escande.

Chronique « Pertes & profits ». On ne saura pas dire que Xavier Bertrand ne met pas les petits plats dans les grands pour son industrie régionale, en l’occurrence celle qui, nettement, fabrique assiettes et verres à pied. Jeudi 28 mars, le conseil régional des Hauts-de-France, qu’il galère, a voté à l’accord un prêt de 12 millions d’euros pour soutenir le plan de relance de la société Arc International, géant mondial des arts de la table. La motivation est forte, puisque l’entreprise emploie 5 100 employés et se trouve en énorme difficulté. Il s’agit donc d’éviter la casse, même si le plan en question prédit tout de même 700 suppressions de postes.

Autre part en France, c’est le papetier Arjowiggins qui fait parler de lui. Le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) devait s’exprimer, vendredi, sur la liquidation de l’entreprise. Autour du principal site, dans la Sarthe, on rappelle une catastrophe économique qui pourrait palper plus d’un millier d’emplois dans la région.

Chronique habituelle d’un drame français, celui de la désindustrialisation, en trente ans, d’un pays autrefois couvert d’usines. On en connaît le principal responsable : avec la concurrence mondiale, le coût du travail dans l’industrie française est trop élevé par rapport au niveau de gamme des produits vendus. On ne peut attendre enrichir en vendant des produits de qualité espagnole à des prix allemands. Etat et entreprises partagent la responsabilité de cette catastrophe.

Changement du système de formation                     

Mais l’autre drame qui se joue actuellement n’est pas celle-là. En dépit de l’effet de loupe des problèmes locaux comme Arc International et Arjowiggins, l’industrie française progresse sa qualité et ne perd plus d’emplois. En 2018, elle en a même créé 250 000 de plus. Le seul problème est qu’elle aurait pu aisément en fournir 50 000 de plus.

Malgré cela, les entreprises n’ont pas aperçu de candidats ! Situation ubuesque d’un pays plombé par un chômage de masse – 8,8 % de solliciteurs d’emploi (juste dépassé par la Grèce, l’Italie et l’Espagne) – et qui n’arrive pas à le résorber quand la demande revient. Ce qui simule toute l’économie, puisque ces emplois qui faillissent sont de la croissance en moins.

Ce ne sont pas les baisses de charges qui vont garantir ces postes vacants, mais la refonte du système de conception (il n’y a que 5 % de chômage chez les diplômés du supérieur), une forme de réenchantement de la filière (les sciences attirent deux fois moins d’étudiants en France qu’en Allemagne) et l’augmentation de la mobilité des solliciteurs d’emploi. Un chantier privilégié.

Formalités de travail : au Qatar, Vinci commence une fenêtre sur ses chantiers

Sur le chantier du métro de Doha, en mars 2015.
Sur le chantier du métro de Doha, en mars 2015. KARIM JAAFAR / AFP

Le groupe français de BTP a préparé, dans l’émirat, une visite pour la presse, alors que l’association Sherpa a reproduit sa plainte pour travail forcé et diminution en esclavage des ouvriers étrangers.

Au nord de du capital du Qatar, entre les trempas de l’île artificielle The Pearl et les tours en construction de la ville nouvelle de Lusail, des centaines d’ouvriers s’activent pour achever la gare souterraine, qui doit ajuster, à 35 mètres de profondeur, les réseaux de métro et de tramway. C’est l’un des infinis chantiers qui métamorphosent la capitale Doha pour la Coupe du monde de football, en 2022. Sur des kilomètres, des gratte-ciel à l’architecture incertaine s’élèvent entre les voies rapides et les centres commerciaux, sous les efforts de bataillons d’ouvriers indiens, népalais ou bangladais nommés dans une chaleur de four et la poussière du désert.

Casque, chaussures de sécurité, gilet, gants, rien ne manque à la panoplie des 600 travailleurs étalés sur la station de Pearl. Quelques hommes fument à l’ombre d’un abri en tôle. Des dizaines d’autres saisissent leurs déjeuners, attablés à l’intérieur d’une large tente doucement climatisée. Sur des panneaux s’affichent les consignes à respecter en cas de pic de chaleur – combinée à l’humidité, la température ressentie peut dépasser les 50 °C l’été. « On n’a eu aucun mort sur ce chantier et on affiche un taux d’accidents moitié moindre que ce qu’on peut observer en Europe », déclare Nicolas Dansette, directeur du projet de tramway de Lusail pour l’entreprise Qatari Diar Vinci Construction (QDVC).

Disposée à 51 % par le fonds souverain Qatari Diar et à 49 % par Vinci, QDVC a entassé pour 5 milliards d’euros d’accords au Qatar depuis 2007, dont 35 km de métro et les 28 km du tramway de Lusail. Mais si le numéro un mondial du BTP a déterminé, les lundi 25 et mardi 26 mars, de guider quelques journalistes sur ses chantiers qataris longtemps défendus d’accès, ce n’est pas pour vanter ses prouesses techniques. C’est pour tenter d’y présenter les conditions de travail de ses ouvriers sous un jour favorable, alors que le groupe est gravement mis en cause au Qatar. L’association française Sherpa, pourfendeuse des « crimes économiques », le reproche, depuis 2015, de travail forcé, de réduction en servitude, de traite des êtres humains et de mise en danger délibérée.

Plusieurs enquêtes de journaux, d’ONG ou de syndicats l’attestent : parmi les laborieux migrants mobilisés par centaines de milliers dans le sous-continent indien pour donner corps aux rêves de modernité du Qatar, beaucoup nécessitent payer l’équivalent d’un an de salaire à des intermédiaires, se voient confisquer leur passeport et sont totalement enchaînés à des employeurs qui les font travailler jusqu’à onze heures par jour, six jours par semaine, sans appui contre la chaleur, sans eau, et les recueillent dans des conditions indignes, accumulés dans des camps au milieu du désert.

Rire le plus sérieusement du monde pour mieux travailler

Plus qu’un manuel de motivation, « Laugh to lead », de Serge Grudzinski, est une apologie du rire dans l’entreprise.

Par Anne Rodier Publié aujourd’hui à 07h00

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Livre. Le rire peut-il aider à manager, peut-il faciliter la mise en place d’un projet ou renouer des équipes après une fusion d’entreprises ? Serge Grudzinski, un polytechnicien qui a fait du rire son hobby des années durant avant de se décider à monter sur les planches, l’affirme et l’illustre dans l’essai Laugh to lead. Quand le rire débloque, soigne, rassemble et motive les entreprises (HCG).

Initialement consultant en stratégie d’entreprise, il a fait du rire une nouvelle technique de management et raconte les one-man-show qu’il a montés pour restituer les audits des entreprises. Le vaste champ observé est dicté par le carnet de commandes de la société qu’il a créée pour son projet, Humour Gonsulting Group : assurance, restauration, distribution, énergie, etc.

AXA, Mac Donald’s, Orange ou Capgemini

Serge Grudzinski relate son expérience le plus sérieusement du monde, avec tableaux comparatifs des attitudes des salariés avant et après spectacle. Sans forcément partager son humour, force est de constater que ses interventions ont permis à AXA, Mac Donald’s, Orange ou Capgemini, par exemple, de mesurer la force du rire pour sortir les salariés de leur organisation en silo, pour briser les tabous ou déclencher une prise de conscience sur les inégalités femmes-hommes.

La mécanique du rire provoque des réactions psychologiques et soulève un enthousiasme partagé, explique l’auteur. « Je leur présente le miroir des tensions qui les animent et de leurs souffrances et ils rient ! (…) C’est le mécanisme de la purge psychologique », écrit-il. « C’est merveilleux de tant rire de ce qui nous fait tant souffrir ! Quand on a ri, c’est derrière nous », se confie un spectateur. La mise en humour des problèmes quotidiens de la vie au travail réhabilite l’empathie, la bienveillance et la transparence que les salariés avaient souvent perdues de vue.

« Le non-dit est un phénomène qui se développe de façon quasi systématique dès que des êtres humains vivent ensemble », rappelle l’auteur. En entreprise, il crée des tensions, des intrigues, toutes sortes de malaises et de démotivation, dont le rire vient à bout. Métiers, questions stratégiques, relation client, problèmes opérationnels, il est possible de « faire rire sur tout », estime Serge Grudzinski. Plus qu’un manuel de motivation, Laugh to lead est une apologie du rire dans l’entreprise.

« Laugh to lead. Quand le rire débloque, soigne, rassemble et motive les entreprises », de Serge Grudzinski. Editions HCG, 184 pages, 19,50 euros.

WOW Air communique l’arrêt de ses vols, 4 000 passagers bloqués

Un avion de WOW Air sur le tarmac de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 28 mars.
Un avion de WOW Air sur le tarmac de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 28 mars. JOEL SAGET / AFP
La compagnie à bas prix a brusquement cessé  et annulé tous ses vols, bloquant des voyageurs à l’aéroport de Reykjavik.

C’est l’ultime victime en date de la « bataille de l’Atlantique » que s’offrent les compagnies aériennes low cost. La compagnie WOW Air a cessé, jeudi 28 mars, ses opérations et annulé tous ses vols. Le gouvernement islandais estime à 4 000 le nombre de voyageurs réunis – dont 1 300 en transit.

WOW Air, qui amène plus d’un tiers des voyageurs en Islande, n’avait plus aucun investisseur pour prévoir une punition depuis que sa compatriote Icelandair s’était retirée des négociations en vue d’une reprise. « WOW Air a cessé ses opérations », a avisé lapidairement le transporteur dans un communiqué.

Plan d’urgence lancé

La compétition continuellement forte des low cost sur les routes transatlantiques et le regain des cours du carburant ont miné les performances de WOW Air. La compagnie a convoqué les passagers lésés par la suppression des liaisons aériennes à « vérifier les vols disponibles avec d’autres compagnies aériennes ».

Des dizaines de passagers se sont brusquement retrouvés bloqués jeudi matin à l’aéroport de Reykjavik, où une trentaine de vols WOW Air ont été annulés, particulièrement en provenance ou à destination de Paris, New York et Montréal. Le ministre des transports islandais a annoncé à la presse le déclenchement d’un plan d’urgence à destination des voyageurs bloqués dans les aéroports, sans accorder davantage de détails.

3,5 millions de passagers en 2018

En 2018, WOW Air, qui emploie un millier de personnes, a transporté 3,5 millions de passagers vers vingt-sept destinations en Amérique du Nord, en Europe et en Israël. Mais le transporteur, déficitaire, a diminué la voilure ces derniers mois, en cédant des avions et en annulant des dizaines d’emplois. Sur les neuf premiers mois de 2018, la compagnie a proclamé une perte avant impôts de près de 42 millions de dollars (37 millions d’euros).

Après le premier repli d’Icelandair dans la course au rachat de la compagnie fin 2018, le fonds d’investissement spécialisé dans le transport aérien Indigo Partners avait touché un accord de principe pour entrer au capital de WOW Air à hauteur de 49 %. Le 21 mars, la société américaine d’investissement a toutefois abandonné à son offre de reprise tandis qu’Icelandair annonçait reprendre les contestations pour le rachat de sa compatriote… avant son retrait définitif annoncé dimanche.

La compagnie low cost avait depuis déclenché des discussions avec ses créanciers afin de trouver un accord de restructuration – dont la conversion de la dette actuelle en capital. Lundi, ses créanciers avaient concédé la conversion de leurs obligations en capital à hauteur de 49 % de la dette de la compagnie, mais celle-ci devait malgré cela encore trouver des acquéreurs pour les 51 % restants, afin d’esquiver la faillite.

« Je ne me pardonnerai jamais de ne pas avoir agi plus tôt car il est évident que WOW est une compagnie aérienne incroyable et que nous étions sur la bonne voie pour faire à nouveau de grandes choses », a regretté le directeur général et fondateur de la compagnie, Skuli Mogensen, dans une message adressée au personnel.

La ruine du transporteur, fondé en 2011, pourrait déchaîner une contraction du PIB islandais de 3 %, la chute de la couronne et un accroissement de l’inflation, selon les lancements du gouvernement. Mais certains analystes considèrent ces calculs alarmistes.

Chômage : quand l’Unédic punit le gouvernement

Pour la ministre du travail, 20 % des chômeurs ont une contribution supérieure à leur salaire. L’Unédic avance un chiffre plus faible.

Le débat sur la modification de l’assurance-chômage vient de connaître un effet très intrigant. A l’origine de ce nouvel épisode, une note de quatre pages rendue publique, mercredi 27 mars, par l’Unédic, l’association égalitaire qui pilote le dispositif de compensation des solliciteurs d’emploi. Ce document remet en cause l’un des arguments-clés de l’exécutif pour transformer le régime : il s’agit de l’idée selon laquelle 20 % des chômeurs profiteraient d’une allocation supérieure à leur salaire mensuel moyen, perçu avant de s’inscrire à Pôle emploi.

Ce chiffre avait été déclenché, fin février, par la ministre du travail, Muriel Pénicaud, lors d’une déclaration de presse à laquelle collaborait le chef du gouvernement, Edouard Philippe. Tout deux avaient estimé que le « système » repose sur des règles susceptibles d’engendrer des situations où le travail s’avère moins rémunérateur que l’indemnisation-chômage. Un discours qui avait plongé dans une colère noire plusieurs leaders syndicaux : Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, avait crié à la caricature et attrapé au pouvoir en place de vouloir faire passer les solliciteurs d’emploi pour des profiteurs.

Ecarts significatifs

Dans ce contexte très polémique, la note de l’Unédic, diffusée mercredi, fournit une participation très utile. Elle se penche sur le sort des bénéficiaires, « avant et après le début » de leur prise en charge par l’assurance-chômage, en exploitant des données relatives à novembre et décembre 2017. D’après ce document, ce sont surtout les personnes ayant travaillé « moins de 25 % de l’année précédant leur ouverture de droit » qui ont affecté une prestation supérieure à leur salaire antérieur. Or, elles sont peu nombreuses : 4 %, au total, soit un pourcentage très éloigné de celui invoqué par Mme Pénicaud. Précision importante : le cas de figure d’un demandeur d’emploi gagnant mieux sa vie au chômage peut se retrouver dans les catégories qui ont travaillé plus que 25 % des douze mois écoulés, mais « c’est rare », montre l’Unédic.

Ces conséquences ne vont pas certainement dans le sens des statistiques mises en avant, il y a un mois, par l’exécutif. Le ministère du travail avait alors exposé qu’il appuyait ses dires sur des recherches réalisées par Pôle emploi. L’opérateur public a, par la suite, apporté des explications orales à plusieurs journalistes, désireux d’en savoir plus, ainsi qu’à des responsables syndicaux. Mais à ce jour, aucun écrit n’a été diffusé – à la presse, tout au moins – pour exprimer l’analyse de Pôle emploi.

Les nouvelles lois pour les chauffeurs routiers: l’Europe divisée

Sur l’autoroute A36, près de Besançon (est de la France), en mars 2018.
Sur l’autoroute A36, près de Besançon (est de la France), en mars 2018. SEBASTIEN BOZON / AFP

Le vote au Parlement de Strasbourg sur des écrits pointant à installer de nouvelles règles pour le secteur a été référé.

Le perfectionnement des conditions de travail des chauffeurs routiers sur le Vieux Continent devra encore prévoir plusieurs mois. Mercredi 27 mars, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a résolu de stimuler un vote capital à Strasbourg sur des textes visant à lutter contre le dumping social dans ce secteur, où les abus sont légion (temps de repos minimal, non-application des règles du détachement des travailleurs, etc.).

Près de 1 600 rectificatifs au texte avaient été établis, dont certains, à la veille du vote, n’avaient pas encore pu être traduits, alors que les textes concernés sont pourtant en discussion depuis dix-huit mois. De l’obstruction ? « Oui », assure une source au sein des Verts. Toutefois, les étiquettes politiques touchant ce dossier importent peu. La fracture est profonde, et surtout géographique. Les élus de la péninsule Ibérique et des pays de l’Est s’opposent à ceux de l’Ouest (France, Allemagne, Benelux) et rechignent face à des lois plus protectrices, jugées protectionnistes et dommageables pour la compétitivité de leurs entrepreneurs.

Au Conseil européen, en décembre 2018, les capitales étaient malgré cela arrivées à un compromis estimable, et plutôt favorable à l’Ouest, avec la censure, pour les conducteurs, de prendre le temps de repos en cabine pour leurs périodes de pause hebdomadaires, ou l’application des conditions du cession – à savoir même paie pour un même travail sur un même lieu de travail – pour toutes les opérations de cabotage (la livraison d’un point à un autre au sein du même pays pour une compagnie étrangère).

Ces comptes ne pourront toutefois entrer en vigueur qu’à condition que le Parlement choisis sa position, les deux établissements devant s’entendre sur une version définitive. Un nouveau vote côté constitutionnel n’interviendra pas avant le 4 avril. Ce sera tard pour une adoption définitive avant les élections européennes de fin mai.

Il faudra ultérieurement attendre la constitution du nouvel Hémicycle, la nomination de nouveaux rapporteurs pour les textes… Le travail législatif ne reprendra pas, au mieux, avant fin 2019. Pourtant, la situation sur le terrain reste continuellement aussi insatisfaisante, comme l’atteste un scandale jugé en Belgique, là où, exactement, des milliers de manifestants ont défilé, mercredi, contre le dumping social dans le transport.

Indices de blanchiment

A la suite d’un examen du parquet fédéral belge sur les fraudes auxquelles se livrait l’une des principales sociétés du secteur, le groupe Jost, la chambre des mises en examen du tribunal de Liège a autorisé, mardi, la saisie de 346 camions lui appartenant.