Face à la crise, Latécoère taille dans ses effectifs en France

Des employés de Latécoère manifestent devant l’usine de Périole, à Toulouse, en septembre 2016.

Latécoère a choisi la manière forte. Vendredi 25 septembre, lors d’un comité social et économique (CSE), la direction de Latécoère a présenté aux représentations syndicales un plan de restructuration de grande ampleur. Au total, l’équipementier aéronautique envisage de supprimer 475 postes sur les 1 500 que compte l’entreprise en France. Des coupes avaient déjà été annoncées dans la vingtaine de sites situés à l’étranger où un millier de postes ont déjà été supprimés.

Les réductions d’effectifs communiquées vendredi sont plus importantes que celle effectuée en 2016 à l’occasion du plan de restructuration qui prévoyait la suppression de 236 emplois. A l’issue du processus, seulement une douzaine de personnes avaient alors été licenciées.

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Cette fois, c’est l’ampleur de la crise liée au Covid-19 qui contraint Latécoère à tailler dans ses effectifs. Selon les syndicats, la branche aérostructure (fabrication de tronçons de fuselage et portes pour les A320 d’Airbus et les 787 de Boeing, notamment) serait la plus touchée, avec la suppression de 345 emplois sur un effectif global de 827. La branche spécialisée dans les systèmes d’interconnexion (câblage, meubles électriques et équipements embarqués) serait également concernée, avec 130 emplois supprimés sur plus de 650 postes.

La direction s’engage à ne fermer aucun des neuf sites déployés sur le territoire français

Mais, d’ores et déjà, la direction s’engage à ne fermer aucun des neuf sites déployés sur le territoire français. En revanche, la petite unité de production Latelec, installée à Labège, près de Toulouse, sera stoppée. Seules les fonctions administratives y seront maintenues.

« Nous avons été obligés d’agir pour que Latécoère puisse continuer à vivre », se défend auprès du Monde Thierry Mootz, directeur général délégué. « On est bien conscients de prendre des décisions fortes et difficiles, reconnaît-il, mais le groupe, déjà dans une situation financière délicate depuis la crise en 2010, a enregistré une baisse de 40 % de son chiffre d’affaires depuis le début de la crise due au Covid-19. On n’espère pas un retour à la normale avant 2025. »

Consternation des syndicats

Du côté des syndicats, c’est la consternation. « C’est de la folie furieuse », s’emporte Florent Coste, délégué syndical CGT. « C’est juste énorme. On est totalement abasourdis par l’ampleur du désastre. » Un sentiment partagé par Stéphane Faget, secrétaire syndical FO, assommé par ce « coup de massue ». « Bien sûr, on suivait tout ce qui se passait pour la filière aéronautique. Mais on espérait passer à travers les gouttes », déplore M. Faget.

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La gratuité, un appât pour relancer le spectacle vivant

Le Collectif Ès, en sortie de résidence, à la Maison de la danse de Lyon, le 12 septembre.

« J’aimerais que ça dure toute l’année ! », s’emballe Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-Point, à Paris (8e). Après six mois d’abstinence, son rendez-vous de rentrée Le Rond-Point dans le jardin, du 8 au 27 septembre, ouvre pour la première fois sa saison en plein air avec des événements gratuits rassemblant une cinquantaine de stars du spectacle vivant.

Samedi 19 septembre, dès 17 heures, le public faisait la queue pour la lecture de Pierre Arditi, prévue à 18 h 30. « C’est un tel plaisir de revoir enfin des pièces, s’enthousiasment Claire et Christelle. Sans compter que ça se passe dehors et que c’est libre d’accès. » Si soixante spectateurs peuvent s’asseoir dans la petite enceinte située derrière le théâtre, les badauds s’agglutinent autour. « On a 200 personnes par jour en moyenne, précise Ribes. On est tellement heureux ! On retrouve une forme de catharsis qui fait du bien ! »

Le même jour, le Théâtre national de Chaillot à Paris (16e) entamait son week-end de performances gratuites. « Revenir au théâtre dans une situation générale dégradée oblige à trouver des idées, commente Didier Deschamps, le directeur. La gratuité est plus facile pour attirer les gens et leur montrer que la vie reprend dans les salles aussi. » Dès 19 h 30, l’atmosphère grimpe pour le battle orchestré par le chorégraphe hip-hop Ousmane Sy : 700 personnes plongent dans le groove sous l’œil vigilant des ouvreurs, qui n’ont laissé personne tomber le masque.

« Vital d’être solidaire »

Gratuit ! Le mot claque. Dans le contexte de la pandémie, la reprise dans les théâtres après six mois de parenthèse est une aventure acrobatique quotidienne. Faire revenir le public pour les uns, avoir envie de s’enfermer masqués dans les salles pour les autres, est le challenge. Quitte à bouleverser le fonctionnement, la gratuité devient un levier. « A période anormale, dispositifs inhabituels, affirme Emmanuel Demarcy-Mota, aux manettes du Théâtre de la Ville et du Festival d’automne, à Paris. Nous traversons une époque difficile, c’est le moment ou jamais de changer nos habitudes. »

Lire l’entretien (en septembre 2020) : Emmanuel Demarcy-Mota : « Il y a un désir important d’art, de théâtre, d’imaginaire »

Dominique Hervieu (Maison de la danse) : « Il m’a semblé important de montrer que les institutions culturelles sont attentives à la précarité des gens, dont beaucoup ont perdu du pouvoir d’achat »

Dans la foulée de la réouverture libre d’accès du Théâtre de la Ville, à Paris (4e), lundi 22 juin, le lancement du Festival d’automne, les 5 et 6 septembre, était gratuit avec une ribambelle de propositions théâtre et musique. « Parallèlement au fait de retrouver les spectateurs, il m’a paru vital d’être solidaire des jeunes artistes isolés qui n’ont pas travaillé depuis des mois, poursuit le metteur en scène. L’application rapide de cette solidarité est, entre autres, la gratuité : c’est une façon de dire que tout n’est pas question d’argent, surtout en ce moment, et que nous devons être capables de nous réunir à nouveau. »

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Restauration : Courtepaille, en difficulté depuis le Covid-19, repris par Buffalo Grill

L’enseigne de restaurants de grillades Courtepaille, mise en difficulté par la pandémie de Covid-19, sera reprise par son concurrent Buffalo Grill, dont l’offre a été préférée à celle du Groupe Bertrand, a annoncé, vendredi 25 septembre, le tribunal de commerce d’Evry (Essonne).

Le tribunal a jugé « mieux disante » l’offre de Buffalo Grill, sur le plan tant social, avec « la reprise de 2 208 salariés », que financier, avec « un prix de cession de 17 millions d’euros » pour Courtepaille. L’enseigne, qui compte quelque 4 000 emplois, avait été placée en redressement judiciaire le 29 juillet.

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Le repreneur choisi « et son management présentent également un savoir-faire » reconnu dans le secteur, a estimé le tribunal, avec une offre proposant un « business plan plus ambitieux à la fois dans son périmètre et dans ses objectifs de retour à la rentabilité fondé sur un projet similaire (…) à celui appliqué apparemment avec succès à Buffalo Grill », indique le jugement, révélé par l’Agence France-Presse (AFP).

L’actionnaire de Buffalo Grill, le fonds TDR, a, en outre, « su consentir des efforts financiers déterminants dans un passé récent » et a ainsi démontré « qu’il était capable de fournir un effort significatif » pour soutenir l’enseigne, durement affectée, comme tout le secteur, par la crise sanitaire.

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Un soulagement pour les syndicats

Propriété du fonds britannique ICG depuis 2011, Courtepaille avait été placé en redressement judiciaire le 29 juillet par le tribunal de commerce d’Evry-Courcouronnes (Essonne), après une chute d’activité due au Covid-19 et le refus d’un prêt garanti par l’Etat (PGE).

L’enseigne de restaurants familiaux, née en 1961, a vu son chiffre d’affaires, de 190 millions d’euros en 2019, chuter de 40 % depuis le début de l’année.

Du côté syndical, l’heure était au soulagement. « La CGT est complètement satisfaite de ce jugement. Il y aura moins de licenciements. Buffalo était notre candidat préféré. Pour nous, le critère premier a toujours été l’emploi » a ainsi déclaré à l’AFP Pascal Zoublir, délégué CGT de l’entreprise.

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Le Monde avec AFP

« Délocalisation » : la première fois que « Le Monde » l’a écrit

Des salariés de Bridgestone devant le site de Bethune, le 17 septembre 2020, au lendemain de l’annonce de la fermeture de l’usine.

Nul syndicaliste en colère ni ouvrier désemparé ou élu local impuissant. Loin du choc provoqué par la fermeture annoncée de l’usine Bridgestone de Béthune, les premières occurrences du terme « délocalisation » dans Le Monde ne s’accompagnent d’aucune condamnation. Au contraire, elles semblent même parée de vertus. Question de contexte. Nous sommes le 8 décembre 1959, les « trente glorieuses » n’en sont qu’à leurs débuts et il n’est question ni de plan social, ni de transfert de production à l’étranger.

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C’est une tout autre problématique qui agite alors la France : l’asymétrie entre Paris et le « désert français ». Pour rétablir l’équilibre, suggèrent certains, pourquoi ne pas faire migrer une partie des forces de production vers la province ? L’idée paraît séduisante, à défaut d’être aisée à mettre en œuvre. « Techniquement les délocalisations sont (…) très difficiles », constate Maurice Le Lannou, qui cite les travaux de géographes selon lesquels la région parisienne présente « un agrégat d’activités industrielles, toutes reliées aux autres activités parisiennes et solidaires ».

Le textile retourne sa veste

Lorsqu’il est employé le 2 mai 1973, délocaliser signifie bien, cette fois, implanter des usines dans des pays où la main-d’œuvre est bon marché. Mais, là non plus, nulle connotation négative. L’économiste Charles-Albert Michalet invite les entreprises françaises à devenir des multinationales. Il constate « le manque d’intérêt des entrepreneurs français pour l’investissement dans les pays en voie de développement, si ce n’est dans le secteur traditionnel de la production des matières premières ». « Le bas niveau des coûts salariaux ne retient l’attention que d’une minorité d’entre eux », semble-t-il regretter. Pourtant, l’évolution de l’économie mondiale ne laisse, selon lui, pas d’autre option : l’industrie française « doit suivre la voie américaine et passer par le développement de la production dans le tiers-monde ».

Le concept mettra du temps à convaincre. D’abord parce que l’aventure paraît risquée. Même l’industrie textile traîne des pieds, soucieuse de préserver ses emplois. « La mode est aujourd’hui à la délocalisation. Étonnant revirement du secteur de l’habillement, qui jusque-là se montrait plutôt réticent devant la sous-traitance à l’étranger, rappelle Dominik Barouch, le 29 août 1986. Même évolution de la part des pouvoirs publics qui multiplient aujourd’hui les mesures pour faciliter la tâche aux industriels. Hier on accusait le travail à l’étranger de supprimer des emplois à l’intérieur de l’Hexagone. Aujourd’hui on se demande si la France n’a pas plus perdu que gagné à avoir voulu à tout prix employer ses nationaux. »

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L’équipementier aéronautique Latécoère veut supprimer 475 postes en France

Un site de production de Latécoère, à Gimont, près de Toulouse.

Pour s’adapter à la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19 et son impact sur le secteur de l’aéronautique, l’équipementier Latécoère a annoncé vendredi 25 septembre qu’il comptait supprimer 475 postes en France, soit près d’un tiers de ses effectifs français.

Le projet de plan de sauvegarde de l’emploi « conduirait à la suppression de 475 postes sur les 1 504 que compte le groupe en France au 31 juillet 2020 afin d’adapter ses effectifs au volume d’activité et aux prévisions de lente reprise du trafic aérien », annonce dans un communiqué Latécoère, dont le chiffre d’affaires s’est effondré de 38 % au premier semestre.

« Ce projet doit permettre d’assurer l’avenir de Latécoère dans un contexte de crise profonde. Il s’agit notamment d’adapter l’outil de production pour répondre aux enjeux stratégiques du groupe et assurer le maintien de son empreinte industrielle en France sur le long terme », justifie l’entreprise.

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Le Monde avec AFP

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Le regard porté sur les chômeurs s’est durci depuis le début de la crise due au coronavirus

Depuis le début de la crise sanitaire, le regard de la population sur les demandeurs d’emploi s’est durci. C’est l’un des enseignements – plutôt inattendu – d’une étude réalisée par l’institut Elabe et l’Unédic, l’association paritaire qui gère le régime d’assurance-chômage. Publiée jeudi 24 septembre, cette enquête d’opinion, conduite auprès de quelque 4 500 individus entre le 17 juin et le 6 juillet, révèle une progression du « soupçon » à l’égard des chômeurs. Un sentiment qui demeure, toutefois, minoritaire.

Pour aboutir à un tel constat, les résultats de ce « baromètre » ont été comparés à ceux d’un premier sondage, mené à la fin de février et au début de mars avec la même batterie de questions. En quatre mois, les avis ont eu tendance à se radicaliser. Ainsi, 38 % des personnes interrogées considèrent que les inscrits à Pôle emploi sont des « assistés », soit cinq points de plus par rapport aux réponses recueillies peu avant le confinement.

La thèse selon laquelle les allocations seraient trop élevées est désormais approuvée par 36 % des sondés – un ratio en augmentation de quatre points. Et ils sont 35 % à penser que « la plupart des chômeurs fraude pour toucher une [prestation] », contre 31 % lors de la précédente enquête d’opinion.

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Enfin, une nette majorité (56 %) estime que les individus sans emploi « ont des difficultés à trouver du travail car ils ne font pas assez de concessions lors de leurs recherches d’emploi » – un pourcentage qui est resté quasi inchangé sur la période. L’idée d’une bienveillance accrue vis-à-vis des chômeurs, du fait de la dureté de la crise, n’est donc nullement corroborée, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer.

Connaissance « erronée » du régime d’indemnisation

Les critiques contre ceux qui n’ont plus d’activité reposent sur une connaissance « erronée » ou « partielle » du régime d’indemnisation, d’après l’étude diffusée jeudi. Un exemple : « A peine plus d’un tiers » des personnes questionnées évaluent « correctement » le montant moyen mensuel des allocations chômage, alors que 29 % le sous-estiment et 36 % le surestiment.

Les auteurs de l’enquête insistent cependant sur le fait que les représentations sur les demandeurs d’emploi restent globalement stables. « La perception d’un chômeur “victime” d’une situation subie » continue de prévaloir chez une majorité des sondés.

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Sans surprise, la récession en cours amplifie les craintes pour l’emploi. Pour 73 % des individus interrogés, le marché du travail se dégrade, soit 27 points en plus en l’espace de quatre mois. La quasi-totalité de la population (93 %) pense que le chômage peut frapper tout le monde – mais ce sentiment-là se situait déjà à un tel niveau, avant le confinement.

Covid-19 : « Les profs 4.0 parviennent à faire des outils numériques des leviers pour leurs projets pédagogiques »

Tribune. L’école hors de ses murs a mis les enseignants à rude épreuve. Du jour au lendemain, leurs repères ont été bouleversés : la famille est devenue le barycentre de l’école, les parents se sont fait chefs d’orchestre d’une partition qu’ils n’étaient pas toujours aptes à déchiffrer, les enfants se sont transformés en élèves à la maison de ces professeurs malgré eux.

Dépossédés de la maîtrise d’ouvrage, les enseignants ont tenté, tant bien que mal, de faire exister une nouvelle manière de faire classe. La technologie numérique est apparue comme la solution privilégiée pour rétablir la continuité perdue, mais elle n’a pu pallier à elle seule nombre d’insuffisances antérieures exacerbées par cette crise.

Formation embryonnaire

Parfois dénoncés comme décrocheurs, les enseignants ont surtout vécu des situations chroniques de « décrochage numérique », sans maîtrise suffisante des outils et des techniques d’enseignement à distance. Aux soucis de connexion à Internet, de « e-chahut » durant les tentatives de classe virtuelle, se sont ajoutées des questions de recomposition des unités du processus d’apprentissage, des leçons aux exercices scolaires.

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Nombre d’enseignants ont aussi très mal vécu ce face-à-face inédit avec les parents d’élèves, qui furent en direct les témoins critiques de modalités d’enseignement qu’ils avaient dû bricoler en urgence. Il a pu être humiliant pour ces habitués du cours dialogué de se montrer en position si défavorable, très loin de leurs standards d’efficacité. Car les compétences pour enseigner en classe – en chair et en os – ne sont pas celles requises pour enseigner à distance. Et la formation des enseignants, dans ce second registre, est restée jusqu’ici embryonnaire.

Néanmoins, une partie du corps enseignant a fait preuve d’une grande expertise, lors de la période de confinement, pour maintenir de la continuité pédagogique entre les différents lieux et moments de l’apprentissage scolaire, malgré de très fortes contraintes.

Exception

Certains ont su aussi, durant la période transitoire de déconfinement, proposer des modalités hybrides articulant l’activité du nombre réduit d’élèves masqués à l’école avec l’activité des autres élèves restés à distance. Force est de constater que ces profs 4.0 parviennent à faire des outils numériques des leviers au profit de leurs projets pédagogiques.

Les enseignants numériquement agiles risquent de se marginaliser dans des espaces désinstitutionnalisés, quand les enseignants plus ordinaires risquent de devenir, dans le même temps, des décrocheurs du numérique

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La verrerie Duralex placée en redressement judiciaire

la verrerie Duralex, en novembre 2012, à La Chapelle-Saint-Mesmin.

La verrerie Duralex, célèbre pour sa vaisselle en verre trempé vendue dans le monde entier, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Orléans, a-t-on appris jeudi 24 septembre, auprès de la direction. La décision a été entérinée mercredi par les juges du tribunal de commerce et assortie d’une période d’observation de six mois.

« Les dettes de la société au jour de l’ouverture de la procédure sont gelées. (…) A l’issue du recensement de l’ensemble des créances par les mandataires judiciaires, l’entreprise sera en mesure de proposer un plan de redressement par continuation », a précisé la direction dans un courrier adressé au personnel. Quant aux 248 salariés, ils ne sont pas concernés dans l’immédiat, a assuré le président Antoine Ioannidès. « Ils continuent de travailler et d’être payés », a-t-il insisté.

Arrêt des exportations

L’entreprise, basée à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), souffre de gros problèmes de trésorerie, après avoir fortement réduit sa production durant plus d’un an à la suite d’un incident lié au remplacement de son four en 2017.

A cette situation dégradée se sont ajoutés les aléas de la crise sanitaire, selon M. Ioannidès. « Nous avons perdu environ 60 % de notre chiffre d’affaires du fait de l’arrêt des exportations, qui représentent 80 % de notre activité », a regretté le PDG.

Le patron assure que plusieurs repreneurs potentiels se sont déjà manifestés. « Avec le concours (…) du tribunal de commerce d’Orléans, nous allons poursuivre les négociations avec les différents repreneurs », a-t-il expliqué.

En 2008, l’entreprise, alors aux mains d’un homme d’affaires turc, avait été acculée à la liquidation judiciaire, avant d’être reprise à la barre du tribunal de commerce par l’équipe dirigeante actuelle.

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Le Monde avec AFP

Le chausseur français Royer contraint à un vaste plan social

Dans un magasin de chaussures à Paris, le 20 juillet 2020.

Coup dur pour Royer. La PME familiale française a perdu le contrat de distribution de la marque américaine de sport New Balance. Le contrat qui liait les deux sociétés depuis 2010 arrivera à échéance au 31 décembre 2020.

La marque américaine, numéro quatre du marché mondial des articles de sport, à la tête de 4 milliards de dollars de chiffre d’affaires, avait confié à Royer la vente de ses collections de chaussures dans l’Hexagone voilà dix ans. Depuis, New Balance connaissait un succès fulgurant en parvenant à imposer ses modèles, dont la 574, aux pieds des petits et grands. La marque américaine a décidé de reprendre en direct la vente de ses collections, sans passer par l’intermédiaire d’un distributeur, explique la société française.

200 salariés français concernés

La perte de ce contrat oblige le groupe Royer à « mener une restructuration de ses activités », explique une porte-parole, confirmant des informations parues dans Ouest-France, le 17 septembre. Car l’entreprise, dont le chiffre d’affaires a atteint 300 millions d’euros l’an dernier, devrait tomber dans le rouge en 2020.

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Jacques Royer, son PDG, a dévoilé son plan de restructuration au personnel au début du mois. Près de 200 des 500 salariés français pourraient être concernées. Le plan de sauvegarde de l’emploi concernera les cinq sites que ce spécialiste du négoce exploite dans l’Hexagone.

En centre-ville, les chausseurs ont accusé une perte d’activité de l’ordre de 30 % au cours des huit premiers mois de l’année

La fin du contrat avec la marque américaine New Balance n’est pas la seule raison des revers financiers de la société bretonne, précise une porte-parole de Royer. Depuis le début de la pandémie due au coronavirus, le groupe qui distribue une trentaine d’autres marques, dont Kickers, Umbro et Charles Jourdan, a été confronté aux difficultés financières de ses clients, les magasins de chaussures.

Ces derniers ont été contraints de fermer leurs points de vente lors du confinement en France entre mi-mars et mi-mai. Et, depuis, concurrencés par l’envolée de la vente en ligne, ils n’ont pas retrouvé les clients perdus. Le marché français est en chute libre depuis janvier. En centre-ville, les chausseurs ont accusé une perte d’activité de l’ordre de 30 % au cours des huit premiers mois de l’année selon la Fédération des entreprises de la chaussure. Dès lors, ils ne sont pas en mesure de passer commandes auprès du groupe breton.

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L’entreprise, acteur déterminant du congé paternité

«  L’élargissement du congé paternité cherche aussi à faire rentrer encore plus dans les moeurs une pratique qui ne touche pas tous les salariés : 67% des pères ont recours au congé paternité, un chiffre qui n’a que très peu évolué depuis 2002. »

« Quand j’ai eu ma première fille en 2013, moins de douze heures après la naissance, je recevais un appel de mon boss que je devais absolument prendre. Une semaine après, j’étais de retour au bureau à faire du 9 heures-20 heures. Les mentalités étaient comme ça, et finalement je l’ai assez mal vécu. » Père de deux filles, Martial Valéry aurait voulu leur consacrer plus de temps à leur naissance.

Désormais dirigeant du studio de jeux vidéo mobiles Oh BiBi, il lui a paru normal de décider, début 2020, de proposer à ses salariés un congé paternité digne de ce nom : deux mois pleins, aux frais de l’entreprise. L’objectif : « Donner du temps à nos collaborateurs pour profiter de ces moments et libérer un peu leurs conjoints. Pour un employeur qui s’inscrit dans le temps long, c’est important de s’assurer de leur équilibre personnel ». Et quatorze jours de congé paternité sont largement insuffisants pour atteindre ce but, selon Martial Valéry.

Le gouvernement semble avoir entendu ses revendications : le congé paternité va être doublé, passant de 14 à 28 jours dont sept obligatoires, a annoncé mercredi 23 septembre Emmanuel Macron. Réclamée de longue date par les syndicats, les militantes féministes et de nombreux pères, cette décision s’inscrit dans le cadre d’une réforme de la politique de la petite enfance. La réforme, qui entrera en application en juillet 2021, coûtera en année pleine plus de 500 millions d’euros supplémentaires à la Sécurité sociale.

Le congé paternité ou second parent, mis en place en 2002, prend la forme d’un congé de onze jours consécutifs accordé au père ou second parent, auquel s’ajoutent pour les salariés trois jours d’absence autorisés par l’entreprise. Si ces trois jours resteront inchangés, le congé financé par la Sécurité sociale sera désormais de 25 jours.

« Le moins de risques possible »

En premier lieu, cette réforme vise à lutter contre les inégalités femmes-hommes : « Lorsque l’enfant arrive au monde, il n’y a aucune raison que ce soit juste la maman qui s’en occupe », justifie le président de la République. Mais l’élargissement du congé paternité cherche aussi à faire rentrer encore plus dans les mœurs une pratique qui ne touche pas tous les salariés : 67 % des pères ont recours au congé paternité, un chiffre qui n’a que très peu évolué depuis 2002.

Selon la nature du contrat et les choix de son entreprise, il est plus ou moins difficile d’accéder à un congé long, et il est rare d’aller au-delà des quatorze jours inscrits dans la loi. 80 % des salariés en CDI y ont recours, mais seuls 48 % de ceux en CDD, selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales. « Si on est en CDD et que notre confort économique dépend du renouvellement de ce contrat, on va prendre le moins de risques possible », observe Patrice Bonfy, cofondateur du média numérique Le Paternel.

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