Camaïeu, Go Sport, André, Kookaï… Pourquoi le secteur de l’habillement traverse une crise profonde

Camaïeu, Go Sport, André, Kookaï… Pourquoi le secteur de l’habillement traverse une crise profonde

A Strasbourg, le 24 janvier 2017.

C’est l’heure de vérité. Trois ans après la fermeture provisoire, en mars 2020, des magasins d’habillement pour lutter contre l’émergence de la pandémie de Covid-19, nombre d’enseignes de mode risquent de définitivement tirer le rideau. C&A ouvre le bal des mauvaises nouvelles de 2023. L’enseigne d’habillement a fermé les portes de deux de ses trois magasins parisiens, boulevard Haussmann et rue de Rivoli, mardi 7 février.

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Faute de repreneurs à la barre du tribunal, San Marina, placé en redressement depuis septembre 2022, est menacé de liquidation judiciaire, lors d’un jugement attendu le 10 février. L’enseigne exploite 163 magasins et emploie 680 personnes. Les salariés de Go Sport (2 160 employés), Kookaï (320 personnes), Burton (600) et André (280) sont, eux aussi, dans l’expectative. Leur employeur a été placé en redressement judiciaire ou, pour Burton, en procédure de sauvegarde.

La crise du secteur n’est pas nouvelle. Elle a débuté en 2015, estime Gildas Minvielle, directeur de l’observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM). L’année est « alors un point de bascule », se rappelle cet expert. Les chaînes d’habillement qui, sous le diktat de fonds d’investissement ou de la Bourse, chez Brice, Etam, La Halle ou Camaïeu, ont participé à construire la France des 800 centres commerciaux, mettent fin à leur course au mètre carré et cessent d’ouvrir à tout-va des magasins.

Et c’est précisément à cette date que de nouveaux acteurs entrent dans une phase accélérée d’expansion, comme Primark, avec ses magasins de 5 000 m², les déstockeurs type Action ou Zeeman et, bien entendu, les sites de vente en ligne, dont l’américain Amazon et l’allemand Zalando.

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Depuis, les chaînes d’entrée de gamme, qui avaient auparavant pris la place des détaillants indépendants, souffrent de cette sourde concurrence. La fréquentation des galeries marchandes et des rues commerçantes s’effondre. En dépit des dénégations des foncières qui exploitent les centres commerciaux dans l’Hexagone, dont Unibail-Rodamco-Westfield ou Klépierre, « la baisse est tendancielle depuis dix ans », estime Procos, association de commerçants, en chiffrant à 30 % la chute de leur fréquentation depuis 2016.

Des fermetures appelées à « se poursuivre »

Car les Français ne font plus autant de lèche-vitrines. Les plus jeunes clientes boudent les boutiques Pimkie, Kookaï, Naf-Naf et autres Camaïeu qui ont habillé leurs mères. Et elles se convertissent en masse à la vente en ligne, notamment sur les sites étrangers, ou se ruent sur la seconde main. Le marché de la chaussure est aussi laminé par l’avènement des Foot Locker, Courir et autres sites de vente de sneakers.

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