Bridgestone : décision « révoltante », « coup de massue »… les réactions à la fermeture de l’usine de Béthune se multiplient

Bridgestone : décision « révoltante », « coup de massue »… les réactions à la fermeture de l’usine de Béthune se multiplient

Au lendemain de la décision du groupe japonais de pneumatiques Bridgestone de fermer son usine de Béthune (Pas-de-Calais), le ministre de l’économie français, Bruno Le Maire, a assuré jeudi 17 septembre que le gouvernement allait se « battre » pour trouver une solution. La décision de Bridgestone « est une décision révoltante, avec une méthode révoltante et des conséquences révoltantes », a fustigé le ministre sur Cnews.

Le groupe japonais a annoncé mercredi la fermeture à l’horizon 2021 de son usine de Béthune employant 863 personnes dans la fabrication de pneumatiques pour voitures. Il a justifié sa décision par « des problèmes de marché structurels », une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coûts.

« Nous allons nous battre » a assuré Bruno Le Maire, dans un premier temps pour tenter de « développer une autre activité avec des pneus plus larges que ceux qui sont produits actuellement sur le site de Béthune ». « Et si jamais nous n’arrivons pas à cette solution là, (pour) trouver des solutions de réindustrialisation du site pour qu’il y ait, pour chaque ouvrier de Bridgestone, une solution qui soit une solution cohérente et acceptable pour eux », a-t-il ajouté.

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« Un assassinat prémédité »

Dès mercredi, les réactions à la décision du groupe japonais se sont multipliées. Le gouvernement et Xavier Bertrand ont dénoncé de concert « la brutalité » de l’annonce. Dans un communiqué commun, ils en avait contesté « la pertinence et les fondements ». Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a dénoncé « une trahison de la confiance » placée dans Bridgestone, qui doit « assumer ses responsabilités plutôt que de chercher des prétextes ».

A l’issue d’une réunion sur le site avec les représentants du personnel et d’autres élus locaux, Xavier Bertrand a, lui, fustigé un « assassinat prémédité » mais également souligné une « possibilité de changer la donne » : « on doit tout faire pour forcer, je dis bien forcer, Bridgestone, à envisager un autre plan industriel », a-t-il insisté. Si le groupe est prêt à « discuter d’un projet d’investissement sur ce site », l’Etat et les collectivités mettront alors de l’argent sur la table, a-t-il assuré. Une réunion devrait, « dans les jours qui viennent », confronter gouvernement, direction de Bridgestone, représentants du personnel et élus.

« Chaque jour, des annonces sociales terribles, dans une quasi-indifférence. Le Covid-19 ne doit être ni un paravent, ni un prétexte à la crise économique », a dénoncé la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, députée du Pas-de-Calais. « L’Etat doit prendre la main et entrer au capital », a réclamé le numéro un du Parti communiste français Fabien Roussel, natif de Béthune, attendu jeudi sur place.

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« Coup de massue »

Force ouvrière (FO )a dénoncé le « coup de massue pour les 863 salariés, ainsi que pour les centaines d’emplois indirects » de l’usine de pneumatiques à Béthune. La fermeture de cette usine, « dans un bassin d’emploi déjà fortement impacté par de nombreuses fermetures d’entreprises », est « le résultat du manque d’investissement » du groupe japonais « depuis quelques années », estime dans un communiqué mercredi la fédération FO de la chimie.

Indiquant que Bridgestone prévoit « l’ouverture dans les années à venir de deux nouveaux sites, un en Estonie en 2024 et un en Biélorussie en 2026 », le syndicat proteste contre des implantations « dans des pays où la main d’œuvre est bien moins chère qu’en France » afin d’« accroître les dividendes reversés aux actionnaires ». La direction de Bridgestone « dément l’ouverture prochaine de deux sites en Estonie et Biélorussie », a déclaré un porte-parole du groupe.

L’annonce du groupe japonais intervient un an après la décision du concurrent français Michelin de fermer son usine de La Roche-sur-Yon (619 emplois).

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Le Monde avec AFP

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